© iStok

Un tueur se cache parmi les plantes vertes

Muriel Lefevre

Découverte par les Égyptiens et utilisée par le KGB pour le fameux coup du parapluie bulgare, une plante d’appartement est au coeur d’une sombre histoire de meurtre en Flandre. Ou quand une plante verte se transforme en tueuse silencieuse. Ce n’est pas la seule plante mortelle qui nous entoure au quotidien, le point.

Un homme de 33 ans originaire de Flandre occidentale est soupçonné d’avoir tué sa femme. La police pense qu’il a utilisé pour se faire un moyen pour le moins désuet et insolite. Il l’aurait empoisonné avec de la ricine, une toxine extrêmement dangereuse qui se trouve dans les fèves du ricin, une plante principalement cultivée en Inde, en Chine et au Brésil. Cette molécule est naturellement synthétisée par une plante utilisée comme plante d’ornement. Bien que mortelle, elle est pourtant en vente chez les fleuristes et dans les jardineries spécialisées.

Un poison sans goût et sans odeur

Ce poison peut être administré par ingestion (cela n’a pas de goût), injection ou inhalation (de loin la façon la plus toxique). Une faible dose, quelques milligrammes, suffit à tuer. Elle est 6000 fois plus toxique que le cyanure et 12000 fois plus que le venin du crotale dit le Huffingtonpost. Elle peut entraîner une insuffisance hépatique et rénale et même la mort. La substance bloque en effet la production de protéines dans les cellules qui périssent rapidement. La mort est lente et douloureuse. Elle s’accompagne de vomissement, de crampes, de convulsions et de diarrhées parfois sanglantes. Mais aussi, dans certains cas, de troubles de la vision et d’altération de la conscience. Les premiers signes et symptômes d’une intoxication apparaissent généralement dans un délai de trois à six heures, bien qu’ils puissent être retardés de quelques jours. Au-delà d’une certaine dose, les effets sont irréversibles et il n’existe pas d’antidote.

L’huile de ricin

La fève, traitée, est parfois utilisée pour produire une huile qui sert de purgatif-laxatif. Elle est aussi employée par l’industrie comme lubrifiant pour moteur et dans des peintures ou des vernis. Dans l’Italie fasciste, elle était aussi utilisée comme instrument de torture, car elle provoquait de graves diarrhées, voire la mort.

La hantise des spécialistes du bioterrorisme, mais plutôt rare dans les affaires criminelles

La ricine est une des hantises des spécialistes du bioterrorisme tant c’est un poison banal, facile et peu couteux à produire tout en étant difficilement décelable et très toxique.

Ce poisson a notamment été utilisé dans des lettres empoisonnées destinées à des politiciens américains, dont Obama. Mais aussi lors d’une opération destinée à provoquer un climat de panique collective, en février 2004, dans la salle du courrier du Sénat au Capitole, à Washington où on a retrouvé de la ricine en poudre.

Un tueur se cache parmi les plantes vertes
© iStok

Le poison a aussi un temps été envisagé comme arme de guerre durant les deux guerres mondiales, mais ne pouvant être transformée en gaz, il ne sera pas jugé assez efficace.

Le cas le plus emblématique reste cependant celui du dissident, journaliste et écrivain bulgare Georgi Markov.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Il a été tué en 1978 par un parapluie dont la pointe avait été, au préalable, frottée avec de la ricine. Ce fait divers va rentrer dans l’histoire comme le coup du « parapluie bulgare » .

Georgi Markov
Georgi Markov© Wikipedia

Une arme discrète pour un meurtre presque parfait

Ce poisson est cependant à ce point désuet dans les affaires criminelles classiques – tout au plus on se rappelle-t-on d’un fait similaire, mais cela remonte au siècle dernier, précise De Standaard – que les toxicologues et les juristes ne la recherchent pas systématiquement. D’autant plus que l’ingestion de poison ne laisse aucune trace en externe. Sans indications ou soupçons clairs, on n’y pense donc pas forcément.

La médiatisation de cette affaire a donc un double effet, disent les spécialistes dans le Standaard. D’une part cela peut donner de mauvaises idées à certains, mais aussi pousser les enquêteurs et les toxicologues à y penser plus spontanément.

Un tueur se cache parmi les plantes vertes
© iStok

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire