Pierre Wunsch, le président de la Banque nationale de Belgique (BNB). © Belga

« Il faut plus d’efforts »: l’avertissement de la Banque nationale au gouvernement De Wever (infographie)

Vendredi, la Banque nationale (BNB) a livré ses projections printanières concernant les finances du pays. Alors que la croissance annuelle devrait se maintenir,  le déficit public devrait continuer de plonger.

La croissance économique annuelle de la Belgique se maintiendrait autour d’un pour cent entre 2025 et 2027, mais le déficit public continuerait de plonger, malgré les mesures gouvernementales annoncées à ce stade, relève la Banque nationale (BNB) dans ses projections printanières publiées vendredi.

Le PIB belge devrait progresser du même ordre de grandeur que l’année dernière, avec une hausse de 1% cette année et 1,1% les deux suivantes. Par rapport aux précédentes projections de l’institution, la croissance en termes cumulés a été revue à la baisse de plus d’un demi-point de pourcentage, en raison de « l’évolution des politiques économiques et d’un environnement international moins favorable », commente la BNB.

Le climat international est marqué par l’incertitude que font planer la politique douanière des États-Unis et les éventuelles contre-mesures qui seront avancées par l’Union européenne.

Dans ce contexte compliqué, la stabilité de la croissance belge est un élément positif, constate le gouverneur de la BNB, Pierre Wunsch.

Le premier trimestre de cette année s’est d’ailleurs conclu sur une note encourageante puisque le PIB a finalement progressé de 0,4%, deux fois plus que la précédente estimation. La consommation des ménages a notamment contribué à cette amélioration. A court terme, la baisse des prix de l’énergie va soutenir le pouvoir d’achat des Belges.

En matière de logements, après avoir connu une « situation assez dramatique » ces dernières années, les investissements en nouveaux logements devraient reprendre dès la fin 2025, en raison du besoin en logements sur le plan démographique.

Après une lourde chute des exportations dans la foulée de la période post-Covid, en raison d’une baisse des expéditions de vaccins, les exportations devraient reprendre ces prochaines années. L’évolution dépendra en partie de la politique douanière américaine, mais la BNB souligne que sur ce qui est expédié vers les Etats-Unis, 30% sont des services qui ne sont donc pas soumis à une taxe et 50% sont des produits pharmaceutiques jusqu’à présent épargnés par les projets du président américain Donald Trump.

L’inflation devrait retomber sous la barre des 2% à l’automne et devrait se maintenir sous ce cap dans les deux prochaines années.

La BNB s’est également penchée sur les mesures annoncées par le gouvernement Arizona (N-VA, CD&V, Vooruit, MR et Les Engagés). « Ces mesures auront des effets à moyen et long terme, mais à court terme, le déficit continue à se détériorer », avance Pierre Wunsch. Même en ne tenant pas compte des dépenses en matière de Défense, la situation ne s’améliore pas. « Simplement pour stabiliser le déficit, il faut plus d’efforts. » Selon le responsable, la Belgique se rend fort vulnérable en cas de récession, mais même sans choc de ce type, cette spirale négative n’est pas tenable.

Selon les estimations de la banque centrale belge, le déficit devrait se creuser davantage pour atteindre 5,6% du PIB en 2027.

Concernant la limitation dans le temps des allocations de chômage, elle devrait porter ses fruits, mais pourrait également freiner quelque peu la croissance de la productivité. La croissance économique légèrement plus modeste et l’incertitude pèseraient sur la demande de main-d’œuvre. Au total, quelque 100.000 emplois devraient être créés entre 2025 et 2027, soit 10.000 de plus par rapport aux précédents calculs de la Banque.

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