À l’approche de l’année électorale 2024, le PTB a fait valoir dimanche ses politiques dans les communes de Zelzate et Borgerhout, les deux seules entités du pays où il participe au pouvoir, tout en revendiquant aussi des succès là où il demeure dans l’opposition.
« Nous avons besoin de plus de Zelzate et de Borgerhout« , a lancé le président du Parti du Travail de Belgique, Raoul Hedebouw, lors d’une réception de nouvel an à Anderlecht, au cours de laquelle il est revenu sur plusieurs projets menés dans la commune de Flandre orientale et le district anversois.
L’occasion pour lui d’attaquer le président de la N-VA et bourgmestre d’Anvers Bart De Wever, qu’il soupçonne de préparer une alliance en 2024 avec le Vooruit de Conner Rousseau. « A Zelzate et à Borgerhout, les Robins des Bois de la politique belge sont à l’œuvre. La crainte de Bart De Wever, c’est que ces modèles deviennent en vogue et s’exportent à tout le pays. Et qu’en 2024, de plus en plus de gens voient dans notre politique chaleureuse une solution de rechange à l’austérité froide de la N-VA« , a affirmé M. Hedebouw, dont le parti revendique aujourd’hui 24.000 membres. Quant à Vooruit, « il est difficilement compréhensible qu’un parti soi-disant progressiste fasse tout pour accrocher sa caravane à la voiture de Bart De Wever« .
Dans l’opposition à tous les autres niveaux de pouvoir, les communistes n’en revendiquent pas moins des succès. Pour Raoul Hedebouw, c’est sous pression du PTB que les autorités ont adopté le Fonds Blouses Blanches et le relèvement de la pension minimum, abandonné la « Turteltaks » en Flandre et baissé la TVA sur l’énergie. « Et nous ne permettrons pas que le gouvernement Vivaldi relève les accises« , a ajouté le président du parti d’extrême gauche, dont le discours a largement ignoré les politiques menées par les gouvernements en place à Bruxelles et en Wallonie.
Objectif 2024
Ce n’est que pour dénoncer la libéralisation du secteur de l’énergie et l’échec du maintien de prix bas que Raoul Hedebouw s’en est pris nommément à l’ensemble de ses adversaires, accusés d’avoir été « les apôtres du néolibéralisme »: « les Georges-Louis Bouchez du 20e siècle n’étaient pas les seuls à en vouloir; Vooruit, le PS, Ecolo, le cdH, le CD&V, Groen, l’Open Vld et même le Vlaams Belang, ils étaient tous pour« , a-t-il assuré. Le PTB réclame un vrai blocage des prix de l’énergie.
Devant plusieurs dizaines de militants, le tribun a abordé sous l’angle de la jeunesse les thématiques climatique, migratoire ou anti-racisme, soulignant l’importance des actions menées par les jeunes. Il a évoqué la guerre en Ukraine en s’abstenant des traditionnelles attaques contre l’OTAN, mais en dénonçant « l’extension des sphères d’influence de pouvoirs impérialistes ».
Une grande partie du discours présidentiel aura porté sur le nord du pays, où le parti peine à percer: le dernier « Grand Baromètre » y place le PTB à la 6e place, alors qu’il le voit à la 4e à Bruxelles et à la 3e en Wallonie. Convoitant ouvertement un électorat populaire antisystème ainsi que la jeunesse, l’extrême gauche aura à peine égratigné l’extrême droite du Vlaams Belang.
Quant au sud du pays, après l’échec des pourparlers de participation au pouvoir avec le PS dans plusieurs villes en 2018 puis au niveau régional en 2019, le PTB serait-il davantage disposé à des compromis en 2024? « Oui, au niveau communal certainement », a répondu Raoul Hedebouw à Belga, citant des communes comme Seraing, Herstal ou Charleroi. Mais à d’autres niveaux de pouvoir comme la Région ou le Fédéral, « de manière réaliste, il faut reconnaître que ce serait plus difficile, car la rupture à ces niveaux-là, on ne la sent pas », a-t-il ajouté, disant attendre le rapport de forces qui sortira des urnes.