Le ministre-président wallon Paul Magnette, qui débattait avec les députés au parlement de Wallonie jeudi après-midi en commission des Affaires générales, a quitté précipitamment le parlement avant la fin des travaux. « Le moment de vérité est proche » a pour sa part indiqué le Premier ministre Charles Michel.
Selon le président de la commission, Nicolas Tzanetatos (MR), le chef de l’exécutif wallon a été rappelé en raison du sommet européen qui se déroule à Bruxelles et se penche sur le blocage wallon à l’accord de commerce global (CETA) entre l’Union européenne et le Canada. « Le ministre-président ne se rend pas à Bruxelles, il est à son cabinet », a indiqué son entourage, qui fait toutefois état d’une urgence pour se pencher sur le dossier du CETA. La Commission européenne avait envoyé une nouvelle proposition à M. Magnette jeudi peu avant 14 heures. Le document est à l’analyse. Le sommet de Bruxelles, ces jeudi et vendredi, attend le feu vert belge, qui reste conditionné à l’opposition des gouvernements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais « Paul Magnette a toujours dit qu’il rendrait compte de son travail devant le parlement wallon », rappelait-on dans l’entourage du socialiste. M. Magnette avait rejeté mardi l’échéance de vendredi réclamée par la Commission pour un feu vert belge au CETA, en raison de difficultés substantielles persistantes mais aussi de la volonté du chef du gouvernement wallon de respecter le processus démocratique vis-à-vis du parlement.
« Le moment de vérité est proche » (Michel)
« Le moment de vérité est proche » dans les dernières négociations sur l’accord de libre-échange avec le Canada (CETA), dont la Wallonie bloque la signature, a indiqué le Premier ministre Charles Michel à son arrivée au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE à Bruxelles. Il a assuré que « les dernières propositions ont été envoyées au gouvernement wallon ».
« Nous vivons un moment délicat », a reconnu le Premier ministre à son arrivée. « La Wallonie est le dernier endroit en Europe où on s’oppose à ce qui est sur la table. En ce moment-même, les dernières propositions ont été envoyées au gouvernement wallon, je m’en suis assuré. » Les différents responsables régionaux, fédéraux et européens « ont travaillé très dur ces derniers jours et ces dernières heures », a fait remarquer Charles Michel. « Nous sommes proches du moment de vérité: à un moment, il faut dire oui ou non. » M. Michel a assuré qu’il respecterait les accords de coopération avec les entités fédérées en cas de « non » wallon à la signature du CETA, mais a reconnu que la position de la Belgique au sein des 28 ne sortirait pas renforcée de cet épisode.
Le ministre-président wallon Paul Magnette a annoncé vendredi dernier qu’il ne donnerait pas les pleins pouvoirs au gouvernement fédéral pour signer l’accord commercial avec le Canada en raison de plusieurs craintes sur différents volets du traité. Les différentes réunions qui se sont succédé depuis une semaine n’ont pas encore permis d’infléchir la position wallonne.
Une réunion des représentants permanents (ambassadeurs) des 28 Etats membres a été fixée à 20h00 jeudi.
La pression sur la Belgique, et plus particulièrement sur la Wallonie, était grande à l’entame du sommet européen, certains chefs d’Etat ou de gouvernement exprimant le souhait d’avoir un accord pour la fin du sommet, prévue normalement vendredi après-midi. « J’espère que la Belgique prouvera à nouveau qu’elle est une championne du compromis et que nous aurons un accord vendredi qui ouvrira la voie à la signature du CETA », avait commenté le président du Conseil européen Donald Tusk à son arrivée au sommet. « Mais le problème va au-delà du CETA: si nous ne sommes pas capables de convaincre les peuples que ces accords commerciaux sont dans leur intérêt, que nos représentants négocient pour protéger les intérêts de la population, j’ai bien peur que le CETA soit le dernier accord commercial » négocié par l’UE, a-t-il mis en garde.