Pieter De Crem Aalter
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Discrimination au logement: après le départ de Pieter De Crem, Aalter adopte un nouveau règlement

Au lendemain de la démission de Pieter De Crem de sa fonction de bourgmestre d’Aalter, la commune flamande a adopté un nouveau règlement relatif aux contrôles de domiciliation. Le jour-même, l’ancien ministre de la Défense avait annoncé quitter le CD&V.

L’ancien ministre de la Défense Pieter De Crem, 63 ans, a annoncé, lundi matin, sa décision de quitter le CD&V, le parti chrétien-démocrate flamand dans lequel il militait depuis 40 ans. La veille, il avait démissionné de son poste de bourgmestre d’Aalter (Flandre orientale) qu’il occupait depuis 30 ans. Fonction qui, avant lui, avait été celle de son père, Jan De Crem, de 1959 à 1995. Une présence de très longue date qui avait valu à la maison communale d’être renommée le «Cremlin».

La raison qui a poussé Pieter De Crem vers la sortie? Les accusations de discrimination à l’égard des personnes d’origine étrangère désirant se domicilier dans sa commune. En mars dernier, un lanceur d’alerte anonyme avait dénoncé les agissements du désormais ex-bourgmestre, dans une commune où la demande de domiciliation des personnes non-belges prenait 30 fois plus de temps que pour les Belges: en moyenne 136 jours pour les premiers (avec des pics dépassant les 450 jours), contre 15 jours pour les autres.

Annelies Verlinden (CD&V), alors ministre de l’Intérieur, ne pouvait ignorer ce qu’il se passait à Aalter. Entre la fin 2023 et sa sortie de fonction, ce sont pas moins de 110 plaintes concernant des difficultés de domiciliation d’étrangers qui ont été adressées à son service. L’Office des étrangers avait, en outre, constaté que les instances communales avaient appliqué de manière incorrecte la loi sur les étrangers dans 51 dossiers. Le service Identité et Affaires civiles du SPF Intérieur avait alors demandé à la ministre de signer une lettre destinée à recadrer Pieter De Crem. Celle-ci n’a jamais été signée, ni envoyée au principal intéressé, qui s’est toujours défendu d’«appliquer la loi».

Soutenu par le Vlaams Belang

«Le parti n’offre plus aucune solution aux problèmes et défis auxquels la société est confrontée», a commenté l’ancien ministre de la Défense au moment d’annoncer sa décision de quitter le CD&V. Pieter De Crem ne souhaite toutefois pas quitter la politique et a annoncé vouloir désormais s’engager dans «une vraie réforme politique», avec un soutien spécifique aux mandataires locaux. L’engagement quotidien de ces derniers est, selon lui, éclipsé «par une absence totale de vision de la part des dirigeants du parti».

Le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, a marqué son soutien à Pieter De Crem. «Notre peuple d’abord n’est pas un crime! Partagez si vous êtes d’accord», a exhorté le président du parti d’extrême droite sur le réseau X, sous le mot d’ordre: «Je soutiens Pieter».

La «vraie réforme politique» qu’entend mettre en place Pieter De Crem est «précisément ce que défend le Vlaams Belang», a affirmé Tom Van Grieken en parlant d’une «Flandre flamande et sûre».

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Vendredi, la ministre flamande des Affaires intérieures, Hilde Crevits (CD&V), avait ouvert contre l’intéressé une enquête disciplinaire, arguant qu’elle n’avait «d’autre choix» que d’intervenir sur la base du rapport d’Audit Vlaanderen, qui «a constaté de manière très grave que les lois ont été violées, pendant de nombreuses années, de manière délibérée». Cette enquête disciplinaire est néanmoins devenue sans objet du fait de sa démission de son siège de bourgmestre.

«On peut être strict sans pour autant enfreindre la loi»

Le président du CD&V Sammy Mahdi a déploré le départ du bourgmestre d’Aalter et ancien ministre Pieter De Crem, et l’absence de tout mea culpa de sa part. «J’aurais préféré que les choses se passent autrement. Mais on ne peut pas prendre à la légère la discrimination et le racisme», a déclaré M. Mahdi. Ajoutant: «Si chacun pouvait simplement faire un petit effort et dire: « J’ai des difficultés en tant que bourgmestre, ce n’est pas facile avec les personnes qui arrivent sur mon territoire, j’ai peut-être été trop créatif, je m’en excuse », alors je pense qu’il y aurait eu des possibilités.»

Face aux critiques de l’intéressé affirmant que la direction du CD&V n’apporterait plus de solution aux défis actuels, notamment en matière de migration, «on peut être strict sans pour autant enfreindre la loi», répond Sammy Mahdi. «On ne peut pas simplement ignorer la législation, ajoute-t-il. Tout bourgmestre doit respecter les lois du pays. Cela signifie que l’on ne peut pas discriminer de la sorte.»

Aalter prend des mesures

Suite au scandale et à la démission de son bourgmestre, le conseil communal d’Aalter a modifié le règlement relatif aux contrôles de domiciliation. La version remaniée a été adoptée avec 18 voix favorables, 7 contraires et une abstention.

(Avec Belga)

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