1er mai
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Fabrique à pauvres, anoraks rouges et sempiternel chantage: qui a flingué qui lors des discours du 1er mai

Au nord comme au sud, les partis politiques ont tous célébré la fête du travail, ce 1er mai. En ce printemps hautement tendu sur le plan social, chaque formation a flingué une cible de son choix. Passage en revue.

La N-VA flingue les syndicats

Un «sempiternel chantage»: voilà comment la N-VA a qualifié les actions des syndicats, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux à l’occasion du 1er mai. La présidente Valerie Van Peel a accusé les partenaires sociaux de privilégier leurs propres intérêts, et a appelé à applaudir les formations politiques en coalition au sein de l’Arizona. « Les partis qui ont le courage de mettre en œuvre les réformes nécessaires aujourd’hui, avec la N-VA, méritent vos applaudissements, pas vos huées. »

Discours du 1er mai: la FGTB flingue la N-VA (et l’Arizona)

Comme les années précédentes, c’est à Namur que le président fédéral de la FGTB, Thierry Bodson, a tenu son discours du 1er Mai. « L’analyse politique est simple: en attaquant l’assurance chômage, les pensions, l’assurance maladie,… le gouvernement est en train d’exploser le modèle de sécurité sociale que nous avons construit pendant 80 ans. Il détruit, il attaque, mais il ne construit rien », a-t-il dit. Face à ce constat, « il faut qu’il y ait des anoraks rouges dans les rues toutes les semaines« .

« Le combat va être rude. Il va être long et il va falloir le diversifier. Je suis heureux d’être le président d’un syndicat où chacun prend ses responsabilités: les cheminots sont dans la bagarre depuis des mois et ils ont raison. Les enseignants sont dans les rues depuis des mois et ils ont raison », a souligné Thierry Bodson.

« On aura beau essayer de nous ensevelir sous des tonnes de mensonges, nous refleurirons partout où l’on ne nous attend pas et dans un plus grand nombre », a-t-il ajouté en soulignant la nécessité « de rester dans la rue pour sensibiliser tous les travailleurs, y compris ceux qui pensaient qu’ils ne seraient pas touchés par les mesures du gouvernement ».  Un exécutif fédéral que le syndicat aimerait voir tomber avant la fin de la législature même s’il sait que ce combat-là n’est jamais simple. Mais si c’était le cas, « nous serions quand même heureux d’y avoir participé », a ironisé Thierry Bodson.

Le MR flingue la «fabrique à pauvres»

Comme à son habitude, le patron des libéraux francophones n’a pas ménagé ses flèches vers les partis de gauche qui, selon lui, ont laissé le pays dans un sale état. « Un pays où ils aimaient tant les pauvres qu’ils en fabriquaient chaque jour« , a attaqué Georges-Louis Bouchez.

Devant quelque 2.000 militants et mandataires réunis au Grand Palais, le président libéral a saisi l’occasion pour de défendre les réformes entreprises par les différents gouvernements auxquels son parti participe. Le Montois s’est aussi employé à tenter de rassurer les inquiétudes croissantes que ces changements suscitent, notamment la fin des allocations de chômage après deux ans et la surcharge que cela pourrait faire peser par ricochet sur les CPAS. « Nous ferons en sorte que les CPAS puissent accompagner ces personnes (NDLR: exclues du chômage) une par une », a promis Georges-Louis Bouchez, ajoutant que les bénéficiaires du revenu d’intégration sociale (RIS) seront toutefois appelées à fournir leurs bras au service de la collectivité. « La solidarité, c’est comme l’amour, ça demande un effort des deux côtés », a-t-il lancé au cours d’un discours d’une demi-heure.

MR chairman Georges-Louis Bouchez gestures during the meeting of french-speaking liberal party MR, on the first of May, Labour Day, the International Workers’ Day, on Wednesday 30 April 2025, in Charleroi. BELGA PHOTO VIRGINIE LEFOUR

Le PS bruxellois flingue le MR bruxellois

Il est où, le gouvernement bruxellois? Toujours pas là! Forcément, en ce 1er mai, le président du PS bruxellois Ahmed Laaouej a donc flingué les libéraux francophones bruxellois. Devant la Maison du peuple de Saint-Gilles, il a emboîté le pas des composantes de la société civile appelant à former un gouvernement progressiste dans la Région-capitale.

