La future norme OTAN de dépenses affectées à la Défense suscite la controverse au sein de la majorité fédérale. Ce week-end, le MR, Vooruit et le CD&V ont jugé les 5% du PIB annoncés tout à fait irréalistes. Pourtant, jeudi passé à la Chambre, le Premier ministre Bart De Wever s’est montré clair: il n’y a guère plus d’espace de discussion entre Alliés sur la norme elle-même. Seules les modalités et conditions peuvent encore être aménagées.
Peu après son entrée en fonction, devant les bouleversements géopolitiques consécutifs à l’investiture de Donald Trump, le gouvernement Arizona a décidé d’atteindre dès cette année l’objectif déjà ancien de 2% du PIB affectés à la Défense, et non en 2029 comme initialement prévu. Cet effort considérable risque pourtant d’être obsolète à la fin du mois, après le sommet de l’OTAN de La Haye au cours duquel la norme de 5% devrait être établie.
« Cinq pour cent de dépenses militaires, c’est de l’hystérie collective », a lancé le président du MR, Georges-Louis Bouchez, dans les colonnes du Soir. Ces 5% sont « ridicules », selon le président de Vooruit, Conner Rousseau, interrogé dans De Standaard. « Même les États-Unis n’y sont pas ».
« Vous ne devez pas attendre de moi que l’on accepte comme cela une norme OTAN plus élevée. Nous avons décidé de dépenser dès cette année 2% pour la Défense, soit la moitié en plus qu’avant. Dans la situation où nous nous trouvons, c’est impossible de faire plus », a lâché le vice-Premier ministre CD&V, Vincent Van Peteghem, dans Het Nieuwsblad.
La Belgique plaide la modération
Les derniers échos des réunions de l’OTAN n’incitent toutefois pas à l’optimisme. Le 15 mai, à Antalya, le ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot (Les Engagés), a bien dû constater que la Belgique était l’un des rares pays à plaider la modération au sein de l’Alliance.
« De quoi pouvons-nous encore discuter? Sur la norme même, je doute vraiment. Sur les modalités, j’espère que c’est encore possible », a averti pour sa part M. De Wever jeudi. Selon lui, ce n’est pas tant la pression américaine qu’il faut blâmer que le décalage grandissant entre pays européens: les pays scandinaves, les pays baltes, la Pologne ou l’Allemagne approchent déjà de 3,5% du PIB ou sont résolus à les atteindre, alors que d’autres comme la Belgique, l’Espagne ou l’Italie sont à la traîne.
Addition de deux normes
Les 5% sont en fait l’addition de deux normes. L’une, de 3,5%, vise les dépenses strictement militaires, l’autre, d’1,5%, vise d’autres dépenses, par exemple l’aménagement d’infrastructures routières, ferroviaires ou portuaires, la cybersécurité, l’un des domaines sur lequel le MR insiste particulièrement depuis plusieurs semaines, etc.
C’est donc surtout l’objectif de 3,5% qui sera scruté. Selon quelles modalités? Il est question de l’échéance de 2032 ou de 2035. Certains pays plaident pour une clause de rendez-vous à mi-parcours, qui permettrait de tenir compte d’un éventuel changement géopolitique. La question se pose aussi de savoir si le soutien militaire à l’Ukraine sera toujours considéré comme une dépense militaire au sens strict. Un point important pour la Belgique qui a décidé d’y consacrer au moins un milliard par an grâce aux impôts perçus chez Euroclear, l’institution où sont gelés les avoirs russes.
La prudence est de mise
En attendant, le Premier ministre se montre prudent. Le gouvernement examinera ce qui sera faisable après le sommet de l’OTAN. « Nous nous réunirons pour voir comment nous pouvons apporter une réponse aux engagements demandés. Cette réponse devra tenir compte de deux questions difficiles à concilier : d’une part, notre crédibilité au sein de l’OTAN en tant que partenaire, que nous venons de regagner, et d’autre part, la crédibilité de notre trajectoire budgétaire », a expliqué M. De Wever.
De source gouvernementale, l’on indiquait il y a quelques jours qu’un effort au-delà de 2% serait surtout la tâche de la prochaine législature.