Des composants militaires à destination d’Israël ont bien transité par l’aéroport de Liège début octobre. La cargaison est toujours bloquée. Une information judiciaire a été ouverte.
C’était donc bien du matériel militaire à destination d’Israël. Le 7 octobre dernier, le site Heidi.news révélait que la société suisse Swissto12 tentait d’acheminer, via Liège, des «caisses contenant des antennes et du matériel radiofréquence» auprès d’Elbit Systems, le «premier fournisseur de drones de l’armée israélienne». La cargaison devait repartir le 13 octobre mais, sur base de cette information, le gouvernement wallon avait demandé aux douanes de bloquer la cargaison, le temps d’éclaircir l’affaire puisque les caisses ne comportaient aucun marquage spécifique.
Matériel militaire
Selon nos informations, il apparaît qu’un «faisceau d’indices» mentionné dans un rapport de l’administration douanière rendu fin octobre tend à démontrer que du matériel «serait bien à caractériser comme militaire»: ce dernier aurait dû «faire l’objet d’une licence d’export depuis la Suisse, et donc d’une demande de licence de transit en Wallonie», ce qui n’était manifestement pas le cas. Une information judiciaire a été ouverte.
Lors du contrôle de la cargaison, d’autres caisses en transit pour Israël ont également été inspectées, mais celles-ci n’étaient pas problématiques, nous est-il revenu.
Enquêtes judiciaires
Alors que les stigmates des bombardements israéliens sur Gaza sont encore bien visibles, ce nouveau transit militaire présumément illégal met le gouvernement wallon dans l’embarras, d’autant qu’une précédente affaire similaire avait impliqué, cet été, le transporteur américain Fedex: ce dernier était accusé d’être passé par Liège pour transborder des pièces de F-35 vers Tel-Aviv, là aussi sans licence de transit.
«La Wallonie n’accorde aucune licence d’exportation d’armes qui renforcerait la capacité militaire des forces en présence et fait preuve de la plus haute vigilance dans l’octroi de licences ayant pour destination Israël et les territoires occupés.»
«La Wallonie n’accorde aucune licence d’exportation d’armes qui renforcerait la capacité militaire des forces en présence et fait preuve de la plus haute vigilance dans l’octroi de licences ayant pour destination Israël et les territoires occupés», avait plaidé le ministre-président Adrien Dolimont (MR), demandant à ce que la Région se déclare personne lésée. Depuis lors, ce dossier, qui avait démarré par une plainte déposée à Liège par l’association flamande Vredesactie, est passé à l’instruction et la Région wallonne est désormais partie civile, nous revient-il également.
Suivi «particulier»
Dans le dossier concernant Swissto12, il n’est pas exclu que la Région wallonne se porte de nouveau partie civile, si d’ordinaire l’information judiciaire devait passer au stade de l’instruction. En attendant, l’administration douanière a été sommée de bloquer la marchandise incriminée, tout en «s’assurant que les mouvements de ce type vers Israël fassent l’objet d’un suivi particulier».
Ce «suivi particulier» est évidemment une tâche ardue, alors que l’arrêté ministériel adopté l’an dernier pour interdire tout transit d’armes à destination d’Israël par les aéroports de Liège et Charleroi a été annulé par le Conseil d’Etat. Depuis, le gouvernement wallon est invité par diverses associations, dont Amnesty International, à légiférer sans tarder, afin d’éviter que la Wallonie «serve de plaque tournante aux transferts d’armes risquant de servir à commettre des violations des droits humains et du droit international humanitaire».