Didier Queloz

Le jour où un astronome bizarre est devenu nobélisable

Le Vif

Il y a un quart de siècle, Didier Queloz, jeune astronome, parcourait le ciel à l’aide d’instruments faits maison et doutait de ce qu’il voyait: la première planète débusquée hors du système solaire.

Le scientifique suisse avait consacré une grande partie de ses recherches de doctorat à affiner les techniques de détection des exoplanètes qui, jusqu’à cette fameuse nuit d’octobre 1995, n’était que science-fiction.

Mais avant de recevoir le prix Nobel de physique avec Michel Mayor, les deux astronomes ont dû surmonter quelques obstacles… dont la nécessité de construire leur propre instrument et de tenter de comprendre ce qu’ils avaient sous les yeux. « Après quelques semaines d’observation, Michel Mayor a demandé à Didier Queloz d’aller vérifier la qualité des données pour s’assurer que l’instrument était stable et là… il voit, comme le nez au milieu de la figure, la signature d’une planète géante », raconte Vincent Coude du Foresto, astronome à l’Observatoire de Paris. « Comme tout le monde, nous avons été surpris: la planète que nous avons trouvée était étrange, pas du tout ce à quoi on pouvait s’attendre », a expliqué mardi Didier Queloz à l’AFP. Elle était notamment trop près de son étoile pour une planète gazeuse géante.

« Je me souviens des nombreuses discussions avec Michel, où nous essayions de trouver une autre explication, mais à la fin, nous revenions toujours au même point: c’était bien une planète », ajoute l’astronome.

Sara Seager du MIT (Massachusetts Institute of Technology), aux Etats-unis, qui était à Harvard lorsque Michel Mayor et Didier Queloz ont annoncé leur découverte, se souvient d’une « énorme controverse ».

« Personne n’aime que ses modèles soient bouleversés, nous voulions juste continuer à croire tout ce qu’on nous avait appris à l’école, que les planètes de la taille de Jupiter se forment toujours loin de leur étoile, a-t-elle ajouté.

Didier Queloz explique que leur découverte avait mis du temps à être reconnue car jusqu’à cette date mémorable, la recherche d’exoplanète était un « truc de +zarbi+ ». « Il y avait des gens qui en discutaient en marge de réunions, mais jamais ouvertement… C’était tellement bizarre », ajoute-t-il. « Leur découverte a été annoncé dans un colloque, il y a presque 24 ans jour pour jour. Normalement, les temps d’intervention sont très limités, mais à Michel Mayor, les organisateurs avaient dit « prenez tout le temps que vous voulez » ! », se souvient Vincent Coude du Foresto.

Vingt-quatre ans plus tard, plus de 4.000 exoplanètes ont été débusquées.

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