Voici à quoi ressemblera le nouveau siège de la Défense belge. Le projet est réalisé par le groupement Be Defence: les entrepreneurs BAM, Jan De Nul, Eiffage et Cegelec, les architectes Assar Architects, ArtBuild et ANMA, ainsi que le bureau d’études VK Architects+Engineers. © Défense

Le chantier du nouveau QG de la Défense est lancé: «C’est une erreur de croire que le ciel est soudain devenu la seule limite»

Kristof Clerix Rédacteur Knack

Le ministre de la Défense Theo Francken (N-VA) vient de donner le coup d’envoi officiel de la construction du nouveau quartier général de la Défense à Haren. Prix du projet? Un demi-milliard d’euros.

Le général-major Lieven Vanheste, à la tête du département Infrastructures, Communications et Systèmes d’Information de la Défense, avait déjà dirigé en 2017 la construction du nouveau quartier général de l’Otan. Il supervise désormais les travaux du nouveau quartier général de l’armée belge, pour lequel le gouvernement précédent a donné son feu vert fin 2022.

Mardi, le ministre de la Défense Theo Francken (N-VA) a symboliquement posé la première pierre: à l’aide d’une gigantesque foreuse à pieux, il a contribué, devant les caméras, à l’installation des fondations.

Quand le nouveau quartier général de l’armée sera-t-il prêt?

Lieven Vanheste: La livraison est prévue pour mars 2028. Peu après, le déménagement depuis l’actuel Quartier Reine Elisabeth devrait suivre. Ici, à la frontière entre la Région flamande et la Région bruxelloise, et juste en face du quartier général de l’Otan, un bâtiment d’environ 115.000 m² verra le jour. L’objectif est que ce site de 11,4 hectares accueille environ 4.000 personnes: l’état-major général, le service de renseignement militaire (SGRS-ADIV) et le Cyber Command.

Vu d’en haut, on dirait un triangle des Bermudes.

Les trois ailes du bâtiment forment une unité. Symboliquement, cela représente les trois régions qui coopèrent en Belgique. Mais pour moi, c’est avant tout un concept fonctionnel. L’idée de départ était de construire de manière rationnelle, sans dépenses inutiles.

Avec tous les milliards supplémentaires pour la Défense, on pourrait peut-être ajouter un étage?

C’est une erreur de croire que le ciel est soudain devenu la seule limite. Nous ne pouvons pas dépenser plus que ce qui est strictement nécessaire. En matière d’infrastructure, la Défense a très peu investi pendant des décennies. Un beau pas en avant a entre-temps été franchi, mais il reste encore beaucoup à faire.

Avec l’augmentation de nos effectifs, nous aurons besoin de bâtiments supplémentaires, notamment pour le logement, les dépôts d’armes et le stockage des véhicules. C’est pour cela que nous aurons grandement besoin de fonds supplémentaires.

«En matière d’infrastructure, la Défense a très peu investi pendant des décennies. Un beau pas en avant a entre-temps été franchi, mais il reste encore beaucoup à faire.»

Ce nouveau quartier général coûte-t-il effectivement 499 millions d’euros?

Ce sont les coûts d’investissement initiaux. Les frais d’entretien futurs ne sont pas compris, pas plus que l’inflation. Les 499 millions d’euros correspondent en fait au coût tel qu’établi en 2022. Des formules de révision des prix sont bien entendu prévues dans le contrat: lorsque les salaires et les prix des matériaux augmentent, le coût total est ajusté via une formule standard.

Nous sommes maintenant trois ans plus tard. Quel est le coût réel à ce jour?

Nous n’avons pas encore de décompte exact, car les travaux viennent à peine de commencer (NDLR: en mai dernier). Plus les travaux sont réalisés tôt, plus l’indice d’inflation est faible. Et inversement: plus les travaux sont effectués tard, plus le coût grimpe. J’estime qu’il faudra compter environ 100 millions d’euros pour les imprévus et l’inflation sur l’ensemble de la période, donc jusqu’en 2028.

