P. Diddy
© Getty Images

Ouverture du procès de P. Diddy: le ponte du rap visé par plus d’une centaine de plaintes pour violences sexuelles

Le Vif

Le procès de P. Diddy, accusé notamment de trafic à des fins d’exploitation sexuelle, d’enlèvement et de corruption, s’est ouvert ce lundi. Le rappeur américain originaire de New York fait l’objet de plus d’une centaine de plaintes de femmes et d’hommes, parmi lesquelles son ex-compagne, la chanteuse Cassie.

Lundi s’est ouvert le procès de P. Diddy, figure centrale et influente du hip-hop accusée d’avoir mis son empire au service d’un système violent et sans pitié de trafic sexuel. Comme un symbole de la chute du rappeur, son procès s’est ouvert le même jour que le célèbre Met Gala de New York, rendez-vous mondain par excellence où il avait encore monté les marches en 2023, au milieu de dizaines d’autres célébrités.

Cette première journée a été consacrée à la sélection du jury. Les jurés potentiels se sont vus poser la question de savoir s’ils pensaient être en mesure de se prononcer de manière impartiale sur des personnes soupçonnées d’infidélité, de consommation et distribution de drogue, ou de liens avec le monde du hip-hop. Un candidat pour le jury a ainsi été écarté après avoir déclaré que son épouse «n’aimait pas» P. Diddy et trouvait son comportement «perturbant». Après un marathon de questions, écrites et orales, soumises par le juge Arun Subramanian, dix-neuf jurés potentiels ont été identifiés. La sélection se poursuit ce mardi.

Le juge du tribunal fédéral de Manhattan a indiqué s’attendre à un début des plaidoiries le 12 mai pour ce procès qui devrait s’étaler sur huit à dix semaines.

Une industrie musicale gangrénée?

P. Diddy, de son vrai nom Sean Combs, est jugé pour trafic à des fins d’exploitation sexuelle, transport de personnes à des fins de prostitution, ainsi que des actes d’enlèvement, corruption et de violences regroupés sous l’inculpation d’entreprise criminelle. Selon l’accusation, P. Diddy obligeait ses employés à distribuer des drogues aux victimes lors de ces marathons sexuels appelés «freak-offs», parfois enregistrés en vidéo.

Le rappeur, écroué dans le centre de détention métropolitain (MDC) de Brooklyn, était apparu vieilli lors d’audiences préliminaires. Clamant son innocence, P. Diddy a refusé un accord de plaider-coupable proposé par l’accusation, dont les détails n’ont pas été révélés. Le rappeur assure n’avoir eu que des relations sexuelles consenties. Son avocat Marc Agnifilo a évoqué un mode de vie «échangiste».

L’affaire secoue l’industrie musicale américaine, qui a plutôt échappé à la vague #MeToo, à l’exception de la vedette déchue du R&B R. Kelly, condamné à 30 ans de prison pour crimes sexuels en 2022. «J’espère que [le procès] incitera d’autres victimes à se manifester», a commenté Caroline Heldman, cofondatrice de l’organisation Sound Off Coalition, qui lutte contre les violences sexuelles dans l’univers de la musique. Selon elle, l’industrie musicale est encore un monde où se mélangent «les effets de la célébrité et du pouvoir sur les gens. Cela leur procure un déficit d’empathie, et le sentiment que les règles ne s’appliquent pas à eux

L’ascension fulgurante avant la chute brutale

Connu sous les pseudonymes Puff Daddy, P. Diddy, ou simplement Diddy, Sean Combs a fait ses premiers pas professionnels dans le monde de la musique en 1990 en intégrant le label Uptown Records, où il signera notamment Mary J. Blige. Il en deviendra le directeur avant de cofonder son propre label, Bad Boy Records, avec lequel il signera feu The Notorious B.I.G. Ces quelques années signent le début de l’ascension vers les sommets du New-yorkais. En 1997, il raflera le Grammy du Meilleur disque pour No Way Out, son premier album commercial.

Néanmoins, malgré cette notoriété fulgurante et ses efforts pour cultiver l’image d’homme affaires avisé, la carrière de P. Diddy est très rapidement entachée de scandales. Le rappeur et producteur américain est qualifié d’homme violent, ce qui lui vaudra plusieurs plaintes, aussi bien d’homologues masculins que de femmes. Parmi ces plaintes, celle de l’ex-chanteuse de R&B, Cassie, avec qui le producteur a été en couple durant une dizaine d’années.

La jeune femme accuse Sean Combs de viols et de violences répétées à son égard. Les documents judiciaires consultés par le New York Times stipulent que le rappeur new-yorkais l’a «souvent frappée à coups de poing, de pied, tapée, piétinée avec pour résultats des contusions, lèvres éclatées, yeux au beurre noir et saignements». La plainte déposée par Cassie évoque également du «trafic sexuel».

Plus d’une centaine de plaintes contre P. Diddy

Le témoignage de Casandra Elizabeth Ventura, de son vrai nom, est l’un des plus attendus de ce procès. Une vidéo captée par des caméras de surveillance en 2016 et diffusée l’an dernier par CNN avait montré Sean Combs en train de se déchaîner violemment contre elle. On l’y voit, essuie autour de la taille, courir après Cassie, chargée de sacs, dans les couloirs d’un hôtel de Los Angeles. Il l’attrape par le pull, la jette par terre et l’assène de coups de pied avant de la traîner sur le sol.

Malgré un mea culpa diffusé sur les réseaux sociaux, plusieurs nouvelles plaintes sont déposées contre le producteur. Des perquisitions ont lieu dans plusieurs de ses propriétés, où seront retrouvées plus d’un millier de bouteilles de lubrifiant. Le 16 septembre 2024, il est finalement arrêté à Manhattan. En prison depuis son arrestation, il y a huit mois, P. Diddy croule sous les accusations de violences sexuelles de plus d’une centaine de femmes et d’hommes devant la justice civile.

(Avec AFP)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire