Selon l’économiste Philippe Defeyt, les mesures prises par l’Arizona dans son accord de l’été entraîneront une démultiplication des régimes fiscaux, avertit-il.
Le train de mesures sur lequel s’est accordé le gouvernement fédéral lundi va entraîner une démultiplication des régimes fiscaux, plutôt que de les harmoniser et de les simplifier, « ouvrant ainsi la porte à de l’ingénierie fiscale, individuellement intéressante, mais collectivement stérile, voire contre-productive », estime l’économiste Philippe Defeyt dans un texte d’opinion sur les mesures de l’accord de l’été.
« Pourquoi, dans certaines situations et à revenu égal, un pensionné qui travaille devrait-il être moins taxé que celui qui n’a pas d’autres revenus qu’un salaire? Pourquoi une heure supplémentaire dans n’importe quel emploi devrait-elle être défiscalisée et pas l’heure de nuit d’une infirmière aux urgences? Pourquoi supprimer le crédit d’impôt dont bénéficient les chômeurs et pas celui dont bénéficient les pensionnés? », questionne notamment l’économiste, ancien secrétaire fédéral d’Ecolo et ancien président du CPAS de Namur.
« Le principe démocratique qu’un euro de revenu est un euro et doit être taxé de la même manière vaudra de moins en moins« , juge encore l’économiste. « Entre ceux qui s’organiseront pour prester 1/5 temps en flexijob -pour in fine à revenu égal payer moins d’impôts-, ceux qui continueront de loger tout ou partie de leurs activités en société pour payer moins de cotisations sociales et ceux qui abuseront des droits d’auteur dans le secteur informatique, il n’y a aucune différence de nature: l’équité et les finances publiques en sortent grandes perdantes. »
Philippe Defeyt revient également sur l’une des promesses du gouvernement actuel, à savoir porter l’écart à au moins 500 euros entre les revenus d’un travailleur et d’un inactif. L’économiste rappelle en premier lieu que cet écart existe déjà « dans beaucoup de situations » et se montre circonspect par rapport à certaines mesures convenues dans l’accord estival et qui, selon lui, ne vont pas dans ce sens (comme la possibilité de travailler à moins d’un tiers-temps ou la fin des primes de nuit avant minuit).
Philippe Defeyt reconnaît en revanche qu‘accorder le même crédit d’impôt à chaque enfant « va dans le bon sens » mais regrette que la mesure n’entre pas en vigueur tout de suite.