Le Samusocial n’est plus en mesure d’accueillir les femmes victimes de violences conjugales. Depuis la nouvelle politique migratoire de l’Arizona, 1.500 personnes ont été refusées par le centre d’aide.
Le Samusocial est forcé de refuser l’accueil à des femmes victimes de violences conjugales avec enfants, a regretté mardi l’ASBL dans un communiqué. «Aujourd’hui, faute de moyens et face à l’ampleur des besoins, nous ne sommes plus en mesure de protéger ce public prioritaire», a expliqué Pierre Hublet, directeur opérationnel.
400 familles et 1.500 personnes refoulées par le Samusocial
L’association a également constaté une augmentation du nombre de demandes pour des places d’hébergement d’urgence pour familles depuis l’entrée en vigueur, début août, de la loi fédérale relative au retrait de l’aide matérielle pour certains demandeurs et demandeuses de protection internationale. Le gouvernement fédéral avait décidé que les demandeurs d’asile ayant déjà obtenu une protection dans un autre pays européen ne pouvaient plus prétendre à un accueil en Belgique. Le Samusocial affirme que «depuis cette date, nous avons dû refuser l’accueil à près de 400 familles, soit environ 1.500 personnes».
«La semaine dernière, nous avons dû demander à un couple avec leur petite fille de 18 mois de quitter le centre. Cela nous a permis d’héberger une autre famille avec trois enfants de 3, 5 et 7 ans.»
«Chaque jour, nous devons choisir quelle famille accueillir et laquelle laisser dehors», a témoigné Aude Khalfouni, responsable du centre d’accueil d’urgence pour familles à Schaerbeek. «La semaine dernière, nous avons dû demander à un couple avec leur petite fille de 18 mois de quitter le centre. Cela nous a permis d’héberger une autre famille avec trois enfants de 3, 5 et 7 ans, qui vivait à la rue depuis plusieurs jours. Toutes ces familles sont vulnérables, ce sont des arbitrages inhumains pour les équipes.»
«La politique la plus stricte jamais appliquée» fait déjà effet
La nouvelle directrice générale, Sarah de Liamchine, en poste depuis le 1er septembre dernier, a alerté les autorités sur la situation. «Nous sommes en discussion avec les pouvoirs subsidiants afin d’augmenter notre capacité d’accueil pour les familles. Nous attendons des réponses budgétaires dans les prochains jours du gouvernement (NDLR: bruxellois) en affaires courantes.»
Cette alerte du Samusocial intervient alors que le gouvernement fédéral a choisi de mener «la politique d’asile la plus stricte jamais appliquée», dans l’espoir de faire ainsi baisser le nombre de demandeurs d’asile. Mais, en raison des économies réalisées sur le réseau d’accueil de l’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil) et de la suppression de la prime pour les initiatives locales d’accueil (ILA), il est craint une augmentation du nombre de sans-abri dans les rues bruxelloises.
La ministre estime que les personnes à la rue sont responsables et charge le Samusocial
Dans une réaction, Anneleen Van Bossuyt, la ministre fédérale de l’Asile et de la Migration (N-VA), a fait comprendre que celles et ceux qui se retrouvent aujourd’hui à la rue en raison des nouvelles mesures en matière d’asile «l’ont choisi consciemment». «Ils ont choisi de voyager vers la Belgique, alors qu’ils avaient déjà obtenu une protection ailleurs en Europe ou qu’une demande d’asile avait été rejetée», a-t-elle affirmé. La ministre nationaliste souligne que chacune de ces familles avec enfants ou chacun de ces demandeurs d’asile vivant dans la rue «peut opter pour un retour volontaire vers le pays d’origine ou vers le pays qui est responsable pour eux (…) Dans ce cas, ils n’ont pas à frapper à la porte de Samusocial, ni à rester dans la rue».
Anneleen Van Bossuyt s’attend à ce que les organisations d’aide «fournissent une information honnête à ces personnes, à savoir qu’elles n’ont aucun avenir en Belgique et qu’elles devront rentrer chez elles. Donnent-elles réellement ce message?», s’interroge-t-elle.