Nouveaux feutres ou cahiers flambant neufs ont un coût non négligeable pour les parents, qui peuvent compter sur une «prime de rentrée scolaire» versée début août. © Getty Images

De 24 à 105 euros: avez-vous bien reçu votre prime de rentrée scolaire, ce coup de pouce souvent «complètement insuffisant»?

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

La prime de rentrée scolaire, rebaptisée «supplément d’âge annuel», sera octroyée aux parents wallons et bruxellois cette semaine. Un montant loin d’être suffisant aux yeux de la Ligue des Familles, qui appelle à étendre la gratuité scolaire au-delà de la 3e primaire.

Les valises sont à peine rangées qu’il est déjà temps de penser à remplir les cartables. Dans moins de 20 jours, les enfants reprendront le chemin de l’école. Avec, dans leurs mallettes flambant neuves, une toute nouvelle gamme de surligneurs, la calculatrice dernier cri ou l’inégalable boîte à tartines Pat’patrouille. Une panoplie de fournitures scolaires qui laissent parfois un trou béant dans le portefeuille des familles.

Pour aider les parents à absorber ces coûts, les pouvoirs publics leur octroient chaque année une «prime de rentrée scolaire», rebaptisée «supplément d’âge annuel» depuis 2007. Cette prime, dont le montant varie selon la Région et l’année de naissance de l’enfant (lire plus bas), est automatiquement versée début août conjointement aux allocations familiales. Aucune démarche n’est nécessaire.

A Bruxelles, plus de 300.000 familles ont déjà pu la percevoir, pour un montant total de 15 millions d’euros, a annoncé Iriscare lundi. En Wallonie, elle devrait être versée d’ici la fin de semaine (8 août) au plus tard. Un timing logique. «La majorité des écoles transmettent la liste des fournitures durant l’été, voire parfois dès le mois de juin, confirme Merlin Gevers, chargé d’études à la Ligue des Familles. La mi-août est donc le moment où tout le monde se précipite dans les magasins. Même si certains établissements scolaires communiquent encore une liste complémentaire après la rentrée scolaire.»

Entre 700 et 800 euros en secondaire

Pour la Ligue, le supplément d’âge annuel (variant de 24 à 105 euros) est «vraiment nécessaire face à une rentrée scolaire qui coûte extrêmement cher», mais s’avère en même temps «complètement insuffisant». Un constat observé dès le plus jeune âge, malgré le dispositif qui prévoit la gratuité du petit matériel scolaire (contenu du plumier et du cartable) jusqu’en 3e primaire. «En dépit de ce système, les parents dépensent environ 152 euros en frais de rentrée, regrette Merlin Gevers. A partir de la 4e primaire, ce montant passe aux alentours des 300 euros. Et puis cela ne fait qu’augmenter, en raison notamment du matériel informatique, devenu indispensable. En secondaire général, les parents dépensent entre 700 et 800 euros à la rentrée. Et si l’enfant est scolarisé en technique de qualification ou en professionnel, l’addition est encore plus salée.»

Au-delà de ces frais strictement liés à l’aspect scolaire (nouveaux cahiers, classeurs, cartables…), il faut également compter les dépenses sportives et vestimentaires qui interviennent en début d’année, comme de nouvelles chaussures pour le cours d’éducation physique. La fin du mois d’août coïncide également avec la reprise des activités extrascolaires: le club de foot réclame le versement de la cotisation annuelle, quand l’académie de musique exige le paiement des cours de solfège du premier semestre. «A ces dépenses ponctuelles s’ajoutent tous les coûts de l’année, à savoir les frais de garderie, de cantine et ceux liés aux excursions ou aux voyages scolaires, complète Merlin Gevers. Quand on fait la somme de tout cela, la facture est extrêmement lourde.» Ainsi, le baromètre 2024 de la Ligue des Familles révélait que plus de deux tiers des parents avaient déjà éprouvé des difficultés financières en raison des frais scolaires.

20 millions par an

Pour pallier ces difficultés, la Ligue appelle à poursuivre le transfert de la charge du petit matériel scolaire des parents vers les écoles. Une transition initiée sous la ministre Marie-Martine Schyns, qui avait mis en œuvre la gratuité des fournitures scolaires de base pour les maternelles, puis étendue par Caroline Désir jusqu’en 3e primaire. Invité à se prononcer sur une potentielle extension du dispositif à la 4e primaire dès la rentrée 2025-2026, l’exécutif MR-Engagés a préféré la geler, faute de budget.

Il faut dire qu’en période d’assainissement financier, chaque centime compte pour la coalition Azur. Or, la gratuité coûte déjà 20 millions d’euros par an à la FWB, et son extension ajouterait 4 millions de plus au compteur. Le gouvernement préfère donc évaluer préalablement les effets du dispositif «en termes de surconsommation, d’impact écologique ou de thésaurisation du matériel» avant de statuer sur la question.

Des impacts déjà analysés par la Ligue des Familles, qui n’y voit que des avantages. «La mesure garantit l’égalité des chances, en fournissant du matériel de la même qualité à tous, insiste Merlin Gevers. Cela réduit ainsi le phénomène de la course aux marques et les éventuelles discriminations.»

Pour les mères, la double peine

Le dispositif renforce en outre la durabilité, selon la Ligue, car il permet une réutilisation du matériel d’une année à l’autre. Sans parler des économies d’échelle qu’il implique: si les écoles achètent du matériel en grande quantité, cela leur revient bien moins cher qu’à chaque parent individuellement. De l’argent qui pourrait être réalloué au financement d’autres activités, comme les excursions scolaires.

Enfin, d’un point de vue sociétal, la mesure soulagerait les parents d’une charge mentale supplémentaire et améliorerait in fine leur relation avec l’école, en l’axant davantage sur les aspects pédagogiques plutôt que sur des questions logistiques et financières qui peuvent être sources de tensions. Une charge mentale qui incombe d’ailleurs davantage aux femmes. «On se rend compte que ce sont souvent les mères qui s’occupent des fournitures scolaires et qui courent d’un magasin à l’autre en quête de la bonne affaire, souligne Merlin Gevers. Or, ce sont déjà elles qui portent la charge mentale de l’organisation des vacances et du retour à domicile. La fin du mois d’août s’apparente donc à une véritable double peine pour toutes ces cheffes de ménage.»

Qui a droit à quoi? (en 2025-2026, par an et par enfant)

A Bruxelles

De 0 à 5 ans (inclus): 24,87 euros

De 6 à 11 ans: 37,30 euros

De 12 à 17 ans: 62,17 euros

De 18 à 24 ans: 99,47 euros (pour les enfants qui suivent des études supérieures), 62,17 euros (pas d’études supérieures)

En Wallonie

En Wallonie, deux systèmes coexistent, pour les enfants nés avant ou après le 1er janvier 2020.

Enfants nés avant le 1er janvier 2020

De 0 à 5 ans: 26,39 euros

De 6 à 11 ans: 56,74 euros

De 12 à 17 ans: 79,16 euros

A partir de 18 ans: 105,56 euros

* A noter que ces montants peuvent être revus à la hausse si la famille peut prétendre à des allocations familiales majorées

Enfants nés à partir du 1er janvier 2020

De 0 à 4 ans: 24,87 euros

De 5 à 10 ans: 37,30 euros

De 11 à 16 ans: 62,17 euros

A partir de 17 ans: 99,47 euros

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