L’assassinat du président du Parti communiste belge Julien Lahaut, le 18 août 1950, a été commandité au sein du réseau anticommuniste d’André Moyen, qui pourrait avoir été soutenu par la haute finance et protégé par des soutiens policiers et à la Sûreté de l’Etat, ressort-il du rapport d’enquête du Ceges (Centre d’étude Guerre et Sociétés contemporaines), présenté mardi au Sénat.
Julien Lahaut a été tué à son domicile de Seraing, une semaine après le « Vive la République » lancé au Parlement lors de la prestation de serment du roi Baudouin. Ce cri a été attribué à Julien Lahaut, même s’il pourrait avoir été lancé par le député carolo Georges Glineur.
La thèse d’un assassinat perpétré par des léopoldistes a longtemps tenu la rampe, jusqu’à une première étude scientifique en 1985. Rudi Van Doorslaer et Etienne Verhoeven y pointaient du doigt des réseaux de renseignement anticommunistes, nés dans les prémisses de la Guerre froide en marge des services de renseignement officiels. Deux auteurs potentiels de l’assassinat de Lahaut y étaient identifiés.
La nouvelle enquête scientifique lancée en 2011 par le Ceges conclut que la trame de fond de l’assassinat n’est pas la Question royale mais bien la Guerre froide.
Emmanuel Gérard, Widukind de Ridder et Françoise Muller pointent du doigt l’agent de renseignement anticommuniste André Moyen, dont certaines activités ont été financées par des grandes entreprises comme la Société générale, l’Union minière ou Brufina, inquiètes d’un risque de déstabilisation due aux tensions sociales auxquelles participaient Julien Lahaut. Des documents disponibles au sein de certaines archives policières ou à la Sûreté de l’Etat n’auraient jamais circulé entre services.