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Pourquoi la mémoire nous fait défaut à certains moments de la journée

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

La capacité à se rappeler de quelque chose pourrait dépendre de certaines heures de la journée, selon une nouvelle étude.

Vous ne parvenez pas à vous souvenir du titre de la chanson qui passe à la radio, du nom d’un acteur ou d’un ingrédient indispensable à acheter lors des prochaines courses ? Repensez-y plus tard, et peut-être bien que vous vous en souviendrez. Cette phrase, vous l’avez certainement déjà entendue ou répétée à quelqu’un. Et vous n’aviez pas tort ! C’est en tous cas ce que confirme une nouvelle étude sur la biologie de l’oubli, publiée dans Nature Communications.

Des chercheurs de l’Université de Tokyo ont en effet identifié un gène chez les souris qui semble influencer la mémoire à différents moments de la journée. Il s’agirait, plus particulièrement, d’un « gène spécifique à la récupération de la mémoire » explique le professeur Satoshi Kida, l’un des responsables de la recherche.

L’oubli est généralement dû à deux facteurs : soit vous n’avez pas vraiment eu le temps d’apprendre et de retenir une information – comme le nom d’une personne que vous venez de rencontrer-, soit vous ne pouvez pas vous souvenir de l’endroit où l’information est stockée dans votre cerveau – comme le titre de la chanson qui vous échappe. Mais comment savoir quel est le facteur responsable de votre oubli?

Un apprentissage en deux temps

Les chercheurs ont testé la mémoire de jeunes souris adultes mâles et femelles. « Nous avons conçu un test qui peut différencier le fait de « ne pas apprendre » et de « savoir mais ne pas se souvenir »« , a déclaré Kida.

Ainsi, lors de la première phase – dite « d’apprentissage »- , les chercheurs ont permis aux souris d’analyser plusieurs nouveaux objets durant quelques minutes afin de se familiariser avec lui. Durant la seconde phase – dite de « rappel » -, les chercheurs leur ont à nouveau montré les mêmes objets et observé combien de temps elles prenaient pour interagir avec ceux-ci. À savoir que les souris passent moins de temps à toucher des objets qu’elles se souviennent avoir vu auparavant. Afin de tester leur mémoire, les chercheurs ont réintroduit le même objet à différents moments de la journée.

Résultats ? Les souris entraînées juste avant l’heure habituelle de réveil et ensuite testées juste après l’heure habituelle à laquelle elles s’endorment ont reconnu l’objet. Par contre, les souris entraînées au même moment mais testées 24 heures plus tard n’ont, quant à elles, pas reconnu l’objet.

Les chercheurs ont alors reproduit les mêmes expériences avec des souris saines ainsi qu’avec d’autres souris dépourvues de BMAL1*, une protéine qui régule l’expression de nombreux autres gènes. Elles ont toutes obtenu les mêmes résultats, mais les souris sans BMAL1 se sont montrées plus distraites lors de la phase « d’apprentissage ».

*Le gène BMAL1 oscille entre des niveaux faibles (juste avant le réveil) et des niveaux élevés (avant de s’endormir).

Le cycle circadien lié à la mémoire

Selon les chercheurs, la mémoire des souris dépend de l’heure de la journée. Elles auraient en effet une moins bonne mémoire juste avant l’heure habituelle du réveil, lorsque les niveaux de BMAL1 sont normalement au plus bas. La formation de la mémoire dépendrait donc de l’horloge interne du corps, qui régule les cycles sommeil-éveil (ou cycle circadien).

De plus, l’équipe a également pu faire des liens entre la BMAL1 et l’activation des récepteurs de la dopamine, le neurotransmetteur notamment responsable de la formation de souvenirs. «  Si nous pouvons identifier des moyens de stimuler la récupération de la mémoire par cette voie du BMAL1, alors nous pouvons penser à l’appliquer aux maladies humaines de déficit de la mémoire, comme la démence et la maladie d’Alzheimer« , a déclaré le professeur Satoshi Kida.

Encore faut-il pouvoir comprendre la fluctuation naturelle des capacités de rappel de la mémoire selon les heures de la journée. « Nous voulons vraiment savoir quel est l’avantage pour l’évolution d’avoir une mémoire naturellement déficiente à certains moments de la journée« , conclut le professeur.

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