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Il faut 98 personnes pour coloniser une planète

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Deux chercheurs en mathématiques ont calculé le nombre de personnes qu’il faudrait embarquer à bord d’un vaisseau spatial pour assurer la survie de l’espèce humaine jusqu’à la planète Proxima Centauri B.

Vous n’avez jamais entendu parler de Proxima Centauri B? Il s’agit de l’exoplanète potentiellement habitable la plus proche de la Terre connue à ce jour. Elle est située à 4,22 années-lumière de nous, soit 4 x 1013 kilomètres. C’est une distance vraiment gigantesque à parcourir. Avec une navette de type Appollo 11, il faudrait 114.000 ans pour relier les deux planètes. Mais avec d’autres technologies, plus rapides, il serait possible de réduire ce temps de parcours à 6.300 ans, selon les chercheurs. Le vaisseau voyagerait alors à du 200km/seconde. Cela devrait donc durer plusieurs générations pour les passagers à bord.

Les chercheurs de l’Observatoire astronomique de Strasbourg ont voulu calculer combien de personnes il faudrait au minimum envoyer en mission vers Proxima Centauri b. pour assurer la pérennisation de notre espèce. Leurs résultats ont été publiés sur la plateforme scientifique arXiv.

Frédéric Marin et Camille Beluffi ont ainsi calculé qu’il serait nécessaire d’embarquer seulement 98 personnes. Pour arriver à ce résultat, ils ont pris en compte une série de paramètres tels que le nombre de femmes et d’hommes, leur âge, leur espérance de vie, le risque de consanguinité, le taux de fertilité, etc. Les scénarios les plus noirs auraient également été pris en compte, comme le cas d’une épidémie de peste à bord du vaisseau ou une destruction partielle de celui-ci.

Les chercheurs sont arrivés au nombre de 98 passagers, 49 hommes et 49 femmes en tenant compte des risques d’accident aléatoires pour assurer la survie lors d’un voyage interstellaire.

Quel impact psychologique ?

Un tel voyage aura forcément un impact sur ses passagers. Surtout pour ceux qui ne servent qu’à procréer sur le vaisseau afin que la colonie parvienne à bon port. Mais les paramètres psychologiques d’un tel voyage n’ont pas pu être pris en compte par les mathématiciens.

Les résultats restent donc très théoriques. En effet, les problèmes d’approvisionnement en nourriture et en eau n’ont pas non plus été pris en compte, ni le rôle que chacun pourrait tenir au sein de la station.

« Il y a bien sûr d’autres questions inhérentes à un tel voyage : quel serait le régime politique à bord du vaisseau ? Dans quel état d’esprit se trouveraient les générations intermédiaires, dont le seul but serait de se reproduire pour assurer le succès de la mission ? Pour le moment, les implications psychologiques et sociologiques ne sont pas mathématisables « , explique ainsi Frédéric Marin au site L’Édition du soir d’Ouest France.

Une autre étude publiée dans Acta Astronautica, en 2014, était d’ailleurs parvenue à un nombre bien différent : 40.000 seraient nécessaires pour assurer la survie d’une colonie.

De plus, atteindre Proxima Centauri B ne serait pas-être même pas suffisant puisque les scientifiques ne sont pas certains que la planète est effectivement habitable. Il se pourrait très bien que, soumise à des radiations importantes, son atmosphère et ses océans se soient évaporés et que sa surface soit entièrement stérilisée…

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