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Dans 10 ans, les camions électriques rouleront 1.000 km avec une seule charge

Erik Raspoet Journaliste Knack

Au moins 95% de tout le transport routier de marchandises deviendra électrique, prédisent certains experts.

Le plan Fit For 55, la feuille de route par laquelle l’Europe entend devenir totalement neutre en carbone d’ici à 2050, a des conséquences pour le secteur du transport. Les poids lourds de seize tonnes et plus devront réduire leurs émissions de 43% d’ici à 2030 par rapport à l’année de référence 2019. En 2035, cette réduction devra atteindre 65%, et 90% en 2040.

Un sacré défi, reconnaît Philippe Degraef, directeur général de Febetra, la fédération belge du transport. «Plusieurs technologies sont en cours de développement, détaille-t-il. Outre l’électricité et l’hydrogène, on expérimente le HVO, un biodiesel produit à partir d’huiles végétales et de flux résiduels. L’électrique est de loin la technologie la plus mature: les e-trucks sont déjà largement utilisés. Le problème majeur reste le coût. Jusqu’à trois fois plus chers qu’un camion diesel; pour l’hydrogène, les surcoûts atteignent même un facteur six.»

L’an dernier, 79 poids lourds électriques ont été immatriculés en Belgique; au premier semestre de cette année, on en comptait déjà 74. «En chiffres absolus, la croissance est importante, observe Philippe Degraef. Mais cela reste marginal, seulement 1,7% des immatriculations.» Toutes ces immatriculations ont eu lieu en Flandre, seule Région à accorder des subventions pour l’achat de maximum deux e-trucks.

Quelques parkings équipés de bornes de recharge rapide existent déjà, notamment le long de l’E19, à Peutie, près de Vilvoorde. Mais la recharge se fait principalement sur les terrains des transporteurs. «Cela exige de lourds investissements, souligne le directeur de la fédération. Cabine haute tension, bornes de recharge, adaptation du raccordement au réseau, nombreux panneaux solaires associés à un système intelligent de gestion de l’énergie, pour éviter que la facture d’électricité s’envole.» Pour l’instant, ces engins ne sont toutefois pas encore adaptés au transport international.

1000 kilomètres: l’autonomie que les camions électriques de 44 tonnes auront d’ici àdix ans.

La pression ne vient pas seulement de l’Europe. Le transport zéro émission devient un label de qualité et un atout marketing pour les entreprises. Colruyt, par exemple, veut que tout son transport assuré par des sous-traitants soit exempt de combustibles fossiles dès 2035.

Jochen De Smedt, expert en mobilité électrique, ne doute toutefois pas de l’avenir radieux du camion électrique. «Nous ne sommes encore qu’au début de la transition, affirme-t-il. Au moins 95% de tout le transport de marchandises deviendra électrique. Seules les régions éloignées, disposant d’une capacité de réseau limitée, opteront pour l’hydrogène.» Aujourd’hui, l’autonomie reste limitée à 250, 300 kilomètres, mais le spécialiste prévoit une évolution rapide: «D’ici à une dizaine d’années, des camions de 44 tonnes pourront parcourir 1.000 kilomètres avec une seule recharge. L’infrastructure prend forme: des bornes rapides à haute puissance, allant jusqu’à 200 kWh, apparaissent le long des autoroutes européennes. Bientôt, nous aurons des mégachargeurs de 1.250 kWh, capables de recharger complètement un poids lourd en quelques minutes. La recharge pourra alors se faire pendant les temps de repos obligatoires, sans perte de temps.»

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