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FDF: André Lagasse « refusait que Bruxelles soit mise sous tutelle »

Les dirigeants du FDF ont souligné le rôle visionnaire d’André Lagasse, décédé hier à l’âge de 87 ans. « Il refusait que Bruxelles soit mise sous tutelle et il privilégiait l’unité de la Wallonie et de Bruxelles, si nécessaire au sein d’un Etat francophone capable de faire jeu égal avec l’Etat flamand », écrivent Antoinette Spaak, Georges Clerfayt et Olivier Maingain.

« Au moment où l’avenir de la Belgique est lourdement hypothéqué par le nationalisme flamand, ils veulent, disent-ils, rendre hommage à l’homme de convictions et d’une intégrité intellectuelle et morale remarquable qu’était André Lagasse ».

Par sa participation au Rassemblement pour le droit et la liberté du bâtonnier Van Rijn et à la création du FDF, André Lagasse n’a eu de cesse de plaider pour l’affirmation de Bruxelles comme région à part entière et l’unité des Francophones au sein de la Communauté française, rappellent-ils.

« Visionnaire, il appelait les Bruxellois et les Wallons à ne pas subir l’évolution institutionnelle de la Belgique mais à l’anticiper en décidant de leur destin. De la même manière qu’il n’a pas voulu subir le ‘Walen Buiten’ de Louvain et qu’il a très tôt préconisé l’implantation de l’UCL en terre wallonne, proche de Bruxelles, il refusait que Bruxelles soit mise sous tutelle et il privilégiait l’unité de la Wallonie et de Bruxelles, si nécessaire au sein d’un Etat francophone capable de faire jeu égal avec l’Etat flamand », soulignent encore ces personnalités.

Et de rappeler qu’« à la tête de l’Agglomération bruxelloise dans les années 70 et 80, il a fait face aux incessantes attaques de l’Etat central qui relayait la volonté de la Flandre nationaliste de s’accaparer Bruxelles. Sans la ténacité d’André Lagasse, la Région bruxelloise n’aurait jamais été créée et les Bruxellois ne seraient pas maîtres chez eux ».

Ils insistent aussi sur le fait qu’André Lagasse était « pétri des valeurs essentielles du Siècle des Lumières et de la Révolution française » et « ne pouvait concevoir son engagement politique que dans le respect le plus scrupuleux des libertés fondamentales et de l’Etat de droit ».

Ils rappellent enfin qu’il a oeuvré de manière déterminante au déploiement des institutions de la Francophonie pour qu’elles soient porteuses du rayonnement de la langue française sur tous les continents, et de solidarités plus justes entre le Nord et le Sud.

Le président du MR, Didier Reynders, a également rendu hommage à la forte personnalité d’André Lagasse. « Avec Jean Gol et Antoinette Spaak, André Lagasse a participé à la création de la Fédération PRL-FDF. A ce moment, j’ai eu l’occasion de partager avec lui son amour pour Bruxelles et son engagement pour un lien fort entre Francophones wallons, bruxellois et au-delà », a notamment déclaré M. Reynders.

Un grand humaniste et un visionnaire Au nom d’Ecolo, le secrétaire d’Etat bruxellois Christos Doulkeridis a rendu hommage au « grand humaniste » et au « visionnaire sur le rôle que devait jouer Bruxelles et son agglomération » qu’était André Lagasse.

M. Doulkeridis a souligné le rôle important joué par André Lagasse quand il s’agissait de défendre les francophones de Bruxelles et de créer un pont entre Bruxellois et Wallons. « Homme de droit, amoureux de la langue française, je rends également hommage au défenseur des libertés, lui qui a participé à la résistance pendant la seconde guerre mondiale. C’est assurément la perte d’un grand humaniste, investi mais également visionnaire sur le rôle que devait jouer Bruxelles et son agglomération », a déclaré M. Doulkeridis.

L’ancien ministre PS Jean-Maurice Dehousse a tenu pour sa part à rappeler qu’André Lagasse fut un des pères fondateur du FDF « dont on oublie trop souvent qu’il fut le premier parti régionaliste majoritaire dans une région ». Il insiste aussi sur le fait qu’il était professeur à l’Université catholique de Louvain, « dont il avait vécu le transfert forcé avec beaucoup de douleur ».

« Il contribua largement, aux côtés d’hommes tels que Lucien Outers et Léon Defosset et de femmes comme Antoinette Spaak, à l’essor du FDF et à l’infléchissement de la politique institutionnelle vers le fédéralisme. Il apporta son savoir considérable de juriste aux premiers efforts en ce sens et notamment aux travaux parlementaires qui jouèrent un rôle important dans la première des révisions constitutionnelles de l’après-guerre, celle de 1970 », écrit encore M. Dehousse dans un communiqué. « On lui doit beaucoup dans la décision d’inscrire les trois régions dans la Constitution, précaution qui fait sortir ses effets au cours des semaines actuelles », rappelle-t-il encore.

M. Dehousse conclut: « son rôle fut trop grand pour être résumé fidèlement mais évoquer sa silhouette et se souvenir de ses interventions, c’est immédiatement faire la comparaison entre un Parlement indépendant, celui d’hier, et un Parlement qui ne l’est plus, celui d’aujourd’hui, l’une des raisons de cette déchéance étant l’absence dans les enceintes parlementaires d’hommes ou de femmes qui aient l’envergure d’André Lagasse ».

Le Vif.be, avec Belga

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