Interrogée par la VRT-radio, la ministre a dit comprendre l’agacement de chefs de corps face à l’inflation de certaines primes devenues incontrôlables.
La ministre de l’Intérieur Annemie Turtelboom (Open VLD) suggère de contourner la problématique de certaines primes arbitraires à la police par une « compensation fonctionnelle ».
Selon ces chefs de corps, ces primes sont un frein à la promotion. En ce qui concerne les fonctions de direction, le système d’indemnités est autre et les policiers refusent dès lors d’évoluer dans la hiérarchie au risque de se retrouver moins bien rémunérés. Jean-Marie Van Branteghem, numéro deux de la police fédérale, soutient le plaidoyer d’Armand Grootaers.
La ministre a souligné lundi qu’il était normal que les policiers soient correctement rémunérés vu la difficulté du métier. Mais, a-t-elle précisé, « à certains endroits, les indemnités complémentaires ne sont pas octroyées comme il le faudrait », a-t-elle précisé.
62 sortes d’indemnités
Selon Armand Grootaers, chef de corps de la zone du Limbourg Ouest, il existe 62 sortes d’indemnités dans la police. « Le problème est surtout que ces primes sont cumulables sans limites. Certains policiers peuvent ainsi gonfler leur salaire mensuel de 3.000 euros bruts » et ils gagnent plus que leurs chefs, souligne-t-il lundi dans les quotidiens De Standaard et Het Nieuwsblad.
Selon Armand Grootaers, la police ne peut que bien travailler si les indemnités sont repensées. « Celui qui va effectuer par tous les temps des contrôles d’alcoolémie dans la nuit du samedi au dimanche mérite certainement une prime. Mais il existe toute une série d’indemnités que nous devons oser remettre en question. »
Il n’y a pas que le système des primes qui fait débat à la police actuellement. A Lierre, le chef de corps a décidé d’imposer à ses hommes des objectifs chiffrés à atteindre en matière de procès-verbaux. « Ce n’est pas la bonne voie », a réagi lundi Annemie Turtelboom, soulignant que la police pouvait également rendre des services sans obligatoirement dresser un procès-verbal.
La Fédération Royale des Officiers et Hauts Fonctionnaires de la Police organise aujourd’hui une journée d’étude traitant de l’influence du système de rémunération sur le fonctionnement de la police.
« Une déclaration de guerre »
Penser toucher au système indemnitaire des policiers de terrain équivaut à une déclaration de guerre, a affirmé lundi le SLFP-Police dans un communiqué. L’idée même d’une réduction des indemnités est qualifiée d’inacceptable par le syndicat qui indique qu’un objectif aussi hypocrite dessert complètement le service à la population.
Le SLFP-Police estime que M. Grootaers use d’abord d’un mélange intellectuellement malhonnête de différents éléments. Le syndicat explique notamment que de nombreuses indemnités viennent du statut dit transitoire, à savoir la partie du statut qui a été mise en oeuvre pour amalgamer les différents corps de police au moment de la réforme et qui est appelée à disparaître.
En outre, le système indemnitaire pour les prestations irrégulières n’est en rien différent de celui des autres secteurs où l’on travaille la nuit, dehors, au risque de sa vie, précise le SLFP-Police.
Le syndicat conteste également la comparaison effectuée entre les revenus générés par les prestations irrégulières et les revenus d’un chef de corps.
Par ailleurs, le SLFP-Police regrette les sorties dans la presse qui visent à la remise en question du système indemnitaire.
Le Vif.be, avec Belga