Le gouvernement wallon procède actuellement à l’évaluation de l’action de la Région et de ses services après les dernières inondations. En fonction de celles-ci, il déterminera les améliorations qu’il apportera éventuellement au plan Pluies, a indiqué le ministre-président Rudy Demotte en réponse à de nombreuses interpellations au parlement wallon.
M. Demotte a toutefois ouvert quelques pistes. Une réflexion est en cours sur l’adoption d’un règlement régional d’urbanisme en vue de restreindre plus encore les conditions d’urbanisation dans les zones à risque. La cartographie des zones inondables est également actualisée et tiendra compte des dernières inondations.
Faudra-t-il pour autant rendre ces cartes contraignantes? L’opposition MR s’est montrée réticente, invoquant les difficultés pratiques d’une telle mesure. « J’insiste sur l’importance de laisser une certaine liberté. Et aux communes! Et aux habitants! Je préfère l’information et la responsabilisation à la contrainte », a expliqué Florence Reuter.
Le ministre-président est revenu sur le problème de concertation qui s’est posé avec le niveau fédéral et le Flandre sur l’ouverture de la vanne de Lembeek. Il a dû en effet intervenir personnellement auprès de la ministre de l’Intérieur pour qu’une réunion d’urgence entre experts ait lieu mais il a relativisé la portée communautaire de l’incident. « Ce n’est pas un problème communautaire mais bien un problème de procédure avec le fédéral auquel nous avons été confrontés. C’est un problème isolé mais qui a revélé la nécessité d’améliorer le dispositif », a-t-il fait remarquer.
Au-delà des actions entreprises ou à entreprendre, M. Demotte a rappelé le caractère tout à fait exceptionnel de ces inondations: la période de retour pluricentennale (la probabilité que le phénomène se reproduise) va de 500 ans pour la Dyle à plus de 1000 ans pour la Senne. « Le risque zéro n’existe pas. Aucun gouvernement n’a le pouvoir d’arrêter la pluie », a-t-il ajouté.
Le sujet de ces inondations est vaste et suscite un grand nombre de questions dont le débat parlementaire s’est fait l’écho. Xavier Desgain (Ecolo) a rappelé le contexte global des changements climatiques.
Edmund Stoffels (PS), Maxime Prévot (cdH), Florence Reuter (MR) et Jean-Paul Wahl (MR) ont évoqué la nécessité de centraliser la gestion des cours d’eau, le centriste et les réformateurs faisant remarquer qu’en 2004, un décret a transféré les cours d’eau provinciaux à la Région mais qu’il n’a toujours pas été mis en oeuvre. « Les provinces n’investissent plus et la Région pas encore », a souligné M. Wahl.
Le ministre des Travaux publics, Benoît Lutgen, a pris contact avec les autorités provinciales et les a invitées à poursuivre leurs investissements, la Région s’engageant à les prendre en compte, a assuré M.
Demotte.
L’urbanisation massive et ses effets sur la perméabilité des sols ont aussi été mis en cause. « Deux mille hectares sont urbanisés chaque année en Wallonie », a souligné Véronica Cremasco (Ecolo).
Le débat a donné lieu à des interventions plus personnelles, tant ces inondations ont eu des conséquences dramatiques sur certaines localités. Le Tubizien Benoît Langendries (cdH) a rappelé la situation de sa commune particulièrement sinistrée avec 400 maisons inondées dans le centre-ville. Jean-Luc Crucke (MR), bourgmestre de Frasne-lez-Anvaing, a raconté comment il avait été renvoyé de Charybde en Scylla lorsqu’il a demandé ce qui se passait avec une écluse à Oudenaarde.
Poussé dans ses derniers retranchements, il a finalement décidé de fermer la route entre Renaix et Tournai tant que le problème n’était pas résolu.
Le Vif.be, avec Belga