bouchez prévot
Georges-Louis Bouchez et Maxime Prévot

«Je te laisse à tes caricatures»: entre Georges-Louis Bouchez et Maxime Prévot, l’amour n’a pas duré 3 ans

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

La complicité initiale Engagés-MR semble déjà loin. Sur X, Maxime Prévot et Georges-Louis Bouchez n’ont pas caché leurs désaccords. Et de façon plutôt franche…

C’est une déclaration de Georges-Louis Bouchez (MR) dans La Libre, sur les dépenses liées à la Coopération au développement, qui a mis le feu aux poudres. «On doit aller plus loin dans la réduction de ces dépenses, dit-il au quotidien. Soit on supprime tout, soit on dit qu’on ne peut plus dépenser un euro en Coopération si cet euro ne revient pas à une entreprise belge.»

Prévot – Bouchez: «Propos ahurissant»

La déclaration a fait bondir le ministre des Affaires étrangères Maxime Prévot (Les Engagés). «Si le propos n’était pas aussi ahurissant on pourrait presque y porter intérêt…», réagit-il amèrement sur X.

Et d’argumenter: «La coopération est par nature un investissement dans un avenir plus juste (je sais que cela ne parle pas à tous) mais aussi plus sûr (ah, l’intérêt de la sécurité!). En développant les capacités des acteurs locaux, ils seront davantage à même de se prendre en mains, de développer leur niveau de vie et leur autonomie, et donc de restreindre la nécessité de fuir leurs contrées par des migrations qui apparaissent problématiques pour certains.»

Maxime Prévot poursuit: «La coopération internationale, comme pour toutes les démocraties du monde qui la pratiquent (seul Trump l’a aussi rayée de la carte…), est un élément de la politique de relations extérieures d’un pays, c’est un outil de solidarité internationale qui permet de défendre des valeurs, de prévenir des conflits, de favoriser la stabilité dans des zones difficiles, d’œuvrer à la sécurité (d’existence) collective et de faire face aux défis mondiaux (santé, climat, éducation, droits humains…).»

Le centriste souligne en outre que «cette coopération est rarement le fruit d’entreprises (même si c’est parfois le cas) mais le plus souvent l’œuvre d’acteurs publics comme Enabel et d’un vaste tissu d’ONG qui méritent mieux que du mépris. Notre présence dans des organismes multilatéraux nous permet aussi d’y défendre nos valeurs, visions et intérêts. Des économies substantielles seront déjà effectuées dans le secteur, il est hors de question de vouloir aller plus loin et caricaturalement l’asphyxier.»

Prévot à Bouchez: «Je te laisse à tes caricatures»

Georges-Louis Bouchez lui répond: «Cela fait des décennies que l’on fait de la coopération au développement… on n’a résolu ou amélioré aucun des objectifs qui viennent d’être cités et certainement pas la réduction de la migration illégale. Et le point Godwin Trump ne permettra pas de cacher cette réalité. Donc à un moment, on ne peut recommencer systématiquement les mêmes politiques en espérant un autre résultat. Et oui, la coopération devrait permettre à des entreprises belges de prospérer comme le font les USA ou la Chine. Demander des efforts à nos concitoyens et financer des projets à l’utilité perfectible pose question. Mais je suis pressé de découvrir les propositions d’économie des autres partis… ou alors la seule ambition serait-elle de faire sans cesse plus d’impôts? Nous n’avons pas été élus pour ça.»

«Il vaut mieux que j’évite de surenchérir dans un débat manifestement stérile où les slogans pèsent visiblement plus que les analyses de fond. Je te laisse à tes caricatures. Bon week-end!», réplique Maxime Prévot.

Ambiance…

«Beau strike»

Mais l’Engagé en a visiblement gros sur la patate. Il n’en reste pas là, et peu après, il publie un second post pour épingler d’autres sujets de discorde, toujours sur base des propos de Bouchez dans La Libre. «Le président du MR s’attaque aux familles monoparentales, à l’Etat et ses services publics, à la culture, à la coopération au développement, aux «brols» de l’égalité des chances, à la sécurité sociale… Beau strike», écrit-il sur X. Mais soyons clairs: ce sont les libres prises de position d’un président de parti, mais heureusement pas la ligne des accords de gouvernement négociés», tacle-t-il encore.

«Il a bien été convenu, grâce aux Engagés, de créer un statut spécifique pour les mamans et papas solos, de renflouer le secteur culturel, de préserver les enjeux de droits humains parmi lesquels les questions d’égalité, de réformer les services publics sans basculer vers une approche type DOGE à l’américaine, de doter la sécurité sociale des moyens utiles à notre devoir de solidarité en veillant à limiter l’explosion des coûts, de compenser les CPAS, etc. Il me plaisait de le préciser pour éviter que quiconque pense que sa vision s’était imposée aux autres», conclut-il.

Le président du MR réagit indirectement, via un autre post sur X: «Nous sommes à la tête d’un État en faillite, et de nombreux partis, pas le MR, essaient de faire croire aux gens que l’on va pouvoir continuer comme avant avec de l’argent magique à payer un peu tout et n’importe quoi en ayant recours au déficit. Notre irresponsabilité sera payée par nos enfants. Et je ne me résigne pas à cela. Nous ferons le changement car c’est notre devoir. Sans augmenter les impôts mais bien en arrêtant de dire oui à tout. L’Europe se meurt sous le poids des règles et des taxes. Réveillons-nous!»

Ensemble au fédéral, ensemble en Wallonie… mais sur X, le duo MR–Engagés s’échange désormais plus de coups de frein que de relais gagnants.

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