Nicolas Sarkozy a été reconnu coupable d’association de malfaiteurs dans l’affaire des soupçons de financement lybien. Claude Guéant et Brice Hortefeux, deux proches de l’ancien président français, ont également été jugés coupables. La juge doit encore prononcer leurs peines.
L’ancien président français Nicolas Sarkozy a été jugé coupable, jeudi, d’association de malfaiteurs. La présidente du tribunal, Nathalie Gavarino, a expliqué qu’il était coupable d’«avoir laissé ses proches collaborateurs (…) agir en vue d’obtenir des soutiens financiers» de la part du régime libyen. Elle l’a en revanche relaxé des faits de recel de détournement de fonds publics libyens, de corruption passive et de financement illégal de campagne électorale.
Quant à ses deux anciens proches collaborateurs, Claude Guéant et Brice Hortefeux, ils ont également été reconnus coupables. Le premier de corruption passive et de faux, le second pour association de malfaiteurs.
Suite à la mort, au Liban, mardi, d’un des prévenus et protagoniste-clé du dossier, Ziad Takieddine, le tribunal a par ailleurs constaté l’extinction de l’action publique à son encontre.
Les représentants du parquet national financier (PNF) avaient réclamé, fin mars, sept ans de prison, l’accusant d’avoir noué un «pacte de corruption faustien avec un des dictateurs les plus infréquentables de ces 30 dernières années». Ils avaient également requis à son encontre 300.000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité. Les peines seront toutefois connues ultérieurement, la lecture du jugement de 400 pages devant durer plusieurs heures.
En cas de condamnation, il est fort probable que Nicolas Sarkozy fasse appel de cette décision, ce qui repousserait vraisemblablement de plusieurs mois la menace de la prison.
Le cinquième procès en cinq ans
C’est le 6 janvier dernier que s’est ouvert ce procès très médiatique. Outre Nicolas Sarkozy, douze autres prévenus étaient accusés d’implication dans cette affaire, dont le dictateur Mouammar Kadhafi, tué en 2011 par des opposants. L’ancien président français était alors soupçonné d’avoir scellé, par l’intermédiaire de Brice Hortefeux et Claude Guéant, un «pacte de corruption» avec le dirigeant lybien.
Selon l’accusation, le principal intéressé aurait favorisé, en échange de pots-de-vin, le retour sur la scène internationale de la Libye et se serait engagé à absoudre le beau-frère de Kadhafi, Abdallah Senoussi, condamné à la perpétuité pour son rôle dans l’attentat du DC-10 de l’UTA qui avait coûté la vie à 170 personnes en 1989. Pour les procureurs, M. Sarkozy a été aussi bien un «commanditaire» qu’un bénéficiaire de ce financement.
L’ex-président de la République a bien sûr toujours nié les accusations portées à son encontre, évoquant une «construction artificielle imaginée» par la partie adverse. Ses avocats affirmaient alors qu’il s’agissait d’un mensonge du clan Kadhafi pour se venger de lui. Pour Nicolas Sarkozy, la peine réclamée par le PNF était outrancière et avait pour unique but de «masquer la faiblesse des charges alléguées».
Ce procès a été le cinquième en cinq ans pour Nicolas Sarkozy. Avant cela, l’ancien président de la République avait déjà été condamné à trois ans, dont un an ferme sous bracelet électronique, dans le dossier Bismuth, ainsi qu’à un an de prison, dont six mois ferme, en appel dans le dossier Bygmalion portant sur sa campagne électorale de 2012. Dans cette dernière affaire, l’homme politique s’est pourvu en cassation. La Cour de cassation, plus haute juridiction de l’ordre judiciaire français, examinera ce pourvoi le 8 octobre prochain.
(Avec AFP)