Départs en cascade chez Ecolo: la Bruxelloise Marie Lecocq et sa façon de diriger sont pointés du doigt. © Belga

Des démissions en cascade suscitent des remous chez Ecolo: «Le problème n’est pas dans le parti mais plutôt à son sommet»

Que se passe-t-il chez Ecolo? Alors que le parti a essuyé plusieurs départs ces dernières semaines, des voix s’élèvent contre les co-présidents.

Ecolo traverse des remous internes. Après le départ du directeur politique, Nicolas Lemoine, il y a dix jours c’est la directrice de la communication des Verts francophones, Marie Thibaut de Maisière, qui a annoncé sa démission. Quelques semaines plus tôt, Sophie Wustefeld, coordinatrice du Bureau du Conseil de fédération d’Ecolo, le parlement interne des Verts, s’en allait pour un autre emploi.

Nicolas Lemoine, un proche de la co-présidente Marie Lecoq, avait pris ses fonctions en novembre 2023. La nouvelle de son départ a été annoncée dans un courrier interne le 19 septembre et présentée le lendemain dans un conseil de fédération sans explication, relatait-on la semaine passée à bonne source. Contactée par l’Agence Belga, la co-présidence du parti s’était alors contentée d’exprimer son regret face à cette décision « ‘prise pour des raisons qui lui appartiennent ».

Mais ce mercredi, c’est la directrice de la communication qui a quitté le navire. L’ex-porte-parole d’Elke Van den Brandt, invoque « ces derniers mois (…) très difficiles d’un point de vue professionnel et familial« . Elle avait pris ses fonctions au début de l’année à peine.

Après la débâcle électorale du parti le 9 juin 2024, les Verts francophones se sont dotés d’une nouvelle co-présidence incarnée par deux jeunes pousses du parti: Samuel Cogolati et Marie Lecocq. Le Hutois et la Bruxelloise ont convaincu la majorité des militants et mandataires par leur volonté d’imposer une « écologie populaire », thème décliné depuis lors sur tous les modes.

Mais Ecolo semble toujours à la peine pour faire entendre sa voix dans le débat politique. Le contexte n’est pas favorable, certes, mais au sein du parti, des personnalités critiquent des choix posés et le peu de concertation dans un parti où la démocratie interne est un thème sensible. « Le problème n’est pas dans le parti mais plutôt à son sommet », entendait-on. La nouvelle équipe se serait entourée de trop peu de personnes expérimentées et l’ambiance ne serait pas au beau fixe entre les deux co-présidents, affirment certains… tandis que d’autres pointaient du doigt d’anciennes figures qui ne parviendraient pas à passer la main.

Quoi qu’il en soit, Marie Lecocq et sa façon de diriger sont visés. La Bruxelloise navigue dans un contexte politique très délicat: l’absence de gouvernement pèse de plus en plus dans la capitale et la ligne du refus envers et contre tout d’une participation au pouvoir passe mal chez certains mandataires. Il y a quinze jours, le sujet était d’ailleurs au cœur d’une réunion du bureau politique où quelques anciennes figures ont exprimé leurs critiques.

L’intéressée s’étonne de ces griefs. « Nous avons des assemblées générales périodiquement où nous arrêtons nos positions, nous avons participé à toutes les discussions auxquelles nous avons été invités; en avril, je suis sortie dans la presse en donnant clairement les balises d’Ecolo pour une éventuelle négociation sans obtenir de réponse des autres partis », a-t-elle fait remarquer.

Est-ce à dire que le duo à la tête d’Ecolo est menacé? La prudence est de mise. La semaine passée, deux personnalités expérimentées ont été approchées pour seconder les co-présidents, a-t-on appris: le chef de groupe au parlement wallon, Stéphane Hazée, et son homologue bruxelloise, Zakia Khattabi.

Les co-présidents n’entendent pas dévier de leur ligne. « Ce que nous vivons, c’est ce qui arrive dans beaucoup d’organisations. Ces départs ne sont pas des moments agréables à vivre, mais ils ne remettent pas en cause notre ligne. Samuel et moi avons été élus sur cette ligne par l’assemblée générale, et nous en sommes les garants », a souligné Mme Lecocq.

Samuel Cogolati relativisait quant à lui les remous que traverse Ecolo. « Heureusement qu’il y a des débats dans un parti, d’autant plus en plein processus de transformation. Un sage nous a même dit qu’une transformation qui ne provoque aucune discussion en interne, c’est le statu quo ».

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