A l’initiative de la Ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Elisabeth Degryse, une dizaine d’économistes ont été chargés de diagnostiquer les causes profondes du déficit budgétaire. Et d’émettre des pistes pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par l’attelage MR-Engagés.
En Wallonie comme en Fédération Wallonie-Bruxelles, la trajectoire budgétaire se veut commune et claire, comme l’indique la DPC (Déclaration de politique communautaire), qui entend «assurer un niveau de déficit tenable sur du long terme», ce qui passe par «un retour à l’équilibre sur un horizon de dix ans, avec des étapes intermédiaires comme la réduction du déficit de moitié d’ici 2029». La question est sensible, d’autant, comme cela est mentionné, qu’il s’agit d’«éviter que le rythme et l’ampleur de l’effort à consentir soient déraisonnables. A défaut, la trajectoire s’apparentait à un véritable couperet d’austérité», un mot tabou que les uns et les autres, à l’image de Maxime Prévot, ancien patron des Engagés et désormais ministre des Affaires étrangères, qui ne le prononçait que du bout des lèvres au lendemain de la victoire électorale.
Faire consensus
Mais voilà, la situation budgétaire dont hérite la coalition Azur est pire que prévu, et ce n’était déjà pas très réjouissant avant que toutes les cartes soient connues. Un peu comme une «cerise pourrie sur un gâteau pas terrible», dixit cet observateur avisé.
Concrètement, rien qu’en FWB, l’effort à fournir à moyen terme vise à stabiliser le déficit à 1,2 milliard d’ici 2029… en évitant tout malentendu. A l’initiative de la Ministre-présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Elisabeth Degryse (Les Engagés), le gouvernement a donc monté un groupe de travail composé d’une brochette d’économistes d’univers et de sensibilité différentes: Pierre Crevits (ancien de la Banque Nationale, qui préside le comité de direction de Dexia) est à la tête du groupe, entouré de Philippe Defeyt, Etienne de Callataÿ, Jean Hindricks (UCL), Marie Goransson (ULB), Delphine Van Hoolandt (Bureau du plan), ou encore Fanny Dethiers (ICHEC), entre autres.
Leur tâche dans les semaines et mois à venir: diagnostiquer en profondeur les raisons du déficit actuel… et proposer des pistes de solutions à éventuellement mettre œuvre. «La ministre présidente a souhaité s’entourer d’un certain nombre d’experts», abonde Philippe Defeyt, qui précise que «rien ne se décidera au sein du groupe, bien sûr. On est un groupe d’experts, avec l’administration. On verra bien ce que donneront nos réflexions (NDLR: la première réunion a eu lieu il y a un mois).»
Même si l’initiative s’est déjà vue à d’autre niveaux de pouvoir, elle est relativement inédite en FWB. Et pour cause: au sein du cabinet Degryse, on ne cache pas qu’il va falloir «faire un effort important. Cela demande des décisions difficiles et nous n’avons pas voulu les prendre en dix jours ou une nuit de négociations. On a voulu le faire avec ordre et méthode, avec l’expertise de ce groupe.»
Quelle austérité?
Quid d’une éventuelle dissonance avec le partenaire MR, aux manettes budgétaires en Wallonie? Chez Elysabeth Degryse, on balaie toute éventualité de désaccord sur la méthode: «Dans le cadre des accords MR-Engagés il y a une trajectoire budgétaire commune entre FWB et Wallonie» — référence aux engagements pris dans la déclaration de politique régionale (DPR) comme dans la déclaration de politique communautaire. C’est on ne plus vrai, en termes de communication du moins; si la DPC souhaite «éviter le couperet de l’austérité» (FWB), en Wallonie on parle d’une «trajectoire de responsabilité», qui ne sera «nullement», écrit-on, une «politique d’austérité». De quoi donner à phosphorer au groupe d’économistes précités…