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L’astéroïde ‘Oumuamua, un OVNI ? À Harvard, on pense que oui

Stagiaire Le Vif

L’étrange aérolithe en forme de cigare, qui s’est invité l’automne dernier dans notre système solaire, était-il envoyé par les petits hommes verts ? Si la question fait sourire, les experts n’en restent pas moins perplexes.

‘Oumuamua avait fait parler de lui il y a tout juste un an. De mémoire d’astrophysicien, cet astéroïde dont le nom signifie « messager » en hawaïen, était le premier objet extrastellaire à entrer dans notre système solaire. Il aurait voyagé seul à travers la Voie lactée pendant des centaines de millions d’années, avant de passer à tout juste 200 millions de kilomètres de la Terre, le 20 novembre 2017. Et de repartir comme il était venu. Plusieurs choses ont intrigué les spécialistes, à commencer par sa forme. ‘Oumuamua est beaucoup plus long que large, avec des dimensions semblables à celles d’un gratte-ciel. Un aspect très inhabituel comparé aux quelque 750 000 astéroïdes nés et observés jusqu’alors dans notre système. Autre point surprenant : sa vitesse. ‘Oumuamua se déplace beaucoup plus vite qu’il ne le devrait, au regard de son imposante taille et de nos lois de la gravité.

Un astéroïde, une comète ou… autre chose ?

Comment expliquer cette rapidité ? La théorie pour l’instant admise est qu »Oumuamua n’est pas un simple astéroïde dépourvu d’activité, mais une comète. Problème, l’objet ne laisse aucune traînée de poussière ou de glace dans son sillage, une des caractéristiques principales des météorites. Les chercheurs expliquent cette incohérence par l’hypothèse suivante : le coeur glacé d »Oumuamua serait enveloppé de matériaux desséchés, empêchant le dégazage. Mais Shmuel Bialy et Abraham Loeb, co-titulaires de la chaire d’astronomie de Harvard, ne se satisfont pas de cette pirouette qui selon eux, n’explique finalement pas l’accélération de l’objet. Dans un article à paraître dans la revue The Astrophysical Journal Letters lundi prochain, mais dont le résumé est déjà visible en ligne, ils exposent d’autres hypothèses beaucoup plus… osées.

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« Nous explorons la possibilité que l’accélération excessive résulte de la pression du rayonnement solaire. Nous discutons des origines possibles d’un tel objet, y compris la possibilité qu’il s’agisse d’une voile lumineuse d’origine artificielle. » La petite phrase a provoqué le tollé parmi les scientifiques, très critiques vis-à-vis de cet article qui n’a même pas encore été publié, donc validé par les pairs. Pourtant, les calculs des deux spécialistes sont apparemment corrects et semblables à ceux d’autres scientifiques. Pour Lucie Maquet, astronome à l’Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides contactée par Le Monde, la composition chimique encore inconnue de l’objet pourrait être la clef. Selon elle, ‘Oumuamua a pu dégazer autre chose que de la glace, ce qui expliquerait pourquoi aucune traînée n’a été détectée. Ou alors, la faute aux petits hommes verts ? Les paris sont lancés.

Juliette Chable

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