© EPA

Le Vatican a-t-il raison de critiquer le choix du Nobel de médecine?

Un prélat chargé des questions éthiques et de défense de la vie s’en prend au choix de Robert Edwards, le « père » de la fécondation in vitro. Selon vous, cette critique est-elle bienvenue?

Contexte

L’Académie pontificale pour la vie a notamment pour mission d’étudier les principaux problèmes biomédicaux et juridiques relatifs à la promotion et à la défense de la vie. Le Vatican accepte depuis fin 2008 la fécondation assistée, mais considère comme « moralement illégale » la fécondation in vitro en raison du « sacrifice d’un nombre très élevé d’embryons ».

Le président de l’Académie pontificale pour la vie, qui s’occupe pour le Vatican des questions éthiques et de défense de la vie, a critiqué lundi le choix de Robert Edwards, le « père » de la fécondation in vitro, pour le Prix Nobel de médecine 2010. Mais il est, depuis, revenu en partie sur ses propos.

« Sans Edwards, la procréation assistée ne serait pas dans l’état de confusion dans lequel elle se trouve »


« Sans Edwards, il n’y aurait pas un marché où sont vendus des millions d’ovocytes » explique-t-il dans un premier temps. « Il n’y aurait pas dans le monde un grand nombre de congélateurs remplis d’embryons », a déclaré à l’agence Ansa Mgr Ignacio Carrasco de Paula. « Dans le meilleur des cas, ceux-ci attendent d’être transférés dans des utérus mais plus probablement ils finiront par être abandonnés ou par mourir ». « C’est un problème dont est responsable le nouveau Prix Nobel », estime-t-il. Le président de l’Académie pontificale a aussi déclaré à l’agence italienne que « sans Edwards la procréation assistée ne serait pas dans l’état de confusion dans lequel elle se trouve, avec des situations incompréhensibles d’enfants nés de grand-mères et de mères porteuses ».

En son nom personnel

Une déclaration écrite plus nuancée de Mgr Carrasco a ensuite été diffusée dans laquelle il reprend certains passages de ses déclarations à l’Ansa – mais pas tous, en particulier celui où il rend Edwards responsable de la mort de millions d’embryons. Mgr Carrasco a en outre souligné s’être exprimé à titre personnel, pas au nom du Vatican, et en réponse aux sollicitations des médias.
Dans cette déclaration, il juge le choix de Robert Edwards comme Prix Nobel « pas complètement hors de propos » en reconnaissant qu’il « a inauguré un nouveau chapitre important dans le domaine de la reproduction humaine dont les meilleurs résultats sont visibles de tous en commençant par Louise Brown, le premier bébé éprouvette qui est aujourd’hui maman de manière tout à fait naturelle ».

« Il a ouvert la mauvaise porte »

Cependant, pour le président de l’Académie, « les motifs de perplexité sont nombreux ». « Je dirais qu’il a ouvert la mauvaise porte en misant tout sur la fécondation in vitro consentant implicitement le recours à des dons et à des achats-ventes qui concernent des êtres humains », a-t-il ajouté.

Selon le prélat, « Edwards n’a pas résolu le problème grave de l’infertilité ni du point de vue pathologique ni du point de vue épidémiologique ». « Il faut attendre que la recherche aboutisse à une autre solution qui soit en outre moins coûteuse », a-t-il poursuivi.

Et vous, que pensez-vous des déclarations de ce prélat?
Sans rentrer dans le fond de la question de la FIV, les critiques de Mgr Ignacio Carrasco de Paula peuvent-elles nuire à l’image de l’Eglise? Ou, au contraire, les jugez-vous cohérentes avec la ligne de pensée du Vatican?

Le Vif.be, avec L’Express.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire