Une vidéo captée sur le boulevard Pacheco, à Bruxelles, montre plusieurs policiers, dont certains en civil et masqués, frapper des manifestantes prises au piège.
La scène, filmée et postée sur les réseaux sociaux, a eu lieu sur le boulevard Pacheco, ce mardi à Bruxelles, aux alentours de 13h30. Alors que la manifestation contre les mesures de l’Arizona, qui a réuni entre 80.000 et 140.000 personnes, bat son plein, une autopompe est appelée en renfort. Une heure plus tôt, la situation s’est tendue du côté de l’office des étrangers, où le bâtiment a été violemment pris d’assaut. Bientôt, l’autopompe fait face au cortège, où des slogans antifascistes sont scandés. Des manifestants se retrouvent coincés de part et d’autre d’un bus, encerclés par des policiers, dont certains en civil et masqués, parfois sans brassard.
«Nous avons assisté à un déferlement de violences policières à l’encontre de plusieurs personnes, dont des femmes. Sur ces images, on peut voir des représentants de l’État en uniforme, mais aussi, des policiers en civil, ultra agressifs, se déchainer à coups de matraque puis de pied sur les manifestants et manifestantes»
La scène est captée en vidéo par une manifestante, Morgane Delfosse, accompagnée par son compagnon. «Nous avons assisté à un déferlement de violences policières à l’encontre de plusieurs personnes, dont des femmes. Sur ces images, on peut voir des représentants de l’Etat en uniforme, mais aussi, des policiers en civil, ultra agressifs, se déchainer à coups de matraque puis de pied sur les manifestants et les manifestantes», commente-t-elle sur Facebook, où la vidéo a été postée.
Sur les images, une femme (portant une capuche rouge orangé), reçoit un coup de matraque sur la tête de la part d’un policier à qui elle tourne le dos. Manifestement un agent en civil, encapuchonné et masqué. Une autre femme, elle aussi prise dans la cohue, semble recevoir un violent coup sur la tête. Les coups continuent alors que les manifestantes –et d’autres personnes coincées là– sont au sol, mains sur la tête.
Contexte tendu
L’incident s’inscrit dans le sillage d’un moment tendu, mais qui manifestement n’impliquait pas les manifestantes agressées. «Je marchais avec une collègue lorsque des feux d’artifice ont été tirés sur notre droite, et nous avons entendus des coups et des sons de coups sur du métal et verre (je ne savais pas si des casseurs s’en prenaient à un immeuble ou à des voitures)», témoigne Pierre M., présent à proximité. «Ensuite des gaz lacrymogènes ont été tirés et il y a eu un mouvement de reflux qui nous a emmenés derrière l’un des cars blancs, avec des policiers derrière et devant nous. J’étais avec des jeunes cagoulés qui se sont débarrassés de marteaux (du genre de ceux pour briser les vitres dans bus de la STIB) au cas où on venait les fouiller. De notre côté, les deux policiers dans notre dos étaient fermes mais dialoguaient. C’était relativement bon enfant … Autour de moi les « casseurs » (équipés pour cela, ce n’était pas dans le feu de l’action) n’étaient pas menaçant ou provocateurs, et de notre côté tout s’est bien passé (en dehors de la longue attente — NDLR: derrière le bus, pour sortir de la nasse)», conclut-il.
Interrogée sur ces faits et en particulier sur les unités impliquées, la zone de police de Bruxelles fait valoir que «lors de la première intervention, urgente et destinée à sécuriser les occupants du 44 (NDLR: l’Office des étrangers) qui étaient physiquement en danger, l’effet de surprise était indispensable. Entre cette intervention et le nouvel usage de gaz et de l’arroseuse, un laps de temps important s’est écoulé, laissant largement la possibilité aux manifestants non impliqués de quitter les lieux. De plus, plusieurs avertissements ont été diffusés via les systèmes de sonorisation de nos véhicules avant l’emploi de moyens spéciaux.»
«Suite aux incidents, poursuit la police, nos équipes ont confiné les manifestants, fauteurs de trouble afin de sécuriser la zone, identifier les individus et rétablir l’ordre public. Cette mesure a également permis, lorsque nécessaire, de saisir du matériel pouvant servir à troubler la tranquillité ou à commettre des dégradations. Elle permet aussi, lorsqu’un suspect est identifié pour des faits commis durant cette manifestation, son interpellation immédiate par nos équipes spécialisées. L’objectif est de garantir la sécurité de tous et de limiter les risques d’escalade. Nous rappelons que la technique dite de la « nasse » n’est pas utilisée en Belgique. Nous appliquons les modes d’action prévus par la réglementation. Enfin, nous rappelons que les images diffusées ne montrent souvent qu’une fraction de l’intervention et peuvent être sorties de leur contexte. Une analyse interne est en cours pour examiner les circonstances précises des incidents survenus lors de la manifestation.»
Pusieurs enquêtes ont été ouvertes sur les émeutiers présents dans le cortège, y compris ceux qui s’en sont pris à l’office des étrangers, a annoncé de son côté le parquet de Bruxelles.