© Photo: Michael Kappeler/dpa

Bilan des 100 premiers jours de Merz à la tête de l’Allemagne : 29% de satisfaits

« Germany is back », telle était la promesse de Friedrich Merz en devenant chancelier. Mais près de cent jours après avoir ramené les conservateurs au pouvoir en Allemagne, il n’a jamais été aussi impopulaire.

Néanmoins, « il est évident que la situation économique et migratoire, les deux objectifs centraux du gouvernement, s’améliorent », constate Wolfgang Schroeder, politologue de l’université de Cassel.

Un bilan des cent premiers jours du gouvernement qui ne satisfait plus que 29% des Allemands, le pire score depuis son entrée en fonction, selon un sondage de la télévision publique ARD publié jeudi.

Tour de vis migratoire

Après une campagne législative dominée par l’immigration, le gouvernement Merz a encore donné un tour de vis à sa politique migratoire, tournant un peu plus le dos à la politique d’accueil généreuse d’Angela Merkel en 2015.

Outre des expulsions d’étrangers en hausse, dont celles de 81 criminels vers l’Afghanistan et de 40 personnes vers l’Irak, le gouvernement a décidé le refoulement des demandeurs d’asile aux frontières. Il a aussi modifié la législation afin de limiter le regroupement familial pour certaines catégories de réfugiés, et d’allonger les délais d’accès à la nationalité allemande. M. Merz espère ainsi « regagner la confiance » des électeurs séduits par l’extrême droite.

Economie: toujours des vents contraires

Après deux années de récession, liées notamment à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la hausse des coûts de l’énergie qui a suivi, la première économie européenne espérait redresser la tête cette année. En amont de sa prise de fonction, Friedrich Merz a obtenu un fonds de 500 milliards d’euros pour moderniser les infrastructures sur douze ans, ainsi que l’assouplissement des règles strictes sur la dette pour financer les efforts de défense. Son pari: relancer durablement la croissance allemande en stimulant les investissements stratégiques.

Mais au deuxième trimestre, le produit intérieur brut allemand a reculé de 0,1%, après une hausse de 0,3% au premier. Pour l’ensemble de 2025, le FMI table sur une quasi-stagnation (+0,1%). Les droits de douane de 15% imposés par les Etats-Unis aux produits européens depuis jeudi devraient causer des « dommages importants » à l’économie allemande, dépendante de ses exportations, a reconnu Friedrich Merz.

Stature internationale retrouvée

Comme il l’avait promis, Friedrich Merz s’implique davantage que son prédécesseur Olaf Scholz dans les affaires étrangères. « Il parle très bien anglais, il a une prestance d’homme d’État. Il semble vraiment prendre plaisir » sur la scène internationale, souligne la politologue Ursula Münch de l’université de Tutzing.

En plus du renforcement des liens en Europe, notamment « avec la France, la Grande-Bretagne et la Pologne », le nouveau chancelier « veille également à établir des relations acceptables, en tout cas fonctionnelles, avec le président américain » Donald Trump à qui il a rendu visite en juin, renchérit Uwe Jun, son confrère de l’université de Trèves.

La montée en puissance continue des efforts de défense, une exigence de M. Trump, vise à doter l’Allemagne de « l’armée conventionnelle la plus puissante d’Europe », un tournant dans un pays profondément pacifiste depuis les horreurs du nazisme.

Sous sa houlette, l’Allemagne a aussi amorcé un changement de cap vis-à-vis d’Israël, dont elle était jusqu’ici l’un des plus fidèles soutiens, en annonçant vendredi suspendre les exportations d’armes que ce pays pourrait utiliser à Gaza.

En revanche, sur l’Ukraine, Friedrich Merz a finalement maintenu le cap de son prédécesseur Olaf Scholz: Berlin rechigne toujours à fournir à Kiev des Taurus, des missiles de croisière d’une portée de plus de 500 kilomètres.

Couac

Une première fissure est apparue au début de l’été entre alliés conservateurs et sociaux-démocrates, incapables de s’accorder sur une réduction du prix de l’énergie pour les particuliers. Quelques jours plus tard, un désaccord a éclaté au grand jour à propos de la nomination de trois juges à la Cour constitutionnelle de Karlsruhe. Un nombre non négligeable de députés conservateurs ont rejeté l’une des candidates, soutenue par les sociaux-démocrates, pour ses positions qu’ils jugent trop libérales sur l’avortement ou le port du voile.

Comme son échec au premier tour de sa propre élection début mai, ce couac a mis en lumière la ligne de crête sur laquelle évolue Friedrich Merz. Avec seulement douze sièges de plus que la majorité requise au Bundestag, la coalition possède une faible marge de manoeuvre. Or, les sujets conflictuels, dont le budget 2026 et les réformes de l’allocation citoyenne et du frein à l’endettement, l’attendent à la rentrée.

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