Le ministère de l’Intérieur français a constaté une centaine de cas suspects et redoute le retour des piqûres en soirée, qui avait déjà inquiété les foules en 2023.
Plus d’une centaine de femmes victimes de « piqueurs » ont été recensés durant la Fête de la musique, grand évènement organisé à travers toute la France chaque année, suite à des appels sur les réseaux sociaux, selon le ministère de l’Intérieur dimanche. Dans la nuit de samedi à dimanche, et à la suite de publications sur les réseaux sociaux appelant à « attaquer et à piquer des femmes lors de la Fête de la musique », 145 victimes de piqûres se sont manifestées, a précisé le ministère de l’Intérieur.
La préfecture de police de Paris a ainsi relevé 21 cas en région parisienne, dont 13 à Paris, sans pouvoir dire avec quoi les personnes ont été piquées. « Certaines victimes ont été prises en charge dans des hôpitaux afin de subir des analyses toxicologiques », a ajouté le ministère.
Le mystère reste absolu sur la composition des piqûres
A Paris, trois enquêtes ont été ouvertes après qu’une adolescente de 15 ans, un jeune de 18 ans et une femme ont signalé avoir été victimes de piqûres dans trois lieux différents de la capitale, a indiqué le parquet. Tous les trois ont été pris de malaises. Douze personnes, soupçonnées d’être les auteurs de piqûres, ont été interpellées en France, selon le ministère.
Au-delà de ce phénomène des piqûres, 371 personnes ont été interpellées au cours de la soirée, dont 89 à Paris.
Il y a deux ans, une vague de piqûres était apparue en France, semant l’inquiétude lors des rassemblements festifs, . Le phénomène s’était exporté en Belgique et les enquêtes s’étaient révélées infructueuses. Le Vif avait enquêté sur le sujet et Corinne Charlier, Cheffe du service de toxicologie clinique, médicolégale, de l’environnement et en entreprise au CHU Sart-Tilman et professeure à l’ULiège, s’interrogeait également sur le phénomène. «Dans ces cas de suspicion, plusieurs choses sont perturbantes. Notamment le fait que ces injections furtives ne peuvent se faire que dans le muscle ou dans la graisse et pas par voie intraveineuse. Il faut donc imaginer un produit stable, qui agit rapidement et à faible concentration. On peut s’étonner que les analyses toxicologiques effectuées jusqu’à présent soient négatives, mais il n’est pas impossible que ces piqûres renferment autre chose qu’un médicament psychotrope ou un stupéfiant. De l’insuline, par exemple. Il faut être certain que le laboratoire qui effectue l’analyse a mis en œuvre des techniques suffisamment sophistiquées pour espérer mettre en évidence le plus grand nombre de substances possible. En effet, les techniques rapides ne permettent que d’identifier quelques classes de médicaments et de stupéfiants, comme la cocaïne, mais il existe plusieurs centaines de molécules susceptibles de se retrouver dans le sang ou l’urine.» «Idéalement, raisonne encore l’experte médicolégale, toutes les analyses devraient être confiées à des centres de toxicologie judiciaire utilisant les mêmes approches analytiques pour permettre une comparaison des résultats obtenus auprès des différentes victimes.»