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Le virus mutant du H5N1 fait trembler la communauté internationale

Après six mois de controverses, les découvertes de chercheurs sur la mutation du virus H5N1 ont finalement été publiées mercredi. Ce nouveau virus, aussi contagieux que la grippe, serait largement plus mortel.

C’est une découverte qui fait trembler les autorités sanitaires et de sécurité. Ce mercredi a été publié dans la revue scientifique Nature un article portant sur la création d’un virus mutant du H5N1. Des chercheurs américains sont en effet parvenus à faire muter la souche, élargissant ainsi son mode de transmission. La grippe aviaire serait désormais capable de se transmettre facilement entre mammifères et êtres humains.

Une découverte qui fait craindre aux autorités des risques de pandémie voire d’utilisation à des fins bio-terroristes. Car le taux de mortalité de ce virus est de 60% et il se transmet aussi facilement que la grippe saisonnière. « Je ne connais aucun organisme qui fasse aussi peur que celui-là » a déclaré Paul Keim, président de l’agence de biosécurité américaine (NSABB) au moment de l’annonce de cette découverte.

Un virus hybride du H5N1 et du H1N1

Pourtant, à l’origine le but de ces recherches, financées par les Instituts nationaux américains de la santé, est plus que louable. Il s’agissait de comprendre si le virus H5N1 – qui a causé environ 350 décès depuis 2003 – pouvait muter en une version capable de se transmettre facilement par voie aérienne entre humains, en vue de la préparation d’un vaccin. A l’heure actuelle, il touche principalement les oiseaux sauvages et les animaux d’élevages.
Pour en arriver là, les scientifiques néerlandais ont mené une expérience sur des furets, modèle animal dont le système respiratoire est le plus proche de l’homme. Les chercheurs ont d’abord travaillé sur un gène clé du H5N1 pour y ajouter une mutation afin de le rendre plus compatible avec les cellules du système respiratoire humain. Les chercheurs ont ensuite utilisé le virus de la grippe porcine H1N1 – qui avait causé une pandémie en 2009 – pour créer un « hybride H5/H1 ». Ils ont enfin constaté que ce nouveau virus pouvait dorénavant se transmettre par voie aérienne de furet à furet. Seule nouvelle rassurante: aucun des animaux infectés n’est mort.

Controverse autour de la publication

Lors de l’annonce de la découverte, l’agence de biosécurité avait recommandé de ne pas publier les résultats de cette découverte, craignant de mauvaises utilisations. Cette nouvelle avait provoqué un véritable tollé dans la communauté scientifique, criant non seulement à la censure mais parlant également d’entrave au progrès scientifique. « Ne pas publier cette information ralentirait ou même bloquerait le développement de vaccins contre un virus qui a encore la capacité à muter naturellement vers une forme pandémique », indique un rapport d’une agence de bio-sécurité « non-américaine ».

L’agence américaine s’est finalement ravisée en mars, estimant que « les données (…) ne semblent pas fournir d’informations qui permettraient une utilisation nuisible (…) au point de mettre en danger la santé publique ni la sécurité nationale ». La revue scientifique a indiqué ne pas avoir remanié l’article. Une nouvelle étude sur le même sujet, menée cette fois-ci aux Pays-Bas, devrait également être publiées dans une revue scientifique.

Caroline Politi

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