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« La batterie qui respire », un soutien de poids à la production d’énergie renouvelable

Rosanne Mathot
Rosanne Mathot Journaliste

Elle est née par hasard, cette singulière batterie écoamicale. Développée par le MIT (Institut de technologie du Massachusetts), elle engrange proprement et efficacement de l’énergie sur le long terme à un tout petit prix.

Pour seulement 20 dollars le kWh, elle fournit une électricité cinq fois moins chère que les systèmes d’énergie renouvelables actuels (éoliennes et panneaux solaires), avec zéro émission nocive. Sa densité d’énergie est énorme : entre 30 et 145 Wh/l, selon ses inventeurs. C’est 500 fois plus que les systèmes actuels.

Cet accumulateur est non seulement compact mais il serait, en plus, très facile à fabriquer. Bref, une sacrée évolution qui a de quoi chambouler le monde des énergies propres, pimpant au bio notre smartphone ou notre voiture électrique. Mais comment ça marche ?  » Cette batterie inhale et rejette littéralement de l’air. Cependant, elle ne rejette pas de dioxyde de carbone comme le font les êtres humains « , explique le professeur Yet-Ming Chiang, du MIT.  » Elle rejette de l’oxygène !  » Concrètement, c’est lors de  » l’expiration  » que la batterie se charge en électricité. Comme toutes les piles, elle a un  » pôle –  » (anode) et un  » pôle +  » (cathode). Quand elle  » expire  » de l’oxygène, elle produit son énergie. Lorsqu’elle inspire de l’oxygène, c’est la  » décharge  » : la cathode produit des ions hydrogène, repoussant les électrons vers l’anode. L’anode est, elle aussi, liquide : il s’agit de soufre dissous dans de l’eau. Le soufre est un élément peu coûteux, très abondant et sa densité d’énergie est intéressante.

Les 180 chercheurs du MIT impliqués dans ce projet ont attaqué leur travail, en 2012, en se basant sur le concept connu de la  » batterie à flux « , dans laquelle des électrolytes (des substances conductrices, contenant des ions) transitent à travers des anodes et cathodes liquides. Au départ, pour leur cathode, ils avaient misé sur le permanganate de potassium, une substance au nom compliqué, mais qu’on connaît tous, puisque c’est elle qu’on utilise, notamment, pour éliminer des traces noires laissées par les moisissures entre les carreaux de notre salle de bains. Pourquoi ce choix ? Parce que cette substance permet une bonne décharge. Une décharge, a priori… irréversible : impossible de recharger la batterie, une fois qu’elle est vide. Mais, à la surprise générale, la batterie s’est pourtant rechargée ! Comment est-ce possible ? Via une réaction chimique totalement inattendue, au niveau de la cathode fonctionnant au contact de l’air libre. La batterie qui respire était née. Aujourd’hui, le prototype n’est pas plus grand qu’une tasse à café, mais le MIT entend bien développer rapidement son concept au niveau industriel.

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