Plus de 13.900 étudiants déclarés non finançables à l’issue de l’année académique 2024-2025 ont demandé à se réinscrire dans un établissement d’enseignement supérieur cette année. La majorité des dossiers de recours ont été acceptés.
Après de longues semaines d’attente, les chiffres concernant la non finançabilité des étudiants du supérieur sont enfin complets. Alors que les hautes écoles et les écoles supérieures des arts avaient communiqué leurs données fin novembre, celles des universités se faisaient encore attendre. Le Conseil des rectrices et recteurs francophones (CRef) les a finalement transmises au Vif ce lundi.
Il en ressort qu’au sein des cinq universités francophones (ULiège, UCLouvain, ULB, UNamur et UMons), un total de 6.234 étudiants, déclarés non finançables à l’issue de l’année académique 2024-2025, ont demandé à se réinscrire pour cette année académique. Il s’agissait, pour la plus grande majorité, d’étudiants inscrits en bachelier (4.514), contre une minorité (1.627) en master.
Pour rappel, un étudiant est déclaré non finançable s’il ne respecte pas les conditions édictées par le fameux décret paysage, réformé par l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Glatigny (MR) sous la précédente législature. Ces mesures, plus strictes que par le passé, imposent par exemple aux étudiants de réussir leurs 60 premiers crédits en deux ans maximum, et leur bachelier en cinq ans maximum. Votée en décembre 2021, la réforme aurait dû entrer en application pour la première fois en 2024-2025, mais avait été gelée in extremis par une majorité alternative (PS-Ecolo-PTB). A l’issue de ce moratoire d’un an, elle est donc pleinement entrée en application pour la première fois cette année.
La majorité des recours acceptés
La toute grande majorité des étudiants universitaires concernés (plus de 90%) ont introduit un recours à l’issue de cette décision de non-finançabilité. En bachelier, 71% des dossiers ont été acceptés, et 66% ont finalement débouché sur une réinscription. Toutefois, 1.182 étudiants (28,13%) ont vu leur recours refusé. Côté master, 86% des recours ont été accepté, dont 80,99% ont débouché sur une réinscription. Quelque 217 étudiants (13,71%) ont par contre vu leur recours refusé.
Ces chiffres sont logiquement très inférieurs à ceux de l’an dernier, en raison du moratoire ayant permis à de nombreux étudiants de se réinscrire. Ils sont toutefois supérieurs à ceux de la cohorte 2022-2023. A l’époque, 4,88% des étudiants de bachelier non finançables avaient demandé à se réinscrire, contre 6,96% cette année. Côté master, 3,40% des étudiants de bachelier non finançables avaient demandé à se réinscrire , contre 4,40% cette année.
Ces comparaisons d’une année à l’autre sont toutefois à prendre avec des pinçettes, en raison d’une évolution des règles et une adaptation à celles-ci, tant de la part des étudiants (qui ont pu modifier leur stratégie d’étude pour répondre aux conditions plus strictes) que des établissements (ayant fait évoluer leur politique d’accompagnement et d’évaluation). A noter que la ministre de l’Enseignement supérieur Elisabeth Degryse (Les Engagés) a également prévu de réformer à nouveau les conditions de finançabilité, en introduisant un décret «Parcours» dans les prochains mois.
Un total de 13.990 étudiants concernés
Le CRef alerte en outre sur de potentielles sous-estimations des chiffres précités. «Etant donné que la finançabilité des étudiants n’est calculée que pour les étudiants réinscrits, les étudiants quittant l’université (que ce soit parce qu’ils ont obtenu un diplôme ou pour d’autres raisons) ne sont pas pris en compte», précise le CRef. Le nombre d’étudiants finançables (particulièrement ceux de master) est par conséquent sous-estimé, tout comme l’est celui des étudiants non finançables en fin d’année académique, certains ayant décidé de ne pas se réinscrire.
Le CRef met enfin en garde sur des différences de méthodes de calculs selon les universités, pouvant affecter la comparabilité des chiffres entre chaque établissement.
Quoi qu’il en soit, ces quelque 6.000 étudiants universitaires non finançables ayant demandé à se réinscrire cette année s’ajoutent à ceux dans la même situation en haute école (7.654) et en école supérieure des arts (102), portant le nombre total à 13.990. A noter que du côté des hautes écoles, 47% des dossiers de réinscription avaient été acceptés par les établissements, contre 44% de refus, d’après les chiffres transmis le 1er décembre par Elisabeth Degryse au parlement.