Comment utiliser la bonne chère à des fins de négociations politiques ? C’est tout un art.
Alors qu’il pourrait paraître futile pour certains, le repas est un outil qui sert la négociation. Il est un « soft power », un accélérateur de communication, élément central dans la négociation », analyse Daniel-Louis Seiler, professeur à Sciences Po Aix-en-Provence et à la Catho de Lille, où il propose un cours de gastronomie et politique. Bref, le repas est une arme politique, mais dont il faut maîtriser les codes.
« Je suis bien conscient que ce n’est pas ça qui va régler les choses, mais ce volet de la négociation ne doit pas être pris à la légère. Le dîner ne s’improvise pas. Il s’agit de bien recevoir, de mettre tous les négociateurs à l’aise, sinon les pourparlers peuvent ne jamais s’emmancher », raconte André Flahaut (PS), ministre communautaire du Budget, qui reconnaît en user au déjeuner mais surtout au petit déjeuner. » Vers sept heures, c’est le meilleur moment pour négocier, on est plus frais, plus efficace. On n’est pas importuné par des coups de fil, il n’y a pas d’alcool, de vin… » Pour l’ancien président de la Chambre, tout compte pour détendre l’atmosphère. Ainsi, le cadre doit être magnifique et l’environnement confortable : jamais d’air conditionné ; il faut éviter les odeurs de cuisine ou veiller à éclairer les lieux par une lumière naturelle.
Jean-Pascal Labille, ex-ministre fédéral et secrétaire général des Mutualités socialistes, est lui aussi un adepte de la diplomatie de bouche. « La gastronomie peut être un bon lubrifiant, et le repas, le théâtre de la première offensive. A table, on peut évaluer des personnes comme on analyse des vins. »
Dans l’enquête du Vif/L’Express de cette semaine, découvrez les méthodes de séduction gastronomique de Guy Verhofstadt, Yves Leterme, Elio Di Rupo et Charles Michel.