En Flandre comme en Fédération Wallonie-Bruxelles, nos gouvernants n’ont toujours pas pris la pleine mesure des ambitions éducatives qu’imposent les défis sociaux, environnementaux, technologiques et culturels. Or, l’école conditionne la nature démocratique d’une société.
Elle ne doit donc pas « adapter » les élèves à la société ou à l’économie, mais doit leur fournir des outils pour inventer et construire collectivement une société qui ne soit pas fondée sur l’inégalité et la compétition. Qui décidera de quoi demain sera fait? Quelques spécialistes ? Des puissances économiques ? Ou bien tous les citoyens ? Tel est l’enjeu.
Voilà pourquoi nous, soussignés, rejetons tant un repli sur une école inégalitaire et sélective au nom de « l’excellence » que des ambitions limitées aux « compétences de base » ou à l’accès au marché du travail.
1.Comprendre le monde dans toutes ses dimensions. On ne peut se satisfaire ni de quelques bases ni d’une spécialisation étroite. C’est pour cela que tous les élèves doivent bénéficier à la fois d’une solide formation « classique » et d’une éducation polytechnique afin de comprendre le monde dans toutes ses dimensions — historique, scientifique, technologique, économique, sociale, philosophique,… — et à travers une multitude de langages : oral, écrit, mathématique, algorithmique, artistique, corporel,…
2. 15 élèves par classe en début de scolarité. Tous les élèves ou presque sont capables de recevoir cette éducation ambitieuse. Cependant il faut donner aux enseignants le temps de les aider à construire un rapport positif au travail et aux savoirs scolaires. Pour cela, la première exigence est une réduction drastique du nombre d’élèves par classe en début de scolarité, condition sine qua non pour empêcher tout décrochage de s’installer.
3. Une école ouverte. Un rapport positif à l’école suppose que celle-ci soit un lieu de vie ouvert en dehors des heures de cours et proposant une variété d’activités allant de l’aide aux devoirs jusqu’au sport, au bricolage, au jardinage, à la danse ou à la culture. Cela implique évidemment du personnel d’encadrement supplémentaire. L’école doit en outre devenir un milieu d’éducation aux valeurs de coopération et de solidarité. Elle doit aussi offrir des conditions matérielles dignes d’une société moderne : des bâtiments durables, des classes agréables, des réfectoires avec des repas sains, des lieux de détente et de travail variés.
4. En finir avec les ségrégations. Le droit à l’éducation devrait impliquer l’assurance d’une école de qualité, ouverte sur la diversité sociale et ethnique, tout le contraire donc d’une école « ghetto ». Il appartient aux pouvoirs publics de proposer aux parents — sans obligation — une place garantie dans un établissement, en veillant à la fois à la proximité école-domicile et à la mixité sociale. Un tel système briserait le cercle vicieux de la ségrégation scolaire. Celle-ci est en effet, d’une part, l’une des causes essentielles des inégalités entre écoles et entre élèves d’origines différentes et, d’autre part, aux antipodes d’un projet éducatif démocratique. Ce droit vaut évidemment aussi pour les enfants porteurs d’un handicap.5. Vers un tronc commun structurel jusqu’à 15 ans. Si les mesures ci-dessus sont mises en oeuvre, il sera alors possible de réduire les écarts entre élèves. On pourra dès lors s’engager sur le chemin d’un véritable « tronc commun » en retardant l’âge du choix. Mais cela supposera de séparer structurellement le secondaire inférieur des années de spécialisation en créant un premier degré secondaire autonome. D’autre part, même après 15 ans, il faudra veiller à ce que les élèves de toutes les filières continuent de bénéficier d’une solide formation générale.
6. Laisser les enseignants enseigner. Les instituteurs et professeurs n’ont pas besoin qu’on leur dicte une façon d’enseigner. Ils n’ont pas besoin qu’on leur impose l’usage de technologies à la mode. Ils n’ont pas besoin qu’on multiplie à l’excès les batteries de tests standardisés. Ils n’ont pas besoin qu’on les enferme dans des contrats d’objectifs ou un « management » inspiré du secteur privé. Ce qu’ils demandent, ce sont de bonnes conditions de travail, un minimum de respect, un salaire décent, des référentiels clairs et la liberté de les mettre en oeuvre au terme d’une solide formation initiale. 7. Un financement suffisant et juste. Tout ceci coûte cher ? Certainement mais les enjeux l’exigent. Notre pays doit revoir les conditions de financement de son enseignement et briser les carcans où il est enfermé depuis trente ans. Faire en sorte aussi que chaque enfant, qu’il soit Flamand, Bruxellois ou Wallon, bénéficie d’une éducation de même qualité, dans les mêmes conditions.
Signez cette pétition sur www.skolo.org. Vous y trouverez également un argumentaire et un développement de ces points.
Premiers signataires francophones
Blumfarb Danièle, Présidente Education populaire – Mouvement Freinet
Bruggeman Eric, Infor Jeunes
Carly Geoffroy, CEMEA
CGSP Enseignement Liège, Secrétaire régional CGSP Enseignement Liège
Coenen Jean-Pierre, Ligue des droits de l’enfant
De Smet Noelle, CGé
Delplanque Jean-Noël, Président CSC-E secteur secondaire Bruxelles
Delvaux Bernard, GIRSEF
Deruette Serge, Professeur à l’UMONS, Président de l’Ecole des Sciences Humaines et Sociales de l’UMONS
Detroux Léon, Président CRB de la fédération CSC Bruxelles
Durand Pascal, Professeur ULiège, Philosophie et Lettres
Education Populaire – Mouvement Freinet, Blumfarb Danièle, Dumont Jean, Berghmans Grégory, Dor Françoise, Gaiatto Virginie, Jacobs Claudine, Landroit Henry, Marigliano Stéphanie, Meert Emmanuelle (C.A. d’Education Populaire – Mouvement Freinet).
