Thierry Fiorilli

« Faire de la Belgique le pays où il fait le mieux vivre. Et sans l’extrême droite »

Thierry Fiorilli Journaliste

Quel revenu pour accéder « au bonheur » ? En prenant les différentes études menées ces dix dernières années, ça tourne autour des 6 000 euros de revenus par mois, nets, pour un ménage de deux personnes, dans une société industrialisée. Mais ceux qui les gagnent, comme ceux qui sont au-delà, ne figurent pas forcément, loin s’en faut, parmi les plus « heureux » lorsqu’on établit des classements, nationaux ou sans frontières.

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En fait, l’estimation en monnaie sonnante et trébuchante garantirait évidemment le confort matériel, le fameux  » pouvoir d’achat « , la liberté de déplacement, l’accès aux soins de santé, la couverture par les polices d’assurance en cas de coup dur, le matelas pour les vieux jours et la mise de départ pour la progéniture mais elle ne promettrait pas du tout le bien-être. La satisfaction, de soi, de ses proches ou de son existence. La bonne forme, physique et mentale. La confiance. L’espoir. L’épanouissement. Le développement.

Mais les indices et les outils ont beau évoluer, la statisticocratie demeure. Tout doit se mesurer. En taux, en chiffres, en pourcentages, en montants, en courbes. C’est l’ère de  » la croissance « . Des  » données « . Des tableaux. Donc des classements. Ce qu’on appelle bonheur, sans jamais très bien s’accorder sur sa définition, n’y échappe pas. Et d’où qu’ils proviennent, ces classements des  » pays les plus heureux  » placent toujours aux premières places la Finlande ou le Danemark. Derrière, toujours aussi plus ou moins dans le même ordre, on pointe la Norvège, la Suisse, les Pays-Bas, l’Islande, la Suède, le Canada et la Nouvelle-Zélande. La Belgique y apparaît généralement 16e, 17e ou 18e. Sur plus de 150.

De plus en plus, la méthode consiste à demander aux citoyens de chaque pays d’estimer la qualité de leur vie. Leur taux de satisfaction en matière de revenus, travail, sentiment de sécurité, droits, autorités, etc. Et aujourd’hui donc, ce sont les Finlandais qui seraient les mieux lotis. La Finlande serait un modèle. On l’a encore constaté aux dernières élections législatives, en avril dernier : les Vrais Finlandais, parti d’extrême droite, xénophobe et climatosceptique, y est devenu la deuxième formation du pays (17, 5 % des suffrages), à… 0,2 point des sociaux-démocrates. Un peu comme au Danemark : le Parti du peuple danois, d’extrême droite sans complexe lui aussi, s’y est pris une belle dégelée aux européennes de mai et aux législatives de juin (chutes de 15,8 et 12,4 %) mais il avait remporté le scrutin européen de 2014 : 26,6 % et premier parti du pays ! Et son discours raciste, antiasile, anti-immigration et anti-islam a été récupéré et intégré par les autres partis.

Sachant que les pays qui les suivent ne se sont pas tous illustrés par des votes ou des actes d’ouverture, de tolérance, de respect des différences, de cohabitations harmonieuses, on est en droit de relativiser l’importance à accorder à ces classements.

Pour autant, vouloir faire de la Belgique le pays le plus heureux du monde, celui où il fait le mieux vivre, ne relève pas de l’incongruité. L’objectif devrait même être une priorité pour tous nos gouvernants, du fédéral au communal. Et, comme le démontre le dossier que nous proposons cette semaine (lire page 20), pour les enseignants et les employeurs, entre autres. Des recettes et des solutions existent. Appliquons-les ! D’urgence. A certains secteurs avant d’autres. Dès le plus jeune âge. Et pas avec pour seule finalité de remplir les poches d’un plus ou moins grand nombre de citoyens.

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