David Leisterh et ses interlocuteurs bruxellois se réuniront ce mercredi soir autour d’une ultime offre qui ne semble pas séduire plus que les précédentes. Après 500 jours sans gouvernement, le générique de fin se rapproche pour celui n’aura qu’effleuré l’accomplissement de son rêve.
Bafo, pour Best And Final Offer. Ce mercredi, vers 13 heures, David Leisterh (MR) a envoyé sa meilleure et dernière offre budgétaire aux négociateurs qui, depuis 500 jours, échouent à accoucher d’un gouvernement à Bruxelles. Ce n’est pas la première fois qu’un ultimatum se pose dans les négociations bruxelloises, mais celui-ci semble un peu plus décisif que les autres. Le libéral l’a dit: s’il échoue à nouveau, il devra en tirer les conséquences. Sous-entendu: dire adieu au poste qu’il poursuivait depuis des années, celui de ministre-président.

Dans l’assemblée convoquée ce mercredi soir, pourtant, l’insatisfaction règne encore et les mésententes persistent. Exemple: cette Bafo introduit une baisse de la dotation aux communes de 90 millions d’euros. Mais le chemin pour parvenir à ces économies n’est pas dûment expliqué. «Quand on ira montrer ces chiffres aux administrations, elles nous diront que c’est n’importe quoi et, en 2029, ce n’est pas un milliard d’économies que nous auront fait, mais 300 ou 400 millions, et ce sera un échec cuisant.»
Un manque de leadership face à des monstres politiques
La réunion de ce mardi était déjà considérée comme un échec, ont avancé plusieurs de ses participants. Elle s’est même terminée dans le fracas, puisque Frédéric De Gucht a fâché tout le monde (même les tempéraments les plus calmes) sur la méthode de remplacement du ministre Sven Gatz. Initialement consacrée à la fiscalité et au logement, seul le premier sujet aura finalement été abordé. Jusqu’ici, David Leisterh avait soumis trois notes sur les négociations à venir. La première sur la mobilité faisait 18 pages, la deuxième sur le logement était longue de trois pages, et la dernière sur la fiscalité qui s’étirait sur deux pages. «Cela ne représente même pas 10% du travail à accomplir», jugent certains. Bref, autour de la table, personne ne donne un taux de réussite supérieur à 50% pour cette semaine pourtant annoncée «décisive» par le formateur en personne.
Comment expliquer qu’en 500 jours, David Leisterh est passé de «je crois que je peux dire que je suis ministre-président, on y est», à la situation actuelle?
Premier élément de réponse: jusqu’au 9 juin, celui qui était président d’un petit CPAS de Bruxelles, a dû gérer des personnalités fortes et encombrantes comme celles de Georges-Louis Bouchez, Ahmed Laaouej ou Frederic De Gucht, dont les agendas et ambitions portaient souvent sur autre chose que Bruxelles. Durant quinze mois, plusieurs intervenants ont pointé le manque de leadership dans le chef du formateur. Ces derniers jours, David Leisterh est apparu exténué par ce rôle qu’il n’apprécie pas réellement. «Regardons comment le fédéral a construit son budget, illustre une source politique. Bart De Wever a enfermé tout le monde avec des lits de camp. Ici, on attend toujours des réunions thématiques avec des experts.» De surcroît, tout le monde accuse tout le monde de ne pas vraiment vouloir faire de concessions sur les économies à réaliser.
Même si ça marche, David Leisterh n’est pas assuré d’être ministre-président
La suite de l’histoire reste à écrire, et ses protagonistes veulent la rédiger endéans les 41 jours afin de ne pas battre le record de la plus longue formation gouvernementale de l’histoire belge. Même dans le cas d’un remplacement ministre par ministre, David Leisterh n’accéderait probablement pas au rôle de ministre-président, étant donné qu’il a besoin pour ce faire d’une double majorité, qui n’existe toujours pas côté néerlandophone.
Ca, c’est le scénario le plus optimiste. En cas d’échec des négociations budgétaires, «tout dépendra de qui prendra la responsabilité de débrancher définitivement la prise». Une responsabilité que personne ne veut endosser tant elle incombe mauvaise réputation à celui qui la porte. D’autres majorités sont possibles, mais elles sont étroites, complexes et fragiles. «Il y a encore moyen de réussir, ce serait dommage de se retirer après 500 jours de travail, pointe la moins pessimiste de toutes les sources entendues ce mercredi. Recommencer tout depuis le début, ce serait perdre encore beaucoup de temps alors que l’on met tout le secteur associatif dans une insécurité incroyable.»