Eloy Eugénie, Ex-inspectrice, membre du GBEN
Ernst Eugène, Ancien Secrétaire Général de la CSC Enseignement
Fanara Antonio, Secrétaire régional FGTB Métal
GBEN, Groupe Belge d’Education Nouvelle/Ligue internationale d’Education Nouvelle
Gillis Pierre, Physicien, professeur honoraire à l’UMONS, ancien président du Centre Interfacultaire des Sciences et de la Médecine
Gouverneur Jacques, Professeur émérite UCL
Hambye Philippe, Sociolinguiste, UCL
Hirtt Nico, Enseignant retraité, Président de l’Aped
Kerckhofs Jean-Pierre, Enseignant, Député PTB
Lacroix André, ex-Président du SEL-SETCa
Landroit Henry, Militant Freinet, Membre du C.A. d’Education Populaire – Mouvement Freinet
Liesenborghs Jacques, ancien sénateur Ecolo
Mahy Christine, Réseau Wallon de Lutte contre la pauvreté
Manil Jean-François, Maître d’école, Docteur en sciences de l’éducation, membre du GBEN (Groupe belge d’Education Nouvelle – LIEN)
Maquoi Joseph, Inspecteur de l’enseignement à la retraite et formateur d’enseignants
Marage Pierre, physicien, prof. hon., ancien doyen de la Faculté des Sciences, ancien vice-recteur, ULB
Morelli Anne, Professeure honoraire de Didactique de l’histoire-ULB
Mouvet Bernadette, Professeure honoraire de la faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’université de Liège (ancienne directrice du service de Méthodologie des Innovations scolaires)
Pepinster Charles, Fondateur du Groupe Belge d’Education Nouvelle (GBEN), ex-inspecteur, instituteur
Rosier Jean-Maurice, professeur honoraire, ancien directeur du centre de méthodologie et de didactique du français de l’ULB
Ryckoort Vincent, président CSC-E région bruxelloise
Siroux Jean-Louis, Sociologue ULB
Stengers Isabelle, Philosophe, ULB
Thirion Nicolas, Professeur ULiège, droit, science politique et criminologie
Premiers signataires néerlandophones
Baert Herman, Prof. Em KU Leuven, Centrum voor Professionele Opleiding en Ontwikkeling en Levenslang Leren (POOLL°
Blommaert Jan, professor taalkunde – superdiversiteit U Tilburg + U Gent
Coulier Jo, voorzitter ACOD Onderwijs
De Clus Johan, docent opleiding Sociaal Werk Arteveldehogeschool Gent
De Leersnyder Jozefien, Onderzoeksprofessor Sociale en Culturele Psychologie, KU Leuven
De Maegd Katrien, lerarenopleider, Opleidingsvoorzitter Lager en Kleuteronderwijs Hogent
De Witte Kim, Vlaams Parlementslid (PVDA)
Denys Kris, leraar Tweedekansonderwijs (TKO) en beleidsmedewerker middelbare Freinetschool Keerpunt
Dumortier Frans, oud leraar Nederlands, Dichter des Vaderlands Charles Ducal
Dumoulyn Jan, professor Geschiedenis UGent
Glorieux Ignace, Prof. VUB, onderzoeksgroep TOR
Lamrabet Rachida, Schrijfster en juriste
Laquiere Marc, secretaris FMV (Federatie Marokkaanse Verenigingen); pedagogisch raadgever IQRA-school
Laurijssen Ilse, pst-doctoraal onderzoeker, onderzoeksgroep TOR, VUB
Libert Nancy, algemeen secretaris ACOD Onderwijs
Loopmans Maarten, Prof. KU Leuven afdeling Geografie en Toerisme
Mahieu Paul, Prof. Em. Onderwijswetenschappen UAntwerpen
Masschelein Jan, professor KU Leuven fac. psychologie en pedagogie
Meeussen Loes, KU Leuven culturele psychologie
Mortier Freddy, Prof., gewezen vicerector UGent
Naert Jan, lector Arteveldehogeschool orthopedagogie – vzw Jong
Nicaise Ides, professor Onderwijs en Samenleving, KULeuven
Simons Maarten, professor KU Leuven – Educatie, Cultuur en Samenleving
Stappaerts Frank, ere-inspecteur NCZ
Swyngedouw Marc, professor Centrum Sociologisch onderzoek KU Leuven
Triest Monika, Prof. Em Vrouwenstudies Universiteit Amsterdam; oprichter Pedagogisch Centrum provincie Antwerpen
Van Avermaet Piet, professor Steunpunt Diversiteit U Gent
Van Maldeghem Hendrik, vakdidacticus Wiskunde UGent
Vandepitte Marc, leraar, filosoof, opiniemaker
Vanqaethem Anne, schoolhoofd Vlaamse Onafhankelijke Methodeschool
Verschueren Jef, « professor Em. UA Antwerpen Taalkunde
Secretary General, International Pragmatics Association (IPrA) »
Zahidi Karim, wijsbegeerte UA UGent