Le PS a annoncé qu’il interpellera Jacqueline Galant suite aux propos tenus par Georges-Louis Bouchez à une journaliste de la RTBF. Quant à la Fédération européenne des Journalistes (FEJ), elle a émis deux alertes, dont une de niveau 1 (le grade le plus élevé), auprès du Conseil de l’Europe.
Le Parti socialiste annonce qu’il interpellera la ministre des Médias Jacqueline Galant au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, à la suite des propos du président du MR Georges-Louis Bouchez envers des journalistes de la RTBF. Le PS saisira également le conseil d’administration du média public.
L’Association des journalistes professionnels (AJP) notamment a fermement condamné les propos du libéral montois.
Dans un message publié sur le réseau social X, le Parti socialiste écrit que « les pressions, les intimidations et menaces sur les journalistes, les médias sont inacceptables ». « Vouloir imposer un récit par la force, c’est bafouer la démocratie« , souligne le PS. Il ajoute que la liberté de la presse « n’est pas négociable, elle protège contre la manipulation ».
Le président des Engagés, Yvan Verougstraete, parti qui gouverne avec le MR dans plusieurs majorités, invitait déjà dimanche la classe politique à garder son sang-froid. Sans citer directement Georges-Louis Bouchez, il écrivait sur X qu' »il nous arrive régulièrement d’être contrarié par des articles de presse parfois rédigés à l’emporte-pièce, sans avoir pleinement recoupé les sources ou vérifié le contexte. Pour autant, cela ne saurait justifier la menace ou tout propos dont le fond ou la forme laisse à penser que l’on s’en rapproche. » « Il va de soi que les journalistes doivent pouvoir faire leur travail en toute sécurité et indépendance », ajoutait-il.
FEJ: alerte de niveau 1 contre Bouchez
La Fédération européenne des Journalistes (FEJ) a émis deux alertes sur la « Plateforme pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes » du Conseil de l’Europe. Dans la première, elle dénonce auprès du Conseil de l’Europe la « menace » contre « l’intégrité physique d’un journaliste de la RTBF » proférée par le président des libéraux francophones, Georges-Louis Bouchez. Cette alerte est classée au niveau 1, soit le grade le plus élevé.
La FEJ -qui regroupe 75 syndicats et unions professionnelles de journalistes dans 44 de pays- demande à Georges-Louis Bouchez qu’il s’excuse publiquement; aux autorités belges qu’elles condamnent ses « menaces et intimidations »; et au parquet qu’il ouvre une instruction judiciaire pour menaces contre l’intégrité physique d’un journaliste. Ces trois exigences sont la norme face aux menaces proférées par des responsables politiques, a précisé le secrétaire général de la FEJ, Ricardo Gutiérrez, auprès de Belga. « Nous ne le (NDLR: Georges-Louis Bouchez) traitons pas différemment » face à « une stratégie éprouvée » par d’autres leaders populistes, « de gauche comme de droite, d’ailleurs », a-t-il commenté. « La meilleure stratégie consiste à dénoncer (les faits) publiquement. Si l’on se tait, le harceleur ou l’intimidateur va remettre ça. »
Mise en demeure d’un «newsfluenceur»
La deuxième alerte, de niveau 2 cette fois, publiée par la FEJ vise encore le président du MR et s’inscrit dans le même contexte. Le 31 juillet, soit au lendemain de la parution d’e l’article d’un article du Vif, Jérémie Nzita Mambu, titulaire du compte Instagram d’information politique « Yurbise« , a reçu un courrier de l’avocat de Georges-Louis Bouchez lui enjoignant de retirer une publication reprenant le titre de l’article en question. La FEJ exige cette fois le retrait de la mise en demeure, qu’elle classe dans la catégorie « harcèlement et intimidation de journalistes »
Le blogueur a répondu à cette lettre par voie d’avocat, a précisé le secrétaire général de la FEJ. Dans la foulée, le jeune homme a également publié un nouveau message sur son compte, dans lequel il s’interroge: « Cette intervention soulève une inquiétude majeure: peut-on aujourd’hui relayer une information publique sans risquer des représailles juridiques? » « Dénoncer un acte d’intimidation permet de se protéger », a insisté M. Gutiérrez. « C’est ce qu’a fait le blogueur Yurbise. »
Concrètement, le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Alain Berset, doit faire parvenir les alertes aux ambassadeurs des 46 États membres et demandera des explications officielles à la Belgique. L’État dispose de trois mois pour répondre, soit au plus tard jusqu’au 11 novembre.
Pour rappel
Le 30 juillet, l’hebdomadaire Le Vif publiait une enquête sur l’apposition d’une carte destinée aux personnes à mobilité réduite (PMR) sur un véhicule du MR, utilisé notamment par le président du parti. L’information a été reprise dans la foulée par la RTBF sur son site internet. L’article du radio-diffuseur comprenait cependant plusieurs erreurs factuelles. Georges-Louis Bouchez a alors contacté une journaliste du service public pour s’en plaindre. La polémique a enflé lorsqu’un enregistrement de cet échange téléphonique a été diffusé en ligne. On y entend notamment l’homme politique inviter la journaliste à lui « envoyer » l’auteur de l’article. « Je te jure qu’il va être super bien reçu. Et lui risque peut-être d’avoir besoin d’une carte après. Ça, je peux te le dire », lance-t-il.