Le Samusocial de Bruxelles a indiqué lundi ne plus avoir, lui non plus, les moyens d’aider les nombreux migrants qui dorment en rue faute d’avoir pu obtenir un hébergement au sein des infrastructures de Fedasil, l’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile.
La semaine passée, de nombreuses associations de soutien aux migrants ont déjà alerté sur cette « crise de l’accueil ». Elles ne parviennent plus à trouver des solutions pour tous les migrants contraints de dormir dehors, notamment de nombreux mineurs étrangers non accompagnés (Mena).
« Comme chaque soir, nous jouerons notre rôle humanitaire et, à défaut de pouvoir offrir un hébergement, nous accompagnerons ces personnes dans la mesure de nos moyens, avec des distributions d’eau, de nourriture, de couvertures… », a déclaré le Samusocial.
Une quarantaine d’enfants à la rue
« La situation qui prévaut aujourd’hui inquiète. Selon nos dernières informations, une quarantaine d’enfants se retrouveront à la rue aujourd’hui dès 17h00, ainsi que plusieurs dizaines de familles. Les organisations du Hub humanitaire se préparent à les équiper pour vivre en rue pendant les jours et les semaines à venir », a communiqué la structure bruxelloise qui s’occupe de l’aide urgente aux sans-abri.
Le secteur associatif est à bout de souffle, alerte-t-elle. « L’heure n’est plus aux tergiversations politiques. Des familles, des enfants, des femmes et des hommes sont abandonnés à leur sort par la Belgique. Chaque nuit passée en rue est une nuit de trop », a dénoncé le Samusocial.
« C’est le gouvernement en place qui en porte l’entière responsabilité. Nous attendons des actes concrets et pragmatiques, à la mesure de la crise humanitaire qui se déroule sous nos yeux alors que l’hiver approche. Des décisions courageuses doivent être prises par notre gouvernement qui, quel que soit son agenda politique, a le devoir de respecter la loi et les conventions internationales en matière d’accueil des demandeurs de protection internationale ».
Personnes prioritaires
La plateforme citoyenne BelRefugees, Médecins sans frontières, Médecins du monde, l’ASBL Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers (Ciré) et Vluchtelingenwerk se sont associés à ce cri d’alarme. La semaine dernière, 30 enfants âgés de 15 à 17 ans et 30 femmes ont dû être accueillis au sein des dispositifs de la plateforme Citoyenne, alors qu’il s’agit de personnes prioritaires pour obtenir une place d’accueil à Fedasil.
De leur côté, Vluchtelingenwerk Vlaanderen et le Samusocial ont elles aussi accueilli des migrants laissés en rue, notamment plus de 125 personnes en famille. Ces associations se disent aujourd’hui « à bout de force et de moyens », affirmant ne plus avoir les capacités de pallier les failles du système belge d’accueil des réfugiés.
Fedasil à nouveau incapable de fournir un abri à tous les mineurs lundi
Fedasil, l’agence fédérale en charge de l’accueil des demandeurs d’asile a, ce lundi, de nouveau été incapable de fournir un abri à tous les demandeurs, y compris à des supposés mineurs d’âge. Au total, une trentaine de jeunes se retrouvent à la rue.
Fedasil disposait lundi de 91 places d’hébergement pour des demandeurs d’asile en contexte familial et de 20 places pour des mineurs non accompagnés (Mena). Une cinquantaine d’entre eux ont demandé l’asile lundi. Pour trente de ces mineurs, il y avait un doute sur leur âge.
« Nous ignorons combien d’entre eux avaient une demande d’hébergement. De toute façon, nous ne pouvons pas les héberger aujourd’hui. Nous les avons orientés vers le service de tutelle pour procéder à un test afin de déterminer leur âge exact. Nous demandons à ce service de s’en occuper prioritairement. Nous essaierons ensuite de trouver une solution pour ceux qui parmi ces jeunes s’avèrent être des mineurs, dans les prochains jours », explique Mieke Candaele, directrice de la Communication auprès de Fedasil.
Il est difficile d’avoir une vue d’ensemble des besoins en places d’accueil, reconnaît Fedasil qui travaille depuis le Petit Château alors que les enregistrements se font désormais au département « Immigration » du centre Pacheco. En outre, il y a chaque jour des personnes qui n’ont pas besoin d’un abri ou qui n’en font pas la demande, précise l’agence fédérale.