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La résistance aux antibiotiques pourrait faire perdre 30 ans de progrès médical

Stagiaire Le Vif

Les microbes continuent d’être de plus en plus résistants aux antibiotiques. Si cette situation persiste, nous entrerons bientôt dans l’ère « post-antibiotique », soit un retour de 30 ans en arrière du point de vue des soins de santé, selon Patrice Courvalin de l’Institut Pasteur

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) constate une croissance constante de la résistance des microbes aux antibiotiques. Cette persistance inquiète les autorités sanitaires de par le monde qui multiplient les mises en garde et les plans d’action.

Le signal d’alarme provient des États-Unis où l’organisme fédéral de la santé (CDC) a déclaré que la résistance aux médicaments fait chaque année en moyenne 23 000 morts. Au Royaume-Uni, la conseillère du gouvernement pour la santé, Sally Davies, qualifie cette résistance de « menace globale » comparable au terrorisme ou au réchauffement climatique.

Le phénomène est bien connu, par un processus de sélection naturelle, des souches mutantes de bactéries se développent et deviennent « insensibles » au médicament. Cette résistance accrue rend les infections provoquées plus longues à traiter avec pour conséquences néfastes un danger de transmission plus important, un surcoût et surtout un risque de décès supérieur.

L’usage inapproprié des antimicrobiens expliquerait cette situation, selon l’OMS. Pourtant, les chiffres d’une expertise de l’Afssaps révèlent que les habitudes de prise inutile d’antibiotiques pour les maladies virales s’estompent en France. Hélas, encore 20 % des médicaments qui « dorment » dans les armoires à pharmacie seraient des antibiotiques.

« Le problème n’est pas seulement de ne plus pouvoir traiter une maladie, mais de devoir, un jour, tirer un trait sur 20 à 30 ans de progrès médical », met en garde le professeur Patrice Courvalin.

Dans le but de stimuler la recherche dans le domaine, la Commission européenne a lancé en 2011 un plan « anti-résistance ». La technique de la « phagothérapie », fondée sur l’utilisation de virus pour tuer de manière ciblée des bactéries, pourrait être la solution. Bruxelles a financé en 2013 un premier projet, baptisé « Phagoburn », pour tester deux produits à base de « virus bactériophages » contre des bactéries résistantes s’attaquant aux plaies de grands brûlés.

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