Plusieurs étudiants et doctorants belges sont actuellement inscrits à Havard. Au lendemain de l’annonce de l’administration Trump de retirer le droit d’accueillir des étudiants étrangers à l’université américaine, l’avenir de ces Belges est plus que jamais incertain.
L’administration Trump a annoncé qu’elle retirait le droit d’accueillir des étudiants étrangers à la prestigieuse université privée Harvard, privant d’un moyen de rayonnement important l’institution contre laquelle le gouvernement américain a lancé une vaste offensive. « La certification du programme Student and Exchange Visitor (Sevis) de l’université Harvard est révoquée avec effet immédiat », a écrit la ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, dans une lettre adressée à l’université. Cette décision interdit à l’institution d’inscrire de nouveaux étudiants internationaux pour l’année académique 2025-2026.
Kristi Noem a toutefois précisé que l’université pourrait à nouveau inscrire des étudiants étrangers si elle fournit une vaste série de documents relatifs aux étudiants étrangers, notamment tous les enregistrements audio et vidéo les impliquant dans des manifestations ou des activités jugées dangereuses sur le campus.
Ce programme est le principal système par lequel les étudiants étrangers sont autorisés à étudier aux États-Unis. L’université accueille actuellement quelque 6.700 étudiants internationaux, soit plus d’un quart de son corps étudiant.
Des étudiants et doctorants belges déjà inscrits
Deux étudiantes de l’UNamur et plusieurs doctorants de l’ULiège se trouvent actuellement à l’université de Harvard. Les conséquences de l’ultimatum de l’administration Trump sur les étudiants étrangers à Harvard restent toutefois floues. Le communiqué officiel ne mentionne pour l’instant que les étudiants inscrits, et non ceux en échange, précise l’UNamur.
Les universités concernées assurent suivre la situation de près. « Nous ne savons pas encore précisément quels étudiants seront concernés par cette décision. Nous attendons des éclaircissements de la part de Harvard, qui envisage apparemment d’introduire un recours« , a indiqué Didier Moreau, responsable presse de l’ULiège. L’UNamur va de son côté prendre contact avec ses deux étudiantes pour les accompagner.
L’ULB, l’ULiège et l’UCLouvain précisent ne pas avoir de partenariat spécifique de mobilité étudiante avec Harvard. « Une telle mesure, si elle devait réellement entrer en vigueur, n’aurait sans doute pas d’impact immédiat, mais pourrait affecter les collaborations scientifiques à moyen terme« , estime Marius Gilbert, vice-recteur de l’ULB à la recherche et à la valorisation. À la KU Leuven, cinq étudiants suivent actuellement un cursus à Harvard, a confirmé l’université vendredi.
Le Conseil des rectrices et recteurs francophones (CRef) s’est dit préoccupé par la révocation du programme Sevis à Harvard. « Le CRef constate que l’autorité politique fédérale des États-Unis amplifie ses ingérences dans la liberté académique en menaçant cette fois la liberté de circulation des étudiants, l’un de ses éléments essentiels. »
Et la princesse Elisabeth, dans tout ça?
La princesse Elisabeth n’est pas non plus certaine de poursuivre son cursus à Harvard. « L’impact de cette décision ne sera plus clair que dans les jours ou les semaines à venir. Nous examinons actuellement la situation », a déclaré un porte-parole du Palais.
La princesse héritière a entamé un master de deux ans en politiques publiques à la Harvard Kennedy School, en septembre 2024. Elle vient d’achever sa première année d’études, selon le Palais.
Harvard en justice
Harvard a décidé de contre-attaquer. L’université a annoncé poursuivre en justice l’administration Trump sur sa récente décision, lui reprochant une complaisance envers l’antisémitisme et des liens avec le Parti communiste chinois.
« Ceci est le dernier acte de représailles mené par le gouvernement contre Harvard et son droit au Premier amendement (NDLR: qui protège la liberté d’expression) pour rejeter les demandes du gouvernement, qui cherche à prendre le contrôle de la direction d’Harvard, de ses programmes et de l »idéologie’ de l’université et des étudiants », peut-on lire dans la plainte déposée auprès du tribunal fédéral du Massachusetts.
La ministre de la Sécurité intérieure a assorti sa décision choc d’un ultimatum: si Harvard veut retrouver ce « privilège », elle doit fournir, dans les 72 heures, toute une série d’informations dont elle disposerait sur d’hypothétiques activités « illégales » de ses étudiants étrangers dans les cinq dernières années. « Nous condamnons ces mesures illégales et injustifiées », a répliqué le président de Harvard, Alan Garber, précisant que cette décision « mettait en péril le futur de milliers d’étudiants » de l’université et servait « d’avertissement » à ceux qui avaient choisi les Etats-Unis pour étudier et « réaliser leurs rêves ».