« En votre nom, j’ai dit notre disponibilité pour cette nouvelle voie qui devra rencontrer les attentes de la société civile, mais aussi faire la démonstration, comme on le voit ailleurs en Europe, qu’une gauche rassemblée pourra relever tous les défis budgétaires, économiques, sociaux et environnementaux auxquels Bruxelles est confronté », a-t-il dit.

Ahmed Laaouej a une nouvelle fois pris acte de la volonté du MR, dans sa recherche d’un gouvernement minoritaire, de « rejeter le PS dans l’opposition ». « C’est ce qu’ils cherchent depuis le début, a-t-il ajouté. Un gouvernement sans majorité du côté francophone, et qui inclut la N-VA du côté néerlandophone, mais toujours rien à l’horizon… » « Le président national du MR est à la manœuvre et existe-t-il encore des libéraux bruxellois, aujourd’hui inexistants, des spectres qu’on voit de temps à autre apparaître, comme au théâtre, sans très bien comprendre ce qu’ils veulent et ce qu’ils sont encore capables de pouvoir dire… c’est pathétique ? », a-t-il épinglé.

Discours du 1er mai: le PTB flingue Vooruit

Le PTB a pratiqué, ce 1er mai, son sport favori: cogner la gauche, du moins celle qui ne lui semble pas assez extrême. Le PS, dans l’opposition, ne pouvant plus être la source de tous ses maux, le parti d’extrême gauche s’en est plutôt pris à Vooruit.

« L’Arizona est le gouvernement des super-riches, nous pouvons le faire reculer, a clamé Raoul Hedebouw devant les militants communistes réunis place Anneessens à Bruxelles. Sans les voix de Vooruit, il n’y a pas de malus pension, pas de chasse aux chômeurs, pas de chasse aux malades de longue durée, pas de chipotage de l’index. Vooruit ne freine pas la casse sociale, il tient le volant« , a affirmé le président du PTB.

Le PTB ne s’est toutefois pas privé de quelques taquets décochés à la droite, bien sûr, en accusant la coalition fédérale d’avoir menti aux électeurs, notamment à propos des 500 euros net en plus que gagneraient les travailleurs. Selon lui, il n’en reste rien dans l’accord budgétaire conclu il y a trois semaines. « On doit continuer à mobiliser, le mouvement social est dans une phase aujourd’hui qui peut s’élargir, mais il faut que l’information circule. Quand les gens ont l’information, ils entrent en résistance. Nous allons prendre nos responsabilités pour informer le peuple de tout ce qui va lui arriver », a averti Raoul Hedebouw.

Le PS flingue la droite, bien sûr

Paul Magnette fut le premier à lancer les hostilités, dès le soir du mercredi 30 avril, dans une tentative de prendre la main sur les messages politiques délivrés lors des discours du 1er mai. Le président a appelé à la résistance face à une droite jugée « inefficace », « toujours plus radicale » et qui « ne sait pas comment les gens vivent ».

Le chef du premier parti francophone d’opposition a décrit des exécutifs de droite qui « décident du haut de leur tour d’ivoire, sans jamais écouter les travailleurs. » Devant quelques centaines de militants réunis pour un souper dans une maison d’association près de Fleurus (nord-est de Charleroi), il a passé par le menu toutes les catégories de travailleurs et de personnes précarisées qui seront frappées par les réformes des gouvernements où le PS ne siège plus. À ses yeux, le gouvernement fédéral est « inefficace, parce qu’il ne fait que déplacer les problèmes », en renvoyant les personnes exclues du chômage vers les CPAS. « Et bien qu’ils fassent douze milliards d’économies, sur le dos des pensionnés, de la Sécurité sociale et de la Santé, ils aggravent le déficit et la dette de notre pays ».

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