Dans une interview accordée à Knack, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke revient sur l’échec des négociations fédérales. Imputable, selon lui, aux propositions «fantaisistes» du MR, qui aurait fait capoter les discussions.
Le calme après la tempête. Jeudi dernier, la Belgique se pensait à deux doigts de perdre son gouvernement. «Sans accord le 6 novembre, je présenterai ma démission», avait juré Bart De Wever (N-VA). Paroles, paroles. Mais les actes: une visite chez le Roi, la demande d’un délai supplémentaire, et 50 jours pour parvenir (enfin) à boucler un budget, en attendant Noël. Jamais une déclaration de politique fédérale n’avait été aussi tardive, et cela faisait plus de dix ans qu’un Premier ministre de plein exercice n’avait imposé à son pays le régime des douzièmes provisoires, qui s’appliquera dès janvier.
Deux faits inédits, peu réjouissants, qui ne semblent guère trop émouvoir. Silence, on négocie, sans doute. C’est dans ce calme ambiant que le d’habitude taiseux Frank Vandenbroucke, ministre de la Santé (Vooruit) a choisi de parler. A nos confrères de Knack, au détour de la conférence Sydney Ball au St John’s College de l’université d’Oxford en Angleterre, où il était l’invité d’honneur.
Dans cette interview, le socialiste flamand vend bien sûr ses arguments électoraux: en substance, que Vooruit est le seul partenaire de la coalition Arizona à essayer de limiter les ardeurs destructrices de la droite. «A l’heure actuelle, estime-t-il, une grande partie de la société, et donc de la classe politique, est obsédée par les abus présumés [envers la sécurité sociale]. Malheureusement, en insistant de manière excessive sur les inconvénients, à savoir à quel point les comportements indésirables et inefficaces coûtent cher à l’Etat, on a tendance à oublier les avantages, qui se révèlent pourtant bien plus importants.»
Frank Vandenbroucke point le MR et ses «mesures fantaisistes»
Frank Vandenbroucke égratigne en particulier le MR et ses «propositions complètement absurdes». «Ce qui a été agaçant ces dernières semaines, c’est que le positionnement du MR a empêché toute négociation sérieuse. Nous étions face à un parti qui ne proposait que des mesures fantaisistes. Nous avons dû écouter leurs alternatives pour le moins bizarres en matière de budget, comme la légalisation des cigarettes électroniques jetables», tacle le ministre, qui affirme également que les libéraux francophones ont voulu réduire les accises sur l’alcool et légaliser les sachets de nicotine.
Le ministre de la Santé confirme également que le gouvernement fédéral envisageait un saut d’index pour les retraités, les chômeurs et les malades de longue durée. Et que certains partis de la majorité entendaient «augmenter les impôts pour ces groupes de personnes». Il affirme par ailleurs s’être battu avec Les Engagés pour obtenir des moyens supplémentaires pour les CPAS, qui vont être confrontés à un afflux d’anciens chômeurs ayant perdu leurs allocations. «Malgré ces moyens supplémentaires, je ne suis pas rassuré, pour être honnête.»
Le socialiste estime que son parti doit être capable «d’approuver des réformes qui, certes, ne sont pas parfaites à nos yeux, mais qui sont défendables parce qu’elles préservent la solidarité. Y parviendrons-nous? Honnêtement, je n’en sais rien. Mais nous ferons de notre mieux.»