Le ministre de la Défense, Theo Francken, veut mettre fin au régime spécial pour la pension des militaires. © Belga

L’Etat belge mis en demeure sur les salaires des militaires: «Derrière l’uniforme, il y a des êtres humains qui méritent le respect»

Le syndicat SLFP-Défense a adressé une mise en demeure à l’Etat au sujet du salaire des militaires.

Le SLFP-Défense adresse une mise en demeure à l’Etat au sujet des rémunérations des militaires, annonce-t-il jeudi. Le syndicat estime que lorsqu’un militaire est mobilisé 24 heures, il doit être payé pour l’ensemble de ces heures et non pour 12,6 heures comme c’est le cas actuellement.

« Depuis toujours, les militaires ne sont pas rémunérés pour l’ensemble des heures qu’ils prestent. Cette réalité était autrefois compensée par un contrat social et moral tacite entre l’État belge et ses militaires. Mais ce contrat a été rompu unilatéralement par l’autorité politique », souligne Boris Morenville, dirigeant responsable au SLFP-Défense. Ce dernier pointe notamment du doigt la fin du régime spécial pour la pension des militaires et le déploiement des militaires en rue dès 2026.

« Le déploiement des militaires en rue va se faire sans cadre juridique clair, sans respect des normes de bien-être, notamment en termes de logements mis à disposition, et sans offrir un salaire correct« , déplore Boris Morenville. « Il faut en finir avec cette idée que le militaire est une solution bon marché pour assurer la sécurité. Derrière l’uniforme, il y a des femmes et des hommes, des êtres humains qui méritent respect et considération.« 

Le syndicat demande un paiement de l’ensemble des heures prestées à effet rétroactif sur une période de dix ans.

Le ministre de la Défense Theo Francken s’est dit « surpris » par l’action du syndicat, quelques heures après son annonce. Du « chantage syndical », balaie-t-il. Selon le ministre N-VA, la problématique a justement été réglée par le récent accord social, qui revalorise sérieusement le métier de militaire: « à partir du 1er janvier 2027, toutes les heures passées en opération et en exercice seront compensées », affirme-t-il. Ce même accord, souligne-t-il, répond « à toute une série d’exigences syndicales légitimes de longue date »: mise en place d’une allocation de mobilité, augmentation de la prime d’absence et des indemnités de rappel et de week-end, augmentation des chèques-repas, etc. 

Le protocole d’accord social n’a jusqu’ici été approuvé que par un seul syndicat (le plus grand), la CGPM. Trois autres organisations syndicales présentes au sein de la Défense, dont le SLFP, ont récemment dénoncé l’absence d’un chapitre consacré aux pensions. Le dossier fait l’objet de discussions avec le cabinet du ministre des Pensions, Jan Jambon. CSC, CGSP et SLFP attendent des éclaircissements à ce sujet, qui reste nébuleux. Le fédéral a en effet décidé d’aligner l’âge légal de la pension pour les militaires (actuellement 56 ans) au reste de la population, mais le ministre de la Défense a assuré à la Chambre que « pour beaucoup de militaires », cela correspondra de facto à une pension autour de 60 ans, et non 67 ans. 

Le ministre et les syndicats doivent normalement se retrouver à la mi-octobre.

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