Une veillée silencieuse était organisée mardi soir à Ganshoren pour rendre hommage à Fabian, un enfant de 11 ans tué lors d’une course-poursuite avec la police. Le parquet a donné plus d’informations sur les circonstances du drame.
Une question est revenue sans cesse lors de la veillée silencieuse organisée mardi par l’association Heroes for Zero au parc Élisabeth à Ganshoren: « Que faisait une voiture de police roulant à vive allure dans le parc ? » Cette interrogation, partagée par plusieurs centaines de personnes présentes, fait écho à la colère et à l’incompréhension après la mort de Fabian, 11 ans, lors d’une course-poursuite avec la police de la zone Bruxelles-Ouest.
L’enfant circulait en trottinette lorsqu’il a été percuté par un véhicule de police dans ce même parc. Les faits ont profondément ému la communauté locale, qui a répondu en nombre à l’appel du collectif Heroes For Zero. Dès 17h30, les habitants, parents et amis sont arrivés en silence, à pied, à vélo, ou en famille. Ils se sont réunis, à l’heure prévue, pour observer une minute de silence. Certains ont déposé des fleurs, des bougies et des peluches.
Le silence était lourd, marqué par une émotion palpable. « Cela aurait pu être ma fille, elle vient ici tous les jours », témoigne Virginie, l’une des participantes. Laurent, quant à lui, rappelle que ce parc est un lieu fréquenté quotidiennement par les habitants du quartier.
La famille de Fabian, qui allait avoir 12 ans dans quelques jours, est arrivée à la veillée vers 18h00. Les larmes ont coulé dans l’assemblée, marquant un moment de solidarité. « Un enfant ne devrait pas mourir en plein jour, tué par la police qui utilise sa voiture comme une arme », a commenté une voisine.
Simon Steverlinck, de Heroes for Zero, a pris la parole lors de la veillée pour souligner la frustration du collectif face à cet incident. « Il s’agit de la quatrième collision mortelle provoquée par des policiers en cinq ans », a-t-il déploré. « Il y a eu plusieurs blessés au cours de ces années, et il n’est pas normal qu’il y ait autant de victimes. La vitesse excessive des véhicules de police dans des zones comme ce parc met en danger la vie des citoyens. »
Il a aussi posé une question poignante : « Peut-on mourir pour ce qui aurait dû être une amende de 58 euros pour avoir roulé en trottinette avant 16 ans ? »
Le collège de police de la zone Bruxelles-Ouest a exprimé sa tristesse et solidarité envers la famille du jeune garçon, par voie de communiqué. Il a également appelé au respect du travail des enquêteurs et à la sérénité pendant l’enquête. « Les rumeurs ne rendront pas justice à la mémoire de l’enfant », a-t-il ajouté, invitant chacun à respecter le deuil de la famille. Pour toute question, les cinq bourgmestres du collège de police ont renvoyé vers le parquet de Bruxelles.
Ce que l’on sait
Lundi soir, Fabian, circulant sur une trottinette, a été percuté par un véhicule de police à Ganshoren. L’enfant aurait pris la fuite lorsque la police a voulu le contrôler, a indiqué mardi matin le parquet de Bruxelles, se référant aux premiers éléments de l’enquête.
L’accident s’est produit vers 17h50 dans le parc Élisabeth. Un véhicule de la zone de police Bruxelles Ouest (Jette/Ganshoren/Koekelberg/Molenbeek-Saint-Jean/Berchem-Sainte-Agathe) était engagé dans une poursuite entamée à Koekelberg et a percuté le garçon né en 2013 circulant sur une trottinette électrique.
Les services de secours ont tenté de réanimer la victime sur place et l’ont transportée à l’hôpital, où elle a succombé à ses blessures.
« Il semble, des premiers éléments de l’enquête et de la descente effectuée par le parquet, que le jeune circulait sur une trottinette et que le véhicule de police a souhaité procéder à son contrôle« , a déclaré la magistrate de presse, Sarah Gillet, citée dans un communiqué. « Le jeune a pris la fuite et une course-poursuite a été entamée », poursuit-elle.
Dans la foulée de l’accident, un expert automobile a été désigné afin de faire la lumière sur les circonstances exactes des faits. Un médecin légiste interviendra également pour déterminer les causes précises du décès.
Par ailleurs, le Comité P., chargé de superviser les forces de police, a été mandaté par le parquet « afin de garantir une enquête tout à fait indépendante et impartiale« .
Les auditions des personnes impliquées sont en cours. Le service d’accueil des victimes a par ailleurs été sollicité. « Le procureur du Roi recevra personnellement la famille du jeune, en collaboration avec la maison de justice », est-il encore indiqué dans le communiqué du parquet.
Réactions en cascade
Sur les réseaux sociaux, les réactions politiques se multiplient après l’annonce du drame.
Le Délégué général aux droits de l’enfant, Solayman Laqdim, a exprimé sa profonde tristesse, soulignant la gravité des faits et appelant à une réflexion sur la proportionnalité des interventions policières impliquant des mineurs. « Les policiers ont une responsabilité immense, et une vigilance accrue est nécessaire lorsqu’ils sont confrontés à des enfants. Nous attendons que toute la lumière soit faite« , a-t-il déclaré.
Le député fédéral Ridouane Chahid (PS) a, lui aussi, questionné les méthodes policières face aux mineurs, demandant au ministre de l’Intérieur quelles règles et quelles leçons seront tirées de ce drame. « La lumière doit être faite », a-t-il insisté.
Bernard Quintin (MR), ministre de l’Intérieur, a exprimé son choc, affirmant : « Mes pensées vont à la famille et aux proches. »
De son côté, la députée bruxelloise Aline Godfrin (MR) a mis en lumière la nécessité d’une enquête approfondie par le Comité P et a soulevé une question : « Pas un jour ne se passe à Bruxelles sans voir des mineurs risquer leur vie sur une trottinette ».
Kalvin Soiresse Njall (Ecolo), député bruxellois, a interrogé : « Qu’est-ce qui peut justifier la poursuite d’un enfant par la police au point de le percuter violemment par l’arrière ? »
Le député fédéral Nabil Boukili (PTB) a ajouté que toutes les réponses doivent être apportées concernant les circonstances de l’accident.
Fouad Ahidar, pour la Team éponyme, a réclamé justice et vérité, affirmant qu’une enquête est indispensable.
Enfin, Mathias Vanden Borre (N-VA), député bruxellois, a exprimé ses condoléances à la famille.
Emile Luhahi, député bruxellois (Groen), a qualifié les faits d’« échec collectif » et a annoncé son intention d’interpeller les autorités compétentes sur la question.