© iStock

Le langage du web : de nouveaux mots, de nouveaux usages, de nouvelles règles

Stagiaire Le Vif

Perte pour les uns et richesse pour les autres, le langage d’internet est source de nombreux débats. Quelle que soit la position de chacun, il reste un fait inébranlable : le langage, qu’importe la langue, tente de mettre du corps à l’écrit quand il passe par le web.

La linguiste Gretchen McCulloch a publié en juin dernier Because Internet : Understanding the New Rules of Language où elle explique que le langage s’est enrichi grâce au web depuis ces vingt dernières années. Internet a en effet permis la création de nouveaux mots ou d’images qui permettent de transmettre autrement l’information.

On note surtout un tout autre usage de la grammaire. Plutôt que de s’en offusquer, la linguiste préfère y voir une forme de liberté qu’on ne peut retrouver dans un milieu plus académique. Ainsi, notons l’emploi du point d’exclamation. Alors réservé à un usage exceptionnel dans les écrits « classiques », il est aujourd’hui démesurément employé sur Twitter ou Facebook. Le point à la fin d’une phrase devient aussi de plus en plus banni. Celui qui l’emploie sera vu comme irrité. De plus, la plupart des internautes préfèrent désormais découper leurs propos en différents messages plutôt que de faire des phrases séparées par des points.

Les termes tels que « LOL » ou « MDR » ont multiplié leurs usages avec le temps. Initialement prévus pour désigner une situation drôle, ils ont aujourd’hui différentes connotations : ils peuvent euphémiser un reproche ou souligner l’ironie. De même pour l’emploi des majuscules. Habituellement, un mot écrit en majuscule désigne l’expression de la joie, de la colère ou de la surprise. Désormais, il peut également signaler un cynisme tranchant (« J’ai encore perdu mes clés. SUPER »).

Les emoji se sont particulièrement développés ces dernières années. Il est devenu rare d’envoyer un message sur internet sans retrouver un smiley au bout de celui-ci. Ces petits bonshommes ont largement dépassé le stade de « sourire » pour représenter aujourd’hui toute sorte de choses, dont chacune possède sa propre signification. Un singe viendra dédramatiser une situation alors que les emoji « fruits » ont presque tous une connotation sexuelle.

Enfin, les internautes utilisent de plus en plus les « mèmes » et autres « GIF ». Les premiers prennent souvent la forme d’une image humoristique légendée. L’image du célèbre Grumpy Cat a notamment été déclinée à de nombreuses reprises ces dernières années. Les seconds sont des images animées. Elles peuvent être issues de films, de séries, de dessins animés … Ce genre d’images est également utilisé pour communiquer, souvent pour transmettre un état d’esprit.

« Grumpy Cat » est décédée en mai dernier© iStock

Bien que Gretchen McCulloch souligne la part de liberté qu’implique le langage internet, ce n’est pas pour autant qu’il est dénué de codes. Il est d’ailleurs difficile d’interpréter ce qui est dit quand on ne maîtrise pas ces codes. Le vocabulaire d’internet est impénétrable pour celui qui n’y connaît rien. C’est un langage plutôt discriminant puisqu’il ne s’apprend pas sur les bancs de l’école contrairement au langage formel.

Loreline Dubuisson

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire