Carte blanche

Faut-il en finir avec les examens à l’école? Une autre vision de l’évaluation

Alors que sonne l’heure des vacances scolaires, les traditionnels débats sur le CEB et le CE1D refleurissent. Des examens trop faciles? Trop exigeants? Et si, au lieu de ressasser, on repensait en profondeur l’acte d’enseigner et d’évaluer.

La fin de l’année scolaire approche et, comme chaque année, les médias nous abreuvent de commentaires sur les CEB et le CE1D. J’ai déjà eu, par le passé, l’opportunité d’une carte blanche ici même. Ainsi le 28 avril 2022, sous l’intitulé «Les mésaventures du CEB», j’y avais rappelé que, depuis 2009, date à laquelle celui-ci est devenu obligatoire (mais il existait déjà depuis 2007), le CEB est passé au crible de la critique. «Quand le taux de réussite est élevé, soulignais-je alors, on en déduisait que les questionnaires étaient trop faciles, voire simplistes». Et inversement, bien entendu.

Ces jours-ci, par exemple, dans La Libre (26 juin 2025), la journaliste Caroline Vandenabeele pose la question suivante: «Le CEB est-il vraiment devenu plus facile? Cette année encore, des professeurs l’accusent d’être devenu plus facile qu’avant et de niveler l’exigence de l’enseignement par le bas. Mais est-ce vraiment le cas?»  Et de citer un  témoignage d’un enseignant allant en ce sens, tout en signalant, via Dominique Lafontaine, professeure en sciences de l’éducation à l’ULiège, que cette affirmation est incorrecte.

Dans L’Avenir, c’est au  CE1D que l’on s’en prend, accusant ce dernier de questions simplistes du niveau d’une sixième primaire. Et si, tout simplement, on mettait au rancart les examens et autres évaluations? Si on considérait que l’acte d’enseigner est, d’abord, un acte pédagogique et non de sélection? En pédagogie, l’objectif n’est ni la réussite, ni l’échec, mais la capacité de l’élève  à se corriger et progresser.

«Si on considérait que l’acte d’enseigner est, d’abord, un acte pédagogique et non de sélection?» 

J’entends déjà hurler au loup. Mais je rapporterai ici, brièvement, une expérience que j’ai vue fonctionner il y a quelques années dans un collège de la région de Charleroi. L’évaluation permanente y était la règle. A intervalles réguliers, des évaluations sommatives étaient organisées. En particulier à la fin de l’année, au tout début du mois de juin. Les copies corrigées par les profs revenaient aux élèves pour une prise de conscience. Pour les matières qui posaient problème, des rattrapages étaient organisés, à l’issue desquels les élèves étaient à nouveau évalués mais, ici, sur leur aptitude à s’améliorer et progresser.

Cette façon de faire a nécessité et nécessiterait une organisation du travail complètement différente de celle qu’elle est aujourd’hui. Les outils du Pacte pour un enseignement d’excellence sont à disposition.

Et je suis certain que l’acte d’enseigner retrouverait alors tout son sens, ce qui n’est pas rien alors que le métier que l’on qualifiait de «plus beau métier du monde» devient, depuis quelques temps, le «métier le plus évité du monde».

C’est à cette révolution-là que nos politiques, s’ils veulent vraiment lutter contre la pénurie d’enseignants, devraient s’atteler plutôt que de chipoter avec des CDI et autres atteintes aux statuts: redonner aux profs, et à ceux qui veulent s’y préparer, le sens pédagogique de l’acte d’enseigner. Mais est-ce dans leur ADN?

Bernard De Commer

Instituteur dans l’enseignement spécialisé, puis permanent syndical

(Le titre est de la rédaction. Titre original: «Mettre au placard les examens et autres épreuves»)

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