Adrien Dolimont
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Adrien Dolimont (MR): «Georges-Louis Bouchez et moi avons-nous le même style? Non!»

Invité à s’exprimer devant les étudiants de l’UCLouvain, le ministre-président wallon Adrien Dolimont (MR) est revenu sur le rôle indispensable des médias dans le fonctionnement d’une démocratie. Il a aussi marqué sa différence de style avec son président, Georges-Louis Bouchez.

« La politique, ce n’est pas faire du show; c’est planter des graines qui, avec le temps, porteront des fruits », a affirmé le ministre-président wallon, Adrien Dolimont (MR), invité de la leçon inaugurale en sciences politiques de l’UCLouvain.

Son thème: les rapports – et l’interdépendance – entre le monde politique et les médias. Un sujet brûlant alors que le président du MR Georges-Louis Bouchez entretient des relations souvent tendues avec la presse.  Se profilant au contraire en défenseur de la nuance, Adrien Dolimont a, lui, regretté la politique « des petites phrases qui amènent forcément un retour de flammes », des « titres chocs » et la « recherche de l’attention », devenue la norme. 

« Ce n’est pas l’information qui manque, c’est le temps de l’écouter. Vouloir capter le public, ça change la manière de faire de la politique. Dans ce cadre, la construction d’un raisonnement complet devient invisible », a-t-il estimé. « Si elle attire l’attention, la logique de clash creuse les divisions au sein de la société », déjà polarisée par l’omniprésence des réseaux sociaux et leurs algorithmes poussant chacun à vivre « dans une bulle médiatique », a ajouté Adrien Dolimont. Or, « le débat public doit laisser la place à l’analyse et non aux réflexes émotionnels. Notre démocratie n’est pas un champ de bataille mais un espace de décision collective », a-t-il plaidé. Une démocratie dont les médias sont l’un des piliers. « Ils ont une mission démocratique mais aussi une réalité économique qui peut les conduire à préférer le scandale. Moi, je n’appelle jamais directement un journaliste. Je préfère l’inviter à discuter pour qu’on progresse ensemble. Certains disent que je suis lisse. Je crois surtout que j’essaie d’être honnête intellectuellement », a poursuivi le ministre-président wallon. 

« Le politique et les médias ont besoin l’un de l’autre. Ils ne sont ni amis, ni ennemis. Ce sont deux pouvoirs qui cohabitent, avec chacun un rôle et des responsabilités », a-t-il encore déclaré. Avant d’insister: « le rôle de la presse, ce n’est pas que relayer la parole du politique. C’est un vrai contre-pouvoir et la seule solution pour avoir une démocratie saine. »

Adrien Dolimont: « Je crois qu’il y a moyen d’exister sans jouer avec ces codes »

Des déclarations qui tranchent avec celles, parfois véhémentes, du président du MR. « Vous avez passé une bonne partie de votre présentation à appeler à la nuance. Est-ce compatible avec l’attitude de Georges-Louis Bouchez? », a d’ailleurs interrogé un étudiant à l’heure des questions. « Disposez-vous d’une liberté d’expression suffisante au sein du MR? », a osé un autre. « Il n’y a pas un endroit où je vais où l’on ne me parle pas de Georges-Louis Bouchez. Il a bien compris les codes et occupe l’espace médiatique », leur a répondu, doux-amer, Adrien Dolimont. « Je crois, de mon côté, qu’il y a moyen d’exister sans jouer avec ces codes. Mais Georges-Louis Bouchez est président du MR. A ce titre, il doit faire vivre des sujets de société. Moi, en tant que ministre-président de tous les Wallons, je dois faire appliquer l’accord de gouvernement. Il faut bien scinder les rôles de chacun. Pour autant, est-ce qu’on a le même style? Non! Est-ce qu’on ferait la même chose si l’on était à la place de l’autre? Non! », a-t-il défendu.

Quant à la liberté d’expression au sein du parti, « je ne considère pas que j’en suis privé. Sur la question du boycott de la RTBF par exemple – une menace brandie cet été par M. Bouchez à la suite de l’affaire de la carte PMR – j’ai dit que la question ne se posait même pas et le lendemain, j’étais sur l’antenne de la RTBF pour parler de la rentrée politique », a illustré le libéral. « Il n’est pas toujours simple de vivre dans ce monde exacerbé mais j’essaie toujours de garder la tête froide », a-t-il conclu.

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