La situation est «tendue» au 16, rue de la Loi. Voire bloquée, diront certains. Bart De Wever appelle les partis autour de la table à prendre leurs responsabilités, sans quoi l’Arizona devra «en tirer les conséquences».
Le kern s’est achevé mercredi sur le coup de 18h sans l’accord sur le budget qu’espérait tant Bart De Wever. Selon lui, il n’y a «pas mille façons» de procéder à un assainissement qu’il chiffre à dix milliards d’euros d’ici 2030. «Si l’on regarde les années 1980 et 1990, ce sont en fait toujours les mêmes grands remèdes qui ont émergé pour améliorer rapidement le solde», a-t-il déclaré. «Si les partis refusent manifestement d’utiliser ces grands remèdes, nous n’y arriverons pas.»
Bart De Wever n’a pas dévoilé ce qui, selon lui, devrait figurer dans la boîte à outils. «J’ai demandé [aux partis]: « Si nous écartons ces grandes mesures, avez-vous des alternatives pour y parvenir? » Il s’avère que ce n’est absolument pas le cas.»
Le Premier ministre espère qu’un budget «qui tient la route» sera voté au parlement avant la fin de l’année. Cela signifie donc qu’il ne reste plus beaucoup de temps à l’Arizona pour se mettre d’accord. «S’il reste impossible de concilier les positions, nous devrons tôt ou tard en tirer les conséquences», a-t-il commenté. «Si notre dette et notre déficit continuent d’augmenter, notre taux d’intérêt va tellement grimper que, d’ici un ou deux ans, nous devrons demander à notre population d’accepter des mesures encore plus douloureuses, simplement pour pouvoir rembourser les banques. Ce serait totalement irrationnel et irresponsable de ne pas résoudre ce problème maintenant.»
La semaine dernière, Bart De Wever était allé plus loin, avertissant ses homologues autour de la table: «Si nous ne pouvons pas prendre de décisions difficiles, nous ne sommes pas à même de gouverner.»
Un échec qui rime avec la chute de l’Arizona?
Au lendemain de ce nouvel échec de l’Arizona, le ministre des Affaires étrangères Maxime Prévot (Les Engagés) a, lui aussi, fait le point sur la situation qu’il qualifie de «tendue». Bien qu’il croit encore en une issue positive, un échec total, avec la chute du gouvernement, «n’est jamais à exclure», selon lui. «Notre devoir est de veiller à trouver une solution».
«L’essentiel de l’économie à réaliser tient au fait que l’on a vécu pendant des décennies au-dessus de nos moyens.»
L’une des principales préoccupations du Vice-premier est la charge de la dette. Pour «préserver notre Etat-providence», il est essentiel de «prendre des mesures d’assainissement», appuie-t-il. Présenter cela comme des économies «parce qu’on doit payer des F-35» est un raccourci «grotesque», met-il en garde. «L’essentiel de l’économie à réaliser tient au fait que l’on a vécu pendant des décennies au-dessus de nos moyens».
Maxime Prévot égratigne au passage le MR, sans le nommer: «On ne peut pas, d’un côté, aller sur des plateaux télé dire qu’il faut faire 20 milliards d’efforts, puis, autour de la table, décider de ne finalement pas accepter les mesures nécessaires pour y arriver». «Quelles que soient les mesures» finalement décidées, elles «risquent de ne pas être populaires». «Personne» n’a d’ailleurs «envie d’avoir une augmentation de la TVA ou de devoir toucher à l’index», des pistes qui étaient sur la table, mais qui coincent désormais chez les libéraux.
De nouvelles discussions vendredi et ce week-end
Le travail se poursuivra vendredi avec des bilatérales, puis durant le week-end. «La seule échéance d’importance, c’est début de semaine prochaine, lundi ou mardi. Si nous n’avons pas d’accord d’ici là, on ne peut pas matériellement faire voter le budget par le parlement avant la fin de l’année. Est-ce grave, docteur? Pas tant que ça, puisqu’on aurait les douzièmes provisoires», même si cette option n’est «pas agréable» vu qu’elle empêche temporairement de mettre en œuvre les nouvelles politiques.
Est-ce que la crise au niveau fédéral pourrait profiter aux nationalistes flamands, et entrer dans un «agenda caché» de Bart De Wever, le Premier ministre? «Ce serait lui faire bien mauvais procès», répond Maxime Prévot. «Aujourd’hui, il est bien entré dans son costume (de Premier ministre), avec une réelle volonté d’assainir les finances pour préserver la « maison Belgique »», assure le ministre des Affaires étrangères.