Une intervention avec des chiens et des canons à eau a eu lieu ce vendredi matin à Anderlecht. 300 à 400 personnes ont voulu empêcher l’expulsion de 70 sans-papiers. Le bourgmestre socialiste se dit impuissant.
La police a délogé vendredi matin les 300 à 400 personnes qui s’étaient rassemblées vers 6h00 devant un immeuble occupé par le collectif Zone Neutre, au square de l’Aviation, à Anderlecht, pour tenter d’empêcher une expulsion programmée.
Après des négociations entre les manifestants et la police en début de matinée, et plusieurs demandes des forces de l’ordre de libérer les lieux, les policiers ont chargé la foule, massée devant l’entrée du bâtiment situé sur le square de l’Aviation, depuis le boulevard Poincaré. Cette intervention est survenue vers 10h30 à l’aide de deux autopompes, de gaz lacrymogène et de matraques, a constaté Belga sur place.
«La police a agi de manière particulièrement violente»
De nombreux manifestants ont été évacués de la zone d’intervention par les policiers. Un policier a aidé certains protestataires à soulager leur douleur due au gaz lacrymogène. Après l’opération, les policiers avaient libéré l’accès à deux portes du bâtiment, la troisième étant encore barrée par d’autres militants. « La police a agi de manière particulièrement violente et a même utilisé des chiens pour disperser les manifestants », a déclaré le collectif Zone Neutre à Belga.
Vers 11h00, un calme relatif est revenu sur le square, laissant la place aux policiers, qui ont ensuite ouvert, vers 11h15, la porte principale donnant accès au bâtiment. Les manifestants restaient à distance raisonnable, assistant avec tristesse et colère à la suite de l’intervention policière.
70 sans-papiers bientôt à la rue
Selon Zone Neutre, les sans-papiers ne tarderont pas à se retrouver à la rue. Des négociations sont en cours pour les reloger dans un nouveau bâtiment, mais celles-ci pourraient encore durer plusieurs semaines. « En attendant, ces personnes risquent de se retrouver à nouveau dans des squats », a expliqué Zone Neutre. Le collectif a déploré l’attitude du bourgmestre d’Anderlecht Fabrice Cumps (PS), qui avait indiqué à Belga qu’il ne pouvait rien faire pour empêcher l’expulsion, invoquant l’exécution « d’une décision judiciaire ».
« Je n’ai pas le pouvoir de m’y opposer. Les forces de l’ordre ont prévu les moyens nécessaires. Je regrette vraiment qu’on en arrive là« , avait-il ajouté. « Nous avons essayé de l’appeler toute la matinée, mais il n’a pas changé d’avis », ont expliqué les militants. L’avocat du propriétaire du bâtiment Staring Real Estate, Me Johan Vonckers, était également sur place vendredi matin « pour faire appliquer une décision de justice et rien d’autre », avait-il déclaré.
Les manifestants l’avaient pris à partie juste avant la charge policière « Me Vonckers, on sait que vous aimez les expulsions, surtout les violentes, mais celle-là va être incroyable! », s’était exclamé l’un des manifestants. Après que les manifestants ont été délogés, l’homme de loi a dû être escorté par les policiers, sous les huées des militants, pour pénétrer dans le bâtiment.
Un projet de relogement des 70 occupants sans papiers, soutenu par la Région et un nouveau propriétaire bruxellois, serait proche d’aboutir. Ce dernier envisagerait une convention d’occupation temporaire, encore en négociation. Les occupants avaient demandé un peu de temps en plus ce matin, temps que le propriétaire ne veut pas leur donner.