Et nous arrivons donc à 600 millions d’euros. Ce montant est-il bien pris en compte pour atteindre la norme des 2% de l’Otan?

Il est intégralement pris en compte, oui.

Pour quelle année précisément?

A cet effet, l’Otan se base sur les paiements effectifs. Les années où nous ne payons pas de factures, le projet ne contribue pas à hauteur des 2%. Le montant est donc réparti sur plusieurs années, en fonction des paiements. Pour 2025, on parle probablement de 75 à 100 millions d’euros.

Qu’en est-il de la sécurité de ce site?

Par rapport à notre actuel quartier général, nous faisons de grands pas en avant. En ce qui concerne, par exemple, la sécurité contre les explosions, des mesures seront prises qui n’existent pas actuellement. Nous ne construisons évidemment pas un bunker. Il s’agira toujours d’un immeuble de bureaux, avec donc des limites en matière de protection. Mais concernant la protection contre les intrusions et le contrôle des accès, nous faisons de grands progrès.

«Nous ne construisons évidemment pas un bunker. Il s’agira toujours d’un immeuble de bureaux, avec donc des limites en matière de protection.»

Y aura-t-il aussi une cage de Faraday –un espace où les communications ne peuvent pas être interceptées?

Le nouveau quartier général accueillera un certain nombre de fonctions critiques, pour lesquelles les mesures nécessaires seront prises. Vous comprendrez que je reste vague sur ce point, mais cela a bien été prévu.

Le concept de construction tient-il compte de l’éventuelle installation d’un système de défense aérienne?

Pour ce bâtiment en particulier, cela n’a pas été prévu. Mais si nous faisons l’acquisition d’un système de défense aérienne, il sera bien entendu possible de protéger également ce type d’infrastructure. Cela ne signifie toutefois pas que ce système doive être localisé ici.

Le ministre de la Défense Theo Francken (N-VA) dans une foreuse à pieux lors de la pose symbolique de la première pierre du nouveau quartier général de la Défense, le 3 juin 2025. © Adrien Muylaert / Défense

Un nouveau bâtiment est également prévu au Shape à Mons, le quartier général opérationnel de l’Otan.

C’est exact, et il s’agit d’un budget d’environ un milliard d’euros. Ce montant couvre à la fois le nouveau quartier général du Shape et un nouveau bâtiment pour le NCIA. Cette NATO Communication and Information Agency est une agence très importante, partiellement basée en Belgique. Nous avons regroupé les deux projets en un seul grand marché, un seul appel d’offres. Le début des travaux est prévu pour la mi-2026, et ils dureront quatre ans.

Et qui paiera ce milliard?

La Belgique prend à sa charge l’intégralité du coût du bâtiment du NCIA, soit environ 150 millions d’euros. Le quartier général du Shape est financé par les Etats membres de l’Otan. La contribution belge s’élève à 16 millions d’euros. Les bâtiments actuels du Shape en Belgique ont été construits à la hâte autour de 1967 et étaient en fait destinés à une période très courte. Finalement, l’Otan les a utilisés pendant plus de 50 ans. Il était donc grand temps de construire du neuf. Et une fois ces bâtiments réalisés, cela représentera aussi un ancrage supplémentaire de l’Otan en Belgique.

Certains bâtiments du quartier Reine Elisabeth ne sont également plus en très bon état. Le siège du SGRS-ADIV était autrefois tristement célèbre pour ses «odeurs de fosse».

Nous continuons d’investir dans le quartier Reine Elisabeth. Nous allons veiller à ce que le bien-être du personnel soit au moins garanti. Mais il est vrai qu’il y a plusieurs problèmes structurels. Notamment au niveau des sanitaires, où nous devons intervenir fréquemment pour maintenir les installations fonctionnelles. Il est donc vraiment temps que nous puissions emménager dans un nouveau bâtiment.

 

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