Une technique novatrice, moins gourmande en énergie et moins polluante que la désalinisation actuellement réalisée de par le monde. © BELGA IMAGE

Vers la fin de la pénurie d’eau potable

Rosanne Mathot
Rosanne Mathot Journaliste

Ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup… d’eau potable. » Et si c’était en ce sens que s’écrivait le chapitre à venir de l’histoire des humains? Pourquoi pas: une révolution heureuse vient en effet d’avoir lieu en matière de désalinisation de l’eau de mer, grâce à une technique totalement novatrice, plus efficace, plus rapide, moins gourmande en énergie et moins polluante que la désalinisation actuellement réalisée de par le monde. Un processus par ailleurs indispensable pour abreuver la planète: 97% des ressources en eau se trouvent en effet dans les mers et les océans.

S’inspirant des aquaporines, des protéines naturellement présentes dans la paroi des cellules des mammifères, une équipe internationale, dirigée par l’Institut européen des membranes (IEM) de Montpellier, en France, a mis au point une micromembrane qui incorpore la caractéristique inouïe de cette protéine miracle: sa très grande porosité.

Les aquaporines (AQP) sont ni plus ni moins que des canaux à eau. Ainsi, lorsqu’une cellule est déshydratée, l’aquaporine assure le transport de l’H2O à une très grande vitesse: jusqu’à 109 molécules par seconde. Conscients des promesses dont recèle cette molécule en matière de désalinisation, cela faisait dix ans que les chercheurs français étudiaient cette protéine sous toutes ses facettes afin de s’en inspirer – démarche biomimétique oblige – pour créer, dans une membrane artificielle, des canaux à eaux assurant la même fonction que l’aquaporine. En vain: si l’eau coulait effectivement bien plus vite à travers la membrane, elle entraînait également avec elle beaucoup trop de sel.

Fin 2020, cependant, la fine équipe a réussi à créer une structure hybride unique, qui combine des canaux à eau artificiels et une matrice polyamide. Le résultat: une membrane biomimétique qui ressemble à une superstructure en forme d’éponge. Elle ne laisse passer que les molécules d’eau et le flux qui la traverse est trois fois supérieur à celui autorisé par les membranes actuelles. In fine, réalisée à une échelle industrielle, cette technique permettra d’économiser 12% de l’énergie aujourd’hui nécessaire au dessalement. Avec les techniques actuelles, chaque année, la désalinisation produit 21 milliards de mètres cubes d’eau potable et rejette 80 millions de tonnes de CO2, en raison de ses grands besoins en énergie. D’ici à quelques années, on peut l’espérer, l’eau potable issue des océans coulera de source. Et sera plus accessible à tous ceux qui en manquent aujourd’hui